samedi 26 octobre 2019

La Paloma - Helmut Käutner 1944 VOSTFR





    Synopsis :  Ancien marin, Hannes Kröner chante tous les soirs dans un cabaret de Hambourg, situé dans la rue Grosse Freiheit. Un soir, son frère, mourant, lui fait part d'une mission un peu particulière....


    En 1943, l'industrie du cinéma allemand dut s'adapter aux ravages de la guerre aérienne et des bombardements alliés.Tourné en partie à Hambourg la même année, Große Freiheit N°7, réalisé par Helmut käutner, subit de plein fouet les tumultes et les vicissitudes de la guerre. Le tournage débute en mars 43, dans les studios de la Ufa à Neubabelsberg, puis à Berlin-Tempelhof, que les bombes détruisent entièrement pendant l'été. L'équipe est alors délocalisée à Prague, dans les studios Barrandov. Mais les extérieurs, eux, sont tournés à Hambourg, en automne 43. Autant dire que, après les raids aériens des Alliés, filmer le port de Hambourg, sans rien laisser paraître du désastre, relève de la gageure. C’est le fruit d'un authentique exploit. Car Hambourg est dévastée, détruite, laminée.1 million de sans-abri, 45 000 morts. Mais par quel miracle, Helmut Käutner réussit à capter ces images d’un Hambourg paradisiaque et poétique, alors que le plus grand port d'Europe est encore en été 43, sous l'emprise d'une véritable tempête de feu... ? 
    Ces quelques images furtives qu'il réussit à glaner, ne laissent rien filtrer de la tragédie qui s’est abattue sur la ville... Elles semblent baignées dans une atmosphère irréelle et soyeuse, et les couleurs, magnifiées par l’Agfacolor, ont une tonalité incroyablement chaude. Dieu que la guerre semble loin, Käutner nous emmène dans un rêve éveillé, aux confins d'un imaginaire dont il a le secret.
    À l'origine du projet, c'est Goebbels qui fournit à la Terra, filiale de la UFA, l’idée centrale autour de laquelle il envisage et conçoit le film, à savoir une comédie sentimentale et musicale, fondée sur des airs de chansons allemandes populaires. Et c'est vrai que le film de Käutner a, parfois, des petits airs de comédies musicales américaines. Légèreté et festivité sont au menu. Hans Albers, lui-même natif de Hambourg, est monumental. Ilse Werner est une femme résolument moderne, et choisit elle-même son destin. Dans les scènes de nu, elle est d'un naturel désarmant. 
    Le film déplut fortement au Ministre de la Propagande, qui le jugea immoral, et dégradant pour l'image de la femme et l'honneur de la marine allemande. Que ces matelots puissent se livrer sans vergogne, à des prostituées, et s'adonner à des beuveries permanentes, voilà qui ne plaisait manifestement pas au patron du cinéma allemand... Il exigea plusieurs coupes, mais le film n'obtint finalement pas l'autorisation du bureau de Censure, alors qu'il devait, pour sa "première solennelle" être projeté à Hambourg. Il fut interdit d'exploitation, du moins en Allemagne, mais autorisé à l'étranger. Il a bien fallu amortir le coût du film, qui s'élevait à plusieurs millions de marks, le seul salaire de Hans Albers engloutissant près de 400 000 Marks...
    La première eut donc lieu à Prague, en décembre 44, et le film ne fut diffusé en Allemagne, qu'en 1945, après la chute du régime.
    PS : La copie est splendide, entièrement restaurée en 4K, et quelles couleurs ! Le film sera diffusé en France, sous le titre  La Paloma .
    Comme souvent, Helmut Käutner fait une apparition remarquée, en tant qu'acteur, (au début du film) dans le personnage un brin fantasque de Karl

    Bonus :

    - Extrait de Une histoire du cinéma allemand : la UFA, de Klaus Kreimeier  ( PDF- 7p)  Mille excuses pour la qualité du scan, je me suis essayé au scan portable, et ça ne m'a franchement pas réussi... Donc ça sera la dernière... Outre quelques pages sur le film de Käutner, vous trouverez de précieuses informations sur un autre film célèbre, Kolberg de Veit Harlan.
    - Histoire du cinéma nazi de Francis Courtade et Pierre Cadars (jpeg)

    Kermite.

    HDTV (1040x1080) VOSTFR+VF

    Liens : 

    https://1fichier.com/?1kw2oxiaf5nwv4vj9v6p
    ou 
    https://uptobox.com/sz6z1kx652oq







vendredi 18 octobre 2019

Daïnah la métisse - Jean Grémillon 1931





Contrairement à ce que j’ai pu lire çà et là, Daïnah la Métisse n'est pas un moyen métrage, mais un film insolemment mutilé à sa sortie par ses producteurs. Un véritable massacre qui explique un peu mieux pourquoi le film apparaît bancal. Il manque des scènes. Et pas des petits bouts de scènes. Le critique et historien, Philippe Roger, émet l'hypothèse que tout le début a été entièrement coupé, soit grosso modo, une quarantaine de minutes passées à la trappe. C'est Léon Mathot qui a eu la charge d'opérer les coupes. Finalement, il ne restera que 1500 mètres sur les 2200 mètres initiaux. Et pour cette raison, Jean Grémillon refusa de le signer. Il n'est d'ailleurs pas crédité au générique.
Malheureusement, la version originelle du film ne pourra jamais être reconstituée, la pellicule coupée ayant été définitivement détruite.
Le film s'inscrit dans une époque charnière du cinéma. Nous sommes en 1931, c'est-à-dire, au début du film parlant, et ce que voulaient surtout les producteurs, c'était un film léger, une sorte de comédie chantante, une façon pour eux d'exploiter le filon commercial du film parlant. Mais le traitement sonore, très avant-gardiste, qu'en a fait Jean Grémillon a dû les laisser perplexes… Car à une période où les cinéastes s'accordent pour donner la prééminence à la parole, Grémillon, lui, la refuse, en estimant que les bruits, les sons, les chants, la matière sonore dans son acception la plus large, ont plus d’importance que le parlé en lui-même ! Cette vision audacieuse et personnelle du cinéma a pour but ultime de faire émerger la magie du son. Elle a été possible parce que Grémillon a été toute sa vie, musicien dans l'âme. Élève de Vincent d'Indy, il suit une formation musicale à la Schola Cantorum. C'est d'ailleurs en tant que violoniste qu'il fait ses débuts artistiques, au Max-Linder, l'une des salles de cinéma les plus prestigieuses. Il jouait dans une petite formation orchestrale qui accompagnait les films muets.
Composant parfois lui-même ses musiques de films, Grémillon considère justement le septième Art dans une optique intrinsèquement, essentiellement, musicale. L'ensemble de son œuvre est marqué par sa sensibilité et son expérience de musicien. Mais son approche esthétique, profondément personnelle et originale, reste souvent incomprise par ses pairs. Traditionnellement, la musique sert, le plus souvent, à accompagner les images, à magnifier une scène, ou à pallier son manque d’émotion. Chez Grémillon, ce sont les images, au contraire, qui doivent suivre les modulations du rythme musical, et servent d’illustrations aux thèmes musicaux. 
Comme l'écrit Pierre Billard dans la biographie qu’il consacre à Jean Grémillon : (1)
«Son rêve informel,[à Grémillon] c'est que l'image elle-même devienne musique. Tous ses films personnels porteront la trace de cette “composition musicale».
Adapter l'image à la musique, plutôt que la musique à l’image, voilà formulées, les prémisses d’une philosophie, d'un esthétisme, auquel Jean Grémillon restera attaché toute sa vie.
Daïnah la métisse offre une impressionnante palette sonore. Le film s'ouvre et se termine sur le même air lyrique, alors que le bruit et le cliquetis des machines rythment la croisière par vagues successives. Mais c'est une atmosphère très jazz, (jazz des années 30 évidemment) qui baigne et imprègne constamment le film.
La mise en scène est austère, mais il y a des fulgurances formelles qui révèlent une conception très géométrique de l'espace, avec une architecture quadrillée, des lignes qui dessinent d'étranges arabesques, et des plans verticaux qui dénotent un sens aigu de la profondeur et de la verticalité.
Une autre qualité de ce film maudit, et pas des moindres : la qualité des interprètes.
Charles Vanel tient magistralement le haut du pavé (la scène de l'interrogatoire est sublime). Et Daïnah la Métisse est littéralement portée par une Laurence Clavius lumineuse et sensuelle, qui tient ici son premier et unique rôle au cinéma. Il y a cette extraordinaire scène de bal masqué, avec cette danse qui reste, à mon sens, le moment le plus fort du film. Une danse en guise d'orgasme, comme une offrande dionysiaque à la nature, où Daïnah, sur des riffs de jazz endiablés, s'offre aux regards, aux éléments, à la vie.
Habib Benglia impose un style d'une élégance sobre. Si l'acteur a bien eu, à son actif, une quarantaine de films, on ne lui a donné en revanche que des rôles secondaires (excepté Daïnah) et le fait qu'il n'y fasse que des apparitions furtives, n'enlève rien à l'exceptionnelle longévité de sa carrière. Ses rôles sont largement inspirés d'un cinéma exotique dans lequel tous les poncifs de la mythologie et de la pensée colonialistes ont manifestement trouvé un point d'ancrage.
En 1930, par exemple, peu avant le tournage de Daïnah la métisse, il joue dans la Femme et le rossignol, d’André Hugon. Il y tient le rôle d’un chef de tribu. Tourné en Côte-d'Ivoire, ce film est l'exemple type des films coloniaux tournés en Afrique, destinés à satisfaire la curiosité du public européen, avide d'exotisme et de dépaysement.
Originaire du Soudan, et né à Oran, Habib Benglia arrive en France juste avant la Première Guerre mondiale. Autodidacte chevronné, il réussit à parfaire sa formation de comédien dans les arts du music-hall et le théâtre de boulevard. Il fut tour à tour amuseur, danseur, auteur, et s'est bâti sur les planches une véritable carrière de tragédien. Surnommé aussi le “tragédien noir”, marque reconnaissable de son indéniable réussite sur la scène théâtrale, il semble bien avoir été le premier acteur noir en France, à s'imposer dans des rôles classiques au théâtre, le premier, tout du moins, à accéder à la célébrité, dans l'entre-deux-guerres.



Dans une France colonialiste profondément engoncée dans ses préjugés raciaux, il faut saluer l'audace et le courage de Jean Grémillon d'avoir porté Habib Benglia et Laurence Clavius sur les devants de la scène, et de leur avoir accordé les premiers rôles du film. Mettre un noir et une métisse en tête d'affiche, voilà qui ne manquait pas de piquant en 1931…. D'autant plus étonnant, que le film prend le revers de l’imagerie coloniale, et que, fait rarissime, le noir tient, pour une fois, le beau rôle. Habib Benglia, qu'on voit souvent plongé en pleine lecture, est un intellectuel raffiné, un écrivain épris d'un calme  étonnant, et forme avec sa femme, Daïnah, un couple exotique de bourgeois, sur lequel ne manqueront pas de se poser l'attention et la curiosité des passagers. 
Charles Vanel, un mécanicien rustre, confiné dans la salle des machines, cède facilement à la sauvagerie de ses pulsions. Mais les nuances qu'il apporte à son personnage le rendent presque attachant. 
Au final, si le film peut dérouter par sa structure et ses ellipses redondantes, il constitue néanmoins un parfait échantillon des ambitions artistiques que Jean Grémillon a très tôt placées dans le cinéma, et réussi à dessiner les contours d'une singularité qui ne fera que s'affermir par la suite.




Cette édition vaut aussi pour la qualité exceptionnelle de ses bonus : en premier lieu, vous trouverez un documentaire fascinant, Jean Grémillon et le réalisme magique. Philippe Roger, Geneviève Sellier, Giusy Pisano et Yann Calvet vont, chacun à leur manière, parler de ce cinéaste passionnant, malheureusement resté à la marge du cinéma français. Si vous ne connaissez pas Jean Grémillon, c'est une excellente entrée en matière. Il faut voir comment Philippe Roger réussit, à partir d'une simple affiche de film, (celle de Daïnah la métisse), à dévoiler l'univers esthétique et philosophique de Jean Grémillon,  j'en ai eu le souffle coupé !
Vous retrouverez Philippe Roger dans le second bonus. Toujours aussi pertinents, ses précieux commentaires apportent à la compréhension du film un éclairage indispensable.


Bonus Blu-ray :


- Jean Grémillon et le réalisme magique (HD-56mn-MKV)
- Séquences commentées (HD-19mn-MKV)
- Intermède musical ( HD-2mn-MKV)


Bonus personnels :


- Premier plan (revue mars 1960) : Grémillon par Pierre Kast. (PDF-25p)


- Anthologie du cinéma : Grémillon par Pierre Billard. J'ai pour Pierre Billard une grande admiration, et la petite biographie qu'il a écrite sur Jean Grémillon, donne à travers une brillante analyse de ses chefs-d'œuvre, la mesure de son talent.   (PDF-22p)



- Les Cahiers du Cinéma  :  injustement passée sous silence par les Cahiers du Cinéma pendant des décennies, l'œuvre de Jean Grémillon est enfin reconnue à sa juste valeur, et passée au crible dans une série d'articles parus en octobre 2013. Ils jettent une lumière éclatante sur l'univers poétique et musical du cinéaste, mais n'expliquent pas comment celui qui avait toutes les cartes en main, pour devenir le chef de file du Cinéma français d'après-guerre, (après avoir réalisé coup sur coup trois chefs-d'œuvre entre 1939 et 1944) a été frappé du sceau de la malédiction, en raison d'une série de projets malheureusement avortés, et termina sa vie dans l'oubli. Un destin singulier pour un cinéaste maudit. 
Pierre Kast, qui fut l'assistant de Jean Grémillon, a tenté de donner une explication à cette malédiction, et au fait, assez déroutant, que ses films n'avaient aucune emprise sur leur époque. Pour expliquer ces échecs et sa mise à l'écart du milieu cinématographique, Pierre Kast parle d'inadaptation. Inadaptation de Grémillon au monde de la production et à ses exigences financières. Comme si, finalement, ces contraintes restaient à ses yeux incompréhensibles et incompatibles avec l'exercice de son Art. (PDF - 27p)




- Extrait du DVD, Remorques : Grémillon, le méconnu :  cette coproduction de France 3 Normandie, donne un aperçu succinct de la carrière cinématographique de Jean Grémillon, mais les interventions plus que savoureuses de Madeleine Renaud, Micheline Presle, Michel Bouquet, et d'Arlette Thomas, confèrent un charme indéniable à ce documentaire du terroir. Une petite erreur s'y est toutefois glissée, car ce n'est pas en tant que pianiste, mais bel et bien en tant que violoniste, dans de petits orchestres, que se produisit Jean Grémillon au Max-Linder, pour accompagner les films muets.  (Remux DVD-MKV-25mn)

- Extrait du DVD, Lumière d’été Jean Grémillon, un cinéaste sous l’Occupation. Le doc réalisé par Véronique Martin montre comment l'Occupation a été pour Grémillon la période la plus prolifique de sa carrière, une période faste et féconde qui aura vu la naissance de ses plus beaux chefs-d'œuvre. Lumière d'été qui en fait partie, est ici analysée sous toutes ses coutures. Avec la participation de Philippe Roger, Jean-Pierre Mocky, Paul Vecchiali, Michel Bouquet et de quelques historiens du cinéma qui retracent la genèse du film en le replaçant dans son contexte historique. Une belle occasion de découvrir ce mal-aimé du cinéma français, cet artiste complet aux multiples talents, qui amènera le septième Art sur le terrain des passions humaines, du lyrisme et de la poésie. (Remux DVD-MKV-52mn)

- Extrait de la revue, Hommes et Migrations, n°1132, mai 1990, Les Africains Noirs en France. Regards blancs et colères noires, par Philippe Dewitte. (PDF-13p)


- Sur Habib Benglia, bien peu d’articles et de livres lui sont consacrés. Mais le travail de Nathalie Coutelet mérite le détour. Dans une série d'articles, elle s' est attelée à retracer sa carrière théâtrale et cinématographique, en mettant à nu l'arrière-fond historique et colonial, et en décryptant les préjugés raciaux, enracinés dans les mœurs et la société.
L'Exposition coloniale de Vincennes en 1931 entérine et popularise une vision ethnographique et raciste à l'égard des colonies et de ses populations locales. Une vision nourrie par un discours scientifique fondé sur la hiérarchie des races, où les noirs passent pour avoir d'évidentes origines simiesques. La France, fière de son idéologie impériale, y expose ses indigènes sous la forme de zoos humains.
Le noir est généralement perçu comme symbole de luxure, de lubricité, d’animalité. On se complaît à se le représenter sous l’effigie du diable ou du sorcier aux pouvoirs maléfiques. Cette représentation symbolique et tenace du corps noir, a longtemps persisté dans les consciences (jusque dans la première moitié du 20e siècle) et se retrouve jusque dans les sphères intellectuelles de la société, puisqu'elle s'immisce souvent, presque inconsciemment, dans le discours des critiques eux-mêmes, qui ont du mal à juger la prestation de l'acteur, sans tomber dans ces travers idéologiques. C'est ce qu'explique merveilleusement Nathalie Coutelet, à travers l’étude qu'elle a réalisée sur la façon dont ont été perçues, par les critiques, les prestations d'Habib Benglia. Car il a généralement été apprécié, admiré pour sa plastique, la beauté sculpturale de sa musculation et ses qualités athlétiques de danseur. Il lui a fallu bien des efforts pour que, finalement, son jeu de scène et ses qualités d'acteur soient enfin reconnus. Pouvoir affirmer sa propre personnalité, en échappant à ces représentations stéréotypées et primitives, n'aura pas été une mince affaire. Le mérite de Habib Benglia est d’avoir réussi à briser cette immense chape de préjugés. Son prestige n'en est que plus grand.

- Habib Benglia : quand le noir entre en scène, par Nathalie Coutelet. (PDF-22p)
- Habib Benglia, le nègrérotique du spectacle français, par Nathalie Coutelet. (PDF - 13p)
- Habib Benglia et le cinéma colonial. (PDF-15p) 

- Monsieur Vanel, un siècle de souvenirs, un an d’entretiens : avec sa gouaille d'artiste et sa poésie, Charles Vanel se confie à Jacqueline Cartier et nous raconte ses souvenirs, sur le tournage de Daïnah la métisse. Le tout agrémenté de quelques photos piochées dans le livre, et qui rappellent à l'évidence, qu'à tout juste 20 ans, Charles Vanel était vraiment bel homme, et qu'il avait la carrure, l'étoffe et le physique pour jouer les rôles de jeune premier. (PDF-10p)

- Le Chant du monde Les voix méditées-mélodiées du biographe selon Jean Grémillon par Philippe Roger. (PDF-16p) Par moments un peu ardu d'accès, le texte de Philippe Roger met en lumière le traitement sonore des films de Grémillon et permet d'en mieux saisir la portée philosophique et esthétique.

- C'est toujours un plaisir d'entendre la voix de Grémillon. Diffusé sur la chaîne Nationale le 29 janvier 1952, un document rare qui a pour thème : Le film sur l'art trahit-il l'art ? Un débat ouvert autour de Fernand Léger, André Chamson, André Bazin, Emmanuel Berl et Jean Grémillon. Et comme il est dit, à la fin de l'émission, comme pour se départir d'éventuelles poursuites judiciaires, "les opinions émises à la Tribune de Paris engagent la seule responsabilité de ceux qui les expriment." Autre temps, autres mœurs...(France Culture - 25mn- FLAC)

- Grémillon, le cinéaste maudit (RTS- MP3 -7mn)
- Revue Pour Vous.1930. Ciné-reportage à bord du paquebot,  pendant le tournage du film, non loin des côtes de l'île de Beauté.   (PDF-1p) 
- Revue Pour Vous.1931. Habib Benglia donne une interview.(PDF-1p)
- Revues Pour Vous.1932. (PDF-1p) Une critique du film pas tendre du tout, signée Nino Frank, à la sortie du film, en 1932.
- Une critique élogieuse du film par Xavier Jamet. (jpg)

- Cinema 60. Pierre Kast et Philippe Esnault rendent hommage à Jean Grémillon, mort dans l’anonymat, le 25 novembre 1959, quelques heures seulement après l'annonce de la mort, retentissante, de Gérard Philipe. (PDF-11p)


- Sauvage au cœur des zoos humains : dossier de presse sur les zoos humains, issu du documentaire du même nom, réalisé par Pascal Blanchard et Bruno Victor-Pujebet. (PDF-12p)


Kermite.

Bluray REMUX
VF+ St anglais et français (1920X1440 - MKV)

Liens :


Film : https://1fichier.com/?kci9ypwn16bgk670l8ga


Bonus : https://1fichier.com/?edn0rdqy2agedooxgmlz

samedi 21 septembre 2019

Romanze in Moll - Helmut Käutner 1943 VOSTFR





Helmut Käutner est un sacré réalisateur, et au vu de la qualité de ses productions, je m'étonne que cette figure majeure du cinéma allemand, n'ait pas à ce jour rencontré à travers le monde, une aura et une renommée internationales. Très peu de livres écrits sur lui, pas la moindre biographie traduite en français. Certes, sa filmographie ne vaut pas celle d'un Raoul Walsh, ou d'un Michael Curtiz, et ne saurait rivaliser avec certains cadors du cinéma hollywoodien. Je trouve néanmoins que ses films sont largement sous-estimés, et passés sous silence, alors qu'ils mériteraient une bien meilleure audience. Parmi ses plus beaux joyaux, je citerai volontiers La Paloma, Romanze in Moll, ou encore, Sous les ponts, soit autant de films élaborés entre 1941 et 44, pendant les pires années de guerre...

Ses premières armes, Helmut Käutner les fait au théâtre dans les années 30, en tant que scénariste et acteur. Il monte notamment des classiques du répertoire français : Sartre, Giraudoux, Cocteau... À la fois auteur, décorateur, producteur et chansonnier, Helmut Käutner fut un véritable touche-à-tout, avant de réaliser son tout premier film en 1938. Pas vraiment la meilleure période en Allemagne pour débuter au cinéma, et entamer une carrière de réalisateur…
Mais justement, les films que Käutner a tournés pendant la guerre, ne sont pas traversés par des élans patriotiques. Ce ne sont pas des hymnes béats à la gloire du soldat nazi, et ils ne se veulent en aucun cas, le chantre d'un cinéma gangrené et travesti par la propagande de Goebbels. Non, ils se présentent plutôt comme des rêveries enchantées, d'où les réalités de la guerre sont étrangement absentes. Ce qui intéresse Helmut Käutner, ce sont les destins dans leur singularité, la vie des individus pris dans l'étau des passions humaines.

Voilà ce qui me fascine, au fond, dans ses films tournés dans la tourmente de la guerre, dans un troisième Reich baigné par l'idéologie nazie, c'est de constater comment les prérogatives idéologiques, esthétiques et morales imposées par Goebbels dans la propagande cinématographique, n'ont eu finalement sur lui, que peu d'emprise, pour ne pas dire aucune.
Voilà qui détonne et relève presque de l'authentique exploit dans le paysage cinématographique allemand, alors sous la férule de son Ministre de la Propagande.
Voilà qui démontre en tout cas que le personnage avait du caractère, de l'intelligence et sûrement une âme de poète qui lui a permis d'échapper pendant ces années noires, à la vindicte de Goebbels.

Romanze in Moll, qui sera exploité en France sous le titre de Lumière de la nuit est un mélodrame sublime, un film d'époque admirablement reconstitué et animé par une affriolante galerie de personnages. Nous sommes dans le Paris du 19ème siècle et l'histoire s'inspire librement de la nouvelle de Maupassant, Les Bijoux, dans laquelle l'écrivain brosse le portrait d'une bourgeoise obnubilée par ses bijoux d'apparat, et dont le mari, peu soupçonneux et naïf, ignore la vraie valeur sentimentale et financière...
Cette satire de la bourgeoisie trouve chez Käutner un ton moins incisif, mais un souffle plus tragique.

Après le tristement mémorable, Jud Süß, qui aura tragiquement marqué la carrière de l'acteur Ferdinand Marian, celui-ci joue en 1942 dans Münchhausen de Josef von Baky, et fait une apparition remarquée dans la figure historique du Comte de Cagliostro. Il en donne une interprétation saisissante, envoûtante. Dans le film de Käutner, Lumière dans la nuit, sa prestation est de la même trempe. Libre, inspiré, séducteur, il possède la légèreté, l'insouciance, la fougue du chef d'orchestre et compositeur, en proie aux éternels tourments de la création et de l'amour.


Avec ses petites lunettes rondes et ses airs gauches, Pierre Dahlke compose un banal employé de banque sans ambition et endosse à merveille le rôle de l'époux grippe-sou, pusillanime et casanier. Sa vie de petit fonctionnaire de la finance, sans envergure et sans relief, est réglée comme du papier à musique. Sa passion pour le jeu et les cartes constitue le seul moment de sa vie où il espère briller par la chance, et gagner, en passant, un peu d'argent, histoire d'offrir à sa femme de quoi s'acheter quelques babioles.

On comprend un peu mieux pourquoi sa femme, Madeleine, magistralement interprétée par une Marianne Hoppe ennoblie dans sa fragilité, se satisfait assez mal de cette vie routinière et terne. Elle est la pierre angulaire de ce drame amoureux. Avec ses faux airs de Michèle Morgan, l'actrice possède un visage d'une beauté angélique, et porte sur ses frêles épaules le poids de ses incertitudes sentimentales.
Issue du théâtre, Marianne Hoppe fait partie des comédiennes starifiées et adulées par le régime nazi. En 1936, Das magazin, journal people de l'époque, la présentait comme l'égérie des nouvelles stars montantes du cinéma, "symboles des temps nouveaux, saines de corps et d'esprit."
Après la guerre, Marianne Hoppe délaissa le cinéma pour se consacrer presque uniquement au théâtre. Cette grande Dame du théâtre monta une dernière fois sur les planches à l'âge de 88 ans, avant de s'éteindre en 2003, à l'âge de 93 ans.
Dans le grand bal des acteurs, je ne veux surtout pas oublier Siegfried Breuer, qui réussit, dès sa première apparition, à instiller, sous ses faux airs de dandy, une sourde inquiétude, déployant sensiblement, insidieusement, progressivement, l'ombre d'une menace indéfinissable, un, je ne sais quoi de malsain qui va donner toute la mesure à ce drame bourgeois.

Au même titre que Hitchcock, qui faisait dans chacun de ses films une apparition furtive en forme de clin d'œil, Helmut Käutner pouvait, dans les siens, se tenir tout aussi bien devant la caméra, en jouant des petits rôles. Vous pourrez ainsi admirer ses talents de comédien dans Romanze in Moll, il y joue un poète joyeusement décalé et inspiré.

Cinématographiquement, Käutner a un style vraiment personnel et un sens aigu de la mise en scène, avec des mouvements de caméra d'une étonnante fluidité. La séquence d'ouverture est à ce titre éblouissante. Procédant par flash-back, l'intrigue gagne en profondeur, avec des scènes d'une réelle ampleur. Il y a des moments d'une maîtrise impressionnante. La scène du train, par exemple, offre un suspense quasi-hitchcockien.
Une dernière remarque encore : revenant comme un leitmotiv, les reflets à travers les miroirs, ou autres surfaces réfléchissantes, sont comme autant de mises en perspective et de fenêtres ouvertes vers une réalité amplifiée. Ou bien Helmut Käutner veut-il brouiller les pistes en insinuant que cette réalité formelle, esthétisée, a plus de poids et de sens que le monde réel...

Pour moi aucun doute, avec Romance in Moll, Helmut Käutner tient là son chef-d'œuvre, et entre bien dans la cour des grands.



Bonus personnels : (à consulter, ou à lire de préférence après avoir vu le film)

- Les bijoux de Maupassant (Pdf-4p)

- Cahiers du Cinéma : Käutner le Dandy par Louis Marcorelles (juillet 1957) : celui-ci en revenant sur la filmographie de Käutner, a cette formule lapidaire mais tellement vraie : les films d'Helmut Käutneraffirment la suprématie de l'évasion sous toutes ses formes.” Je crois qu’on ne peut pas mieux résumer. (Pdf-4p)

- La revue du Cinéma (avril 1948) : Nouveaux visages du cinéma allemand par Liliane Delysan. Les articles consacrés à Helmut Käutner ne sont pas légion. Alors mieux vaut savourer le peu dont on dispose. En 1948, Liliane Delysan en brossait un portrait attachant et révélait au public un talent artistique déjà presque oublié, à une époque où la dénazification venait officiellement de prendre fin, en février 1948. (Pdf-8p)

- Propagande et cinéma, un chapitre puisé dans le volumineux, mais passionnant, Une Histoire du cinéma allemand : la UFA, de Klaus Kreimeier. (Pdf-18p)

- Histoire du cinéma nazi de Francis Courtade et Pierre Cadars : présentation du film, Romanze in Moll. (Pdf-2p) Je ne partage pas toujours leur sévérité et leur intransigeance, mais leur imposante monographie sur les films de la période nazie, reste toujours, quoi qu'on en dise, incontournable. (Pdf -2p)

- Ciné Mondial 1943 :  les grandes lignes du scénario du film y sont présentées . (Pdf - 1p)

- Le cinéma allemand sous Hitler, de Nathalie De Voghelaer : Un chapitre exclusivement consacré à la signification du terme, trop souvent galvaudé, de propagande. (Pdf - 5p)
Car, au fond, qu'est-ce que la propagande ? On croit à tort, parce que l’Allemagne nazie en a fait un Ministre, que le terme de propagande vient de cette époque, comme si personne avant Goebbels n'en avait saisi le sens...
Une analyse étymologique du mot nous fait assez vite comprendre que la propagande vient du latin, propagare, qui signifie propager. La propagande a donc comme signification plutôt étendre, agrandir, que convaincre ou influencer…
Nathalie De Voghelaer développe la thèse selon laquelle, la propagande, sous Hitler, signifie moins influencer les masses, que répandre et propager une opinion, une pensée unique, en vue de la construction d'un monde nouveau, ce Reich de 1000 ans, dans lequel émergera un nouveau modèle d’homme allemand, basé sur un certain style de vie lié à un système de valeurs. D'ailleurs, comme le dit très justement l'auteur, si le cinéma est un instrument utilisé à des fins idéologiques, s’il doit exalter le nationalisme, et favoriser la soumission du peuple au pouvoir, tout l'art de la propagande est de ne pas la rendre visible. In fine, un bon film de propagande est un film où on ne la voit pas, où on ne la devine pas. La subversion est à ce prix.

Kermite.

BlurayRemux(1920x1080)VOSTFR+St Anglais,Allemand,Russe,Espagnol,Portugais

Liens : 

Film :
https://1fichier.com/?n3hme6wzcfbalcdsrjz8

Bonus :
https://1fichier.com/?ikygiy5t5kjzj7jc7zoa

jeudi 5 septembre 2019

L'Odyssée interstellaire (épisode 1 à 4)



"Mon opinion est que l'univers est non seulement plus étrange que nous le supposons, mais plus étrange que nous pouvons le supposer."
John Burdon Sanderson  Haldane.









Sommes-nous seuls dans l'univers ? Je répondrai sans l'ombre d'une hésitation : non. C'est du moins ma conviction. Enfant, je me souviens de l'effet magique que le film E.T. l'extra-terrestre, de Steven Spielberg, avait produit sur moi. Cette rencontre un peu particulière, placée sous le sceau d'une amitié secrète entre un gamin de 10 ans et cette drôle de créature issue du grand espace intergalactique, m'avait hypnotisé. C'était comme si E.T. en personne était venue me parler directement. Cette rencontre improbable avait surtout enflammé l'imagination du bambin que j'étais. 
Au contraire, la Guerre des Mondes de Byron Haskin, vue sous l'angle d'une invasion guerrière, et d'une logique d'affrontement, m'avait terrorisé, et m'a fait brièvement envisager, que cette rencontre tant désirée pouvait finalement très mal se passer pour nous, humains ! L'idée que l'arme atomique s'avère totalement impuissante contre ces salauds de Martiens venus pour nous étriller, me jetait dans l'effroi et me glaçait le sang. Quoi, ils seraient donc venus dans l'unique intention de nous flanquer une rouste, que dis-je, pour nous réduire en charpie ?! Mon âme d'enfant refusait d'y croire.


Depuis lors, l'hypothèse d'une vie extraterrestre n'a jamais cessé de me tarauder. Pas les Ovnis ou la créature de Roswell, auxquels je ne croyais pas. Mais la vie dans son plus simple appareil. Pourquoi ce qui s'est passé, ici, dans notre système solaire, ne se reproduirait pas ailleurs ? Je me souviens de ma jubilation quand, en 1995, a été découverte la première exoplanète qui apportait la preuve éclatante que, oui, Messieurs les scientifiques, il existe bel et bien d'autres planètes en dehors de notre système solaire, n'en déplaise à votre scepticisme de bon aloi. 

Sérieusement, quelle folie d'égocentrisme que de croire que nous serions absolument seuls dans l'univers. Je n'ai pas l'arrogance de croire à cette imposture. Et quelle étrangeté de penser que notre belle planète bleue ne serait qu'une singularité chimique, mystérieusement plantée dans l'universalité des lois de la physique. Parmi les milliards d'étoiles peuplant les milliards de galaxies, la Terre serait la seule, l'unique planète, de tout l'univers, abritant la vie ? C'est une blague, et à défaut d'être de mauvais goût, elle est totalement absurde. Et puis remettons les choses en place : non, la Terre et les hommes ne sont plus le centre de l'univers, il faudrait cesser de leur attribuer certains privilèges qu’ils  n’ont plus. Va falloir s'y résoudre une bonne fois pour toutes ! Copernic et Galilée ont eu la peau de ces préjugés millénaires qui ont la vie dure, et ont posé les jalons d'une cosmogonie moderne où la vie extraterrestre a tout naturellement sa place.

Attention, loin de moi l'idée de croire aux petits hommes verts aux crânes allongés, et à leurs représentations farfelues et parfois grotesques. Tout ça, c'est de la foutaise en barres, sortie droit de nos cerveaux déjantés, en mal de représentations. Ce qui me frappe, c'est que toute cette imagerie spéculative des monstres, la façon dont nous nous les représentons, n'est que le fruit de nos fantasmes, de nos peurs, et nous ressemblent étrangement, presque naturellement. Ils ont des yeux, des mains, marchent comme nous, parlent, et pour notre plus grand malheur, sont aussi intelligents que nous, sinon plus. Difficile de ne les imaginer autrement qu'à travers le prisme de notre condition humaine. Ils sont conçus, créés, fabriqués à notre image, malgré tous les efforts déployés pour nous les rendre différents, inhumains. Regardez comment ces E.T. sont représentés dans les films, c'est flagrant, et même Alien, le plus terrifiant d'entre tous, est facilement reconnaissable. 

Mais en définitive, la vie est une porte vers l'inconnu, car ce que nous en connaissons, ou que nous croyons connaître, est infime en comparaison de ce que nous ne savons pas…. Et si, un jour, nous avons la chance de la découvrir ailleurs qu'ici, sur notre bonne vieille planète, je reste persuadé que ce que nous découvrirons, nous ne l'aurons jamais imaginé, même dans nos rêves les plus fous. Préparons-nous au choc.  D'ailleurs, qui ne nous dit pas que nous découvrirons autre chose que la vie ? Après tout, la vie n'est qu'un des possibles parmi tant d'autres…

Kermite.


L'Odyssée Interstellaire : 

Épisode 1 : Chasseurs de planètes
Épisode 2 : En route vers les étoiles
Épisode 3 : À la recherche d'une vie extra-terrestre
Épisode 4 : Premier contact



Lien : https://1fichier.com/?zd9rfagr1r8pkc2n38lh

HDTV (1080x1440)



mercredi 7 août 2019

The Fallen Idol - Carol Reed 1948 VOSTFR





The Fallen Idol, réalisé en 1948, est le fruit d'une première collaboration (qui en appellera bien d'autres par la suite) entre Carol Reed et Graham Greene, inspirée par la nouvelle, The Basement Room, que l'écrivain a publiée en 1935, et qu'il remania pour les besoins du film.

De prime abord, difficile de situer le film, car comme le dit si justement Philippe Garnier dans le livret de présentation, on a du mal à imaginer pareille vie de luxe dans le Londres d'après-guerre. Difficile aussi de lui coller une étiquette, un genre clairement défini, tant il arrive à mélanger drame et comédie dans une insouciance naturelle, à basculer de l'un vers l'autre dans une surprenante indécision. Pour exemple, je citerai la plus belle scène du film à mon goût, cette partie de cache-cache joviale et enfantine, improvisée dans l'Ambassade, irradiant un bonheur simple, et dans laquelle s'immisce peu à peu l'ombre d'une menace grandissante. Dans cette ambiance bonne enfant, Carol Reed réussit à créer subrepticement un climat d'angoisse aux portes de l'épouvante, et à nous faire passer quelques frissons dans le dos... Du grand art !
The Fallen Idol est bien plus qu'un film sur l'enfance, car il aborde le moment crucial des premières désillusions. Le petit Philippe, gamin de huit ans et héros du film, (merveilleusement joué par Bobby Henrey) va peu à peu réaliser que son idole de toujours, Mr Baines, majordome de son état, chargé de veiller sur lui en l'absence de ses parents, n'est pas celui qu'il imaginait être. Dur d'apprendre à huit ans que le monde qui nous entoure est régi par le mensonge...

Le film bénéficie d'une distribution magnifique, servie par une interprétation de qualité. Ralph Richardson est impressionnant en émotion retenue, alors que Sonia Dresdel qui joue sa femme, Madame Baines, est absolument parfaite en femme glaçante et acariâtre. Et que dire de Michèle Morgan ? La classe évidemment....



Mais au-delà des personnages, ce sont les décors qui forment la véritable ossature du film. Ils sont l'œuvre de Vincent Korda, frère du célèbre réalisateur Alexandre Korda, et apportent une touche baroque du plus bel effet. L'ambassade, où se joue principalement toute l'action, ressemble à ces vieilles bâtisses de l'ère Victorienne, et exhale un parfum mystérieux, propre aux vieux châteaux. Des pièces majestueuses à n'en plus finir, un escalier central interminable que n'aurait pas renié Sir Hitchcock, jusqu'à ces draps blancs qui, posés sur les meubles, distillent une atmosphère vraiment inquiétante et lugubre.

Au final, un film réellement prenant, malheureusement desservi par une copie guère reluisante.... Au début, elle m'a franchement laissé craindre le pire, tous ces petits points blancs, ça pique les yeux et niveau son, ça ne vaut guère mieux, ça grésille comme un vieux 33 tours... Le film aurait eu besoin d'un bon nettoyage, mais il faut croire que l'éditeur Tamasa n'avait pas les moyens de financer une restauration. C'est bien dommage. Par contre, en bonus, vous trouverez un magnifique texte de présentation signé Philippe Garnier, et une belle galerie de photos qui vous fera mieux apprécier tout le talent du directeur de photos, Robert Krasker.

Bonus :


- Le regard de Philippe Garnier (7 pages scannées par mes soins - PDF)
- Galerie Photos 3mn (HD - 1920x1080)


Kermite.

Liens :   https://1fichier.com/?thcmurdb9su35pk9clhu  

(Remux Bluray)





dimanche 21 juillet 2019

Police sur la ville - 1968 Don Siegel






Madigan, sorti en France sous le titre de Police sur la ville, est un film de Don Siegel. Sur une musique très jazzy de Daniel Costa, s'accordant à merveille avec les lignes verticales des gratte-ciel New-Yorkais, on suit avec enthousiasme les déambulations de deux inspecteurs (joués par Richard Widmark et Henry Fonda) qui, sous peine d'être radiés de la police, mettent tout en œuvre pour arrêter un truand. Sur une intrigue aussi maigre, Don Siegel réussit à faire un film captivant, dans lequel surnagent avec aisance deux stars adulées du cinéma américain, Richard Widmark et Henry Fonda. Ce dernier, ici en patriarche assumé du cinéma américain, campe avec toute la rigueur qu'on lui connaît, un commissaire irréprochable et exigeant, au comportement exemplaire, mais qui va révéler au fil de l'intrigue des failles inhabituelles.
Pourtant habitué aux rôles de salaud, Richard Widmark, quant à lui, change de registre et interprète un flic de base, intègre et honnête, essayant de bien faire son boulot. Malgré une trop brève apparition, Steve Ihnat excelle dans le rôle du truand patenté. Bref, une qualité d'interprétation qui tire indubitablement le film vers le haut...

Dans un style sec et nerveux, Madigan est une plongée dans le quotidien des policiers. On découvre l'épineux et dur métier de flic, ses difficultés, ses compromissions aussi, ainsi que ses méthodes de travail pas toujours douces et d'un autre âge... À cette époque, on avait le coup de poing facile pour décoincer les mâchoires des témoins et les faire parler...
Le style de Don Siegel se caractérise par la sécheresse de sa mise en scène, et, à cet égard, la fusillade finale est un modèle du genre. Don Siegel filme la violence sans artifice, dans toute sa crudité, non pour en faire l'apologie, mais pour mieux la dénoncer.
Quelques années plus tard, Dirty Harry poursuit le travail de sape ébauché par Madigan.
Librement inspiré du tueur du Zodiaque, Dirty Harry exacerbera les violences et dénoncera, avec plus d'acuité, la déliquescence d'une société américaine en proie à l'une de ses plus grandes crises morales de son histoire.




Vous trouverez en Bonus :

- Une galerie photos 3mn (HD - 1920x1080)
- Une Bande-annonce 3mn (SD - 720x576)
- « Peur sur la ville » : 26 mn (HD - 1920x1080) Documentaire de Julien Comelli et Erwan Le Gac.
Julien Comelli nous fait part d'un tournage éprouvant, dû en grande partie aux exigences parfois surréalistes du producteur, Frank Rosenberg, qui n'hésitait pas à mettre son grain de sel un peu partout, provoquant du même coup des affrontements réguliers avec les acteurs. Julien Comelli revient également sur le procédé technique, appelé Techniscope dans lequel fut tourné le film. Procédé économique, puisque moyennant une perte de définition, il permettait de réaliser des économies financières...
Vingt-six minutes très précieuses sur la confection du film.


Kermite


Liens :  https://1fichier.com/?0vv7n6fe1hfuwlq1m1qn


(Remux Bluray – Multi 1920 X1080)