samedi 4 juillet 2020

Fête Foraine








Dans le grand manège
de la vie la roue tourne
souvent du mauvais côté
inexplicablement
La roue de l'infortune
qui jamais ne s'arrête
La roue s'emballe
tous les jours
un peu plus
comme une valse
un peu folle
jouée crescendo

Le mécanicien ne comprend rien
lui qui avait tout vérifié
avec précision
jusqu'au dernier boulon
Il s'inquiète
fronce les sourcils
essaye de comprendre
en toute logique
ce qui cloche
ressort les vieux plans
calcule
soustraie
rajoute
à la force centripète
les lois de la gravitation
Tout Newton y passe
mais la roue tourne
tourne si vite
inexorablement vite
que même les pommes
ne s'écrasent plus
au sol
Il n'y a plus de lois qui tiennent
se dit le forain
Je vais fermer boutique
si ça continue
Je convoquerai les scientifiques
de tous les pays pour qu'on m'explique
enfin pourquoi cette roue
tourne aussi vite

Le grand jour arriva
autour du manège une foule s'empressa
une armée de mathématiciens
costumes rayés petites lunettes
rondes
lèvent sur l'objet
des regards amusés
mais voyons ce n'est pas compliqué
dit l'un d'eux
au forain désemparé
si votre roue tourne
trop vite assurément
c'est évidemment
à cause du vent
qui
impétueusement
furieusement
souffle en permanence !


Le forain éberlué
se dit que jamais plus
personne ne pouvait
aussi bien expliquer
pourquoi la roue tourne
aussi promptement
dans le grand manège des sentiments
le manège de la vie



Kermite

dimanche 21 juin 2020

The Little Giant 1933 VOSTFR Roy Del Ruth




Synopsis :  Au lendemain de la fin de la Prohibition, Bugs, gangster au faîte de sa gloire, décide de se ranger définitivement, et de faire une incursion dans le monde de la haute société en dépensant son argent sans compter....






C'est chez Mack Sennett, en tant que gagman, que Roy Del Ruth débute sa longue carrière de cinéaste. Il réalise par la suite quelques courts-métrages muets, puis en 1928, signe The Terror, le premier film parlant de la Warner Bros. Aux débuts des années 30, il réussit quelques films d'excellente facture avec James Cagney, un acteur dont le talent et l'éclat s'affirment alors au grand jour. Blonde Crazy, Taxi ! ou encore Lady Killer pour citer les plus célèbres. En 1933, il réalise avec un autre acteur emblématique de cette époque, Edward G. Robinson, un film peu connu mais réellement attachant, The Little Giant. Évidemment, ce petit géant a déjà tout d'un grand...
Comme l'indique, avec humour, la pochette du DVD qui fait la promotion de l'acteur, Little Caesar, incarné par le même Edward G. Robinson, deux ans plus tôt dans le film de Mervyn LeRoy, devient The Little Giant !  Une transformation réussie grâce au brio du comédien, qui réussit avec bonheur à concilier, par son interprétation, deux registres totalement différents : film de gangster et comédie. Le film possède, bien sûr, toutes les caractéristiques des productions Warner de l'époque, à savoir, concision, rapidité et rythme ! Tout ce que j'aime dans le style des films de la Warner du début des années 30  ! Franchement, il est impossible de s'ennuyer, le film dure à peine plus d'une heure ! 




The Little Giant est entièrement dominé par la classe d'Edward G. Robinson et la sensuelle sérénité de Mary Astor. Nous sommes à la fin de la Prohibition, dont le gouvernement vient de lever l'interdiction. Gangster de renom, Bugs décide de se ranger, et de dilapider par la même occasion sa fortune bâtie sur la vente d'alcools. Désormais, il ne règle plus ses comptes à l'ancienne, et délaisse le colt au profit d'une vie rangée, estimée et honorable. Son souhait le plus vif : entrer dans la haute société. Voire du beau monde. Tout un programme, tout un art, dont la mise en application s'avère plus ardue qu'il n'y paraît. On ne s'improvise pas aussi facilement Gentleman. Mais notre ancien gangster trouve en la personne de Mary Astor une partenaire idéale, une alliée précieuse, experte dans les us et coutumes de l'élite aristocratique. C'est elle qui va l'informer, l'aider, et par ses connaissances, lui ouvrir les portes de ce milieu très autarcique. Mais pour briller en société, encore faut-il en connaître les codes, le langage et les habitudes, savoir déchiffrer, sous le clinquant et l'hypocrisie des intentions, la sincérité des sentiments...



Voilà l'immense tâche qui attend Edward G. Robinson, en prise avec une société où les chercheuses d'or en quête d'un mari fortuné pullulent. C'est ce qui fait tout le sel de ce film placé brillamment sous le sceau de la comédie. Roy Del Ruth excelle à mettre en valeur la gaucherie du personnage, peu à l'aise dans un milieu qu'il ne connaît pas, et qu'il a toutes les peines du monde à maîtriser. Sa maladresse détonne dans un milieu ostensiblement soumis à l'ostracisme et aux immuables règles de savoir-vivre.
Et ce, d'autant plus qu'on est habitué à voir dans Edward G. Robinson la figure même du gangster viril et intraitable. Je trouve cette idée lumineuse, diriger 
Edward G. Robinson  dans un rôle à contre-emploi. Il est vrai que la réussite sourit souvent aux audacieux. Ce qui aurait pu échouer avec un autre, passe naturellement avec Edward G.Robinson, autant à l'aise et crédible dans la figure emblématique du gangster, que dans celle du petit-bourgeois, maladroit, évoluant d'un pas mal assuré, et incapable de déclarer sa flamme à celle qu'il convoite. Assister à cette métamorphose, jusque dans l'intonation de sa voix, est un spectacle des plus réjouissants. 
Du film, je retiendrai cette scène absolument savoureuse, où ne sachant comment faire pour déclarer sa flamme à cette femme distinguée dont il s'est entiché, et qu'il idéalise, il s'entraîne avec Mary Astor, inlassablement, confusément, pour donner corps à ses sentiments, et faire sortir de sa bouche cette déclaration d'amour qu'il travaille en parfait écolier ! Magnifique moment de comédie !





Bonus :

- Extrait de, 50 ans de Cinéma Américain. (Éditions Nathan 1995) de Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier.  (PDF - 2p) «Le nom de Roy Del Ruth ne dit sans doute plus grand-chose aujourd'hui, même aux cinéphiles, mais il était, à la fin des années 30, un des réalisateurs les plus en vue de Hollywood.» 
Roy Del Ruth tourne ses films les plus percutants entre 1931 et 1933, à quelques exceptions près. Une filmographie riche en comédies musicales.




- Actualités de l'époque, marquées par la prise de pouvoir de Franklin Delano Roosevelt, fraîchement élu.. (VO Anglais - 3mn -MKV)
Use your imagination. (1933 - 18 mn - MKV - VO anglais) Court métrage réalisé par Roy Mack, l'histoire est totalement niaise, mais les numéros musicaux sont splendides, et le tout jeune Hal Le Roy  qui a pour partenaire Mitzi Mayfair, tire bien son épingle du jeu. Sa démarche cartoonesque, et son jeu de jambes incroyablement fluide, en fait un danseur de claquettes animé d'une grâce et d'une légèreté qui font plaisir à voir.
Autre numéro étonnant :The Four Eton Boys, un quatuor vocal au swing époustouflant !

- Un petit hommage à James Cagney comme savaient le faire les studios de l'époque, pour mettre en avant les qualités du comédien.   (3mn - VO anglais - MKV)

PS : le Blu-Ray est sorti Outre-Atlantique, uniquement en VO bien sûr.


Kermite.

Remux DVD (720x480)

Liens : 


https://1fichier.com/?sh61pp81z8qpoj688vpu




vendredi 29 mai 2020

L'Étroit Mousquetaire - Max Linder 1922 (Muet - Cartons Anglais - St Français)












Le nom de Max Linder, première grande star du cinéma muet, évoque aujourd'hui peu de chose dans l'esprit du public. De la grande épopée du cinéma Burlesque, l'histoire retiendra surtout Charlie Chaplin, Buster Keaton, ou Harold Lloyd. Mais les films de Max Linder, qui les connaît vraiment ? Pas grand monde malheureusement. Je suis porté à croire que l'on se souvient moins de ses films que de la prestigieuse salle de cinéma qu'il a fait construire, et qui porte son nom...
La postérité ne lui a pas tressé les lauriers qu'il méritait tant. Comme si la comédie Burlesque avait seulement commencé avec Charlie Chaplin !

Pourtant, en leur temps, les films de Max Linder connurent auprès du public un engouement populaire spectaculaire, et par-delà les frontières, un succès phénoménal. Sa tournée européenne en 1914, dans laquelle il fut la victime d'une tentative d'enlèvement, prouve à quel point il suscitait l'enthousiasme des foules, et surfait naturellement sur la vague du star-system. N'oublions pas qu'en ce début de siècle, l'industrie du cinéma muet se forge sur l'aura d'une poignée d'acteurs fétiches, capables d'attirer vers eux un public toujours plus nombreux. Ce sont eux, qui font tourner la belle mécanique du cinéma et participent à son expansion. Ainsi, le succès de cette industrie naissante s'est-elle appuyée sur sa capacité à produire des stars capables de drainer un public toujours plus nombreux, faisant ainsi grimper les recettes des films. Max Linder fut la première grande vedette du cinéma muet.

Issu du théâtre, il a très vite compris vers quels nouveaux horizons le cinéma pouvait l'amener. Comme l’écrit justement Jean Mitry , il a été "non seulement le premier acteur comique digne de ce nom, mais le véritable créateur du comique de cinéma." (1)
Conscient de sa célébrité et du succès commercial de ses films, il n'hésite pas à négocier constamment ses cachets. Il réussit ainsi à dégoter chez Pathé, au plus fort de sa popularité, un contrat d'un million de francs par an ! C'est simple, il était le comédien le mieux payé au monde ! Plus tard, pendant ses deux séjours aux États-Unis, ses appointements avoisinent les 5 000 dollars par semaine... Une vraie fortune.

Il y aura toujours un mystère autour de la mort de Max Linder, mort si jeune au faîte de sa gloire, emportant avec lui sa jeune femme de 18 ans sa cadette, avec qui il s'était marié dans l'anonymat deux ans auparavant, le 23 août 1923, en l'église Saint-Honoré d'Eylau. Leur liaison avait défrayé la chronique et exhalé un parfum de scandale. À 40 ans, Max Linder avait trouvé le grand amour, à Chamonix, où il venait régulièrement se ressourcer. L'heureuse élue était une adolescente d'une exquise beauté. Elle s'appelait Ninette Peters, avait 16 ans, et leur relation s'annonçait, dès le départ, sous les feux de la passion amoureuse.
Ses frasques sentimentales  n'avaient pas manqué de faire les choux gras des journaux. D'autant plus qu'il avait demandé la main de la jeune fille à la mère, qui lui avait opposé un refus catégorique. Pour s'être follement entiché d'une mineure de 16 ans, Max Linder risquait tout de même la prison….
Dans l'espoir de la faire changer d'avis, il avait enlevé la jeune fille pour se réfugier à Monte Carlo. Une fuite romanesque sous forme de roman-feuilleton, assidûment suivie par les journaux de l'époque ! Le couple fugitif sera assez vite retrouvé, et cette rocambolesque histoire finira dans les effusions, les pleurs, et finalement….. par le mariage tant désiré !

Mais le bonheur est fugace. Max Linder est d'une jalousie effroyable, maladive, compulsive. Il se comporte comme un despote envers sa femme, n'hésitant pas à la priver de sa liberté en la cloîtrant, allant jusqu'à la menacer d'un revolver. La pauvre femme dut subir le caractère irascible et jaloux de son mari qui allait conduire à sa perte. Car le 31 octobre 1925, à l'Hôtel Baltimore où ils logeaient, on trouva Max Linder et sa femme, étendus sur leur lit, du sang plein les draps. Un rasoir et deux flacons de morphine posés sur la table de chevet. Les veines du poignet gauche sectionnées. Agonisants, ils furent transportés d'urgence dans une clinique avoisinante, mais n'ont pu être sauvés. Elle donna son dernier souffle à 17 heures, lui survécut encore quelques heures.
Mais la question qui taraude tous les esprits est la suivante : Max Linder a-t-il tué sa femme avant de se suicider ?
Ce que les journaux nomment pudiquement par "suicide par persuasion" cache-t-il en réalité un meurtre habillé en suicide ? Il est permis d'y croire, tellement les circonstances du drame sont floues et laissent entrevoir le pire. Personnellement, je serais plutôt enclin à penser que, pris dans le tourbillon de ses angoisses et dévoré par une jalousie destructrice, Max Linder a fini par assassiner sa femme. Qui avait tout de même pris ses dispositions testamentaires (à 19 ans !) quant à la garde de sa fille, au cas où son mari viendrait à la tuer...
Elle avait déjà manifesté le désir de divorcer de son mari, devenu invivable. Mais Max Linder avait fait des pieds et des mains pour qu'elle reste, au nom de leur enfant. Elle avait cédé. On connaît la suite.


Jean Mitry  donne à cette tragédie une explication que je trouve au fond très juste. (1) Il émet l'hypothèse que Max Linder est devenu au début des années 20, comme beaucoup après lui, une star déchue, éclipsée par l'éclosion de nouveaux talents. Autrement dit, vulgairement parlant, il aura fait son temps. Max Linder ne l'aurait, tout compte fait, ni accepté, ni supporté.
Confronté aux nouvelles étoiles montantes du cinéma muet, il n'a sans doute pas supporté de voir sa popularité décliner, s'effacer peu à peu, et n'a pas accepté que d'autres stars lui ravissent sa place de «Roi du rire». On peut imaginer que cette situation l'a intérieurement miné, et qu'il s'est morfondu dans une longue dépression, sournoise, insidieuse et finalement fatale. C'est ainsi que Jean Mitry s'explique le suicide de Max Linder, tant est qu'on puisse donner une explication rationnelle à un acte qui défie la raison.
À cela, je rajouterai une chose :  la peur, l'angoisse, tapie dans l'inconscient collectif des plus grands comiques de ce monde, la peur de ne plus pouvoir faire rire, face à laquelle le cinéaste semble avoir été désemparé.
En 1922, sous le soleil californien, Max Linder reçoit chez lui, Robert Florey, correspondant à la revue Cinémagazine. Le ton de l'interview m'a singulièrement frappé. Car, sous son air jovial, Max Linder laisse libre cours à une mélancolie et un désenchantement inhabituels. Derrière sa bonhomie naturelle, l'amorce d'un profond désarroi pointe le bout de son nez. Il semble même en proie à une véritable crise existentielle, et ne s'en cache pas. «Je sens que je ne suis plus comique.» lâche-t-il à Robert Florey, dans un aveu terrible. Voilà, peut-être, la pire des angoisses, dévastatrice pour un comique, celle que Charlie Chaplin avait mise en scène dans Les feux de la rampe, une angoisse que Max Linder n'aurait finalement peut-être pas réussi à exorciser.  


The Three Must-Get-Theres, sorti en 1922, est le dernier film réalisé par Max Linder pendant son ultime séjour aux États-Unis. Il a bien failli ne jamais voir le jour, puisque au début du tournage, Max Linder se brûla les yeux avec une lampe à arc et faillit y perdre la vue.
C'est en assistant à une projection privée du film de Fred Niblo, Les Trois Mousquetaires, qu'il lui vint l'idée de faire, moins une adaptation à proprement parler du roman d'Alexandre Dumas, qu'une caricature du film de Niblo et du personnage de d'Artagnan incarné par Douglas Fairbanks. Max Linder, et ce n'est pas là la moindre de ses qualités, est d'une imagination débordante, le scénario foutraque est truffé d'anachronismes. Les scènes de combat et de duels sont filmées comme des ballets. L'acteur brille par ses réelles et formidables qualités d'escrimeur, et nous offre des moments de haute voltige. Le tout porté par une superbe partition de Maud Nellissen.

S'il y a une chose qui détonne particulièrement dans ce film, c'est le rythme ! Dieux du ciel, quel rythme !
Si le rythme est une science, aucun doute, Max Linder en possède manifestement toutes les clefs. Le film est bâti sur un montage rapide, sans temps mort, et la dernière demi-heure file à une vitesse prodigieuse ! La copie, restaurée, est issue du Musée du Film Néerlandais, les intertitres ont été recréés dans le style de l'époque, avec de croustillants jeux de mots. Un art à part entière, subtil, qui renvoie aux premiers temps du film muet, où les rédacteurs d'intertitres, payés plus de deux dollars le mot, se creusaient la tête pour être drôle...C'est dire la valeur et le poids des mots. 


Étrange destin que celui de Maud Linder, orpheline à 16 mois, après le suicide de ses parents. Elle fut pendant une décennie l'objet d'une lutte acharnée pour l'obtention de sa garde, entre sa grand-mère maternelle, Mathilde Peters, et son oncle, Maurice Leuvielle, frère du cinéaste à qui Max Linder avait confié par lettre testamentaire la tutelle de sa fille.

Je me demande parfois quel mélange de sentiments contrastés a dû éprouver cette jeune fille après la tragédie. Elle avait toutes les raisons d'en vouloir à un père tenu responsable, et instigateur, du drame familial. Car le suicide de ses parents, la laissant incompréhensiblement orpheline à 16 mois, avait de quoi bouleverser, dérouter, une jeune fille en quête de son identité. Et chose peu banale, elle découvre que celle qu'elle prenait pour sa mère n'est, en fait, que sa grand-mère maternelle, et ne voit son père, pour la première fois à l'écran, qu'à l'âge de 20 ans. C'était à Versailles, dans un petit cinéma, le Trianon, qui jouait Sept ans de Malheur. Pour l'anecdote, Maud Linder raconte qu'à l'entrée du cinéma, elle s'est fait refouler parce que les entrées étaient uniquement réservées aux abonnés ! Mais quand elle s'est présentée comme étant la fille de Max Linder, on lui a déroulé le tapis rouge...


Bien sûr, elle a dû se reconstruire, et accepter cette autre vérité, tout aussi difficile à entendre : quoi qu'il ait fait, Max Linder était malgré tout son père. Ce père, elle ne l'a jamais jugé, et comme elle le dit elle-même, elle a fini par l'adopter.
Voilà qui explique pourquoi elle s'est toute sa vie employée à honorer sa mémoire, et ressusciter ses films, dont certains, à défaut être définitivement perdus, étaient néanmoins tombés dans l'oubli. Le suicide avait scellé leur sort. Même sa famille en fit peu de cas, puisqu'ils furent enterrés dans le jardin familial par un frère aigri et jaloux. C'est dire le peu d'estime fait à son immense patrimoine cinématographique. C'est Maud Linder qui les déterra bien des années plus tard. Malheureusement, il ne reste plus grand-chose à en tirer, les précieuses bobines se trouvant dans un état de décomposition avancée, car même pas rangées dans des boîtes !  Ce qui ne l'empêche pas de poursuivre son travail. Le travail de toute une vie. Elle s'est résolue à défendre et réhabiliter l'œuvre de son père, qui méritait bien mieux que l'oubli où il était tombé. Allant jusqu'à s'endetter pour récupérer un maximum de films auprès des collectionneurs du monde entier. Aujourd'hui, malgré les films perdus, il est heureusement possible de renouer avec ces glorieuses années du cinéma français et de (re)découvrir les charmes et l'élégance d'un comique qui savait faire rire sans être vulgaire.

(1) Anthologie du cinéma : Max Linder 1966.


Bonus :


J'ai parcouru les journaux d'époque, Le grand écho du Nord,  l'Excelsior, le Journal, Paris-MidiParis-SoirL'Intransigeant, et bien d'autres encore... Je n'ai eu aucune peine à récolter quelques articles de presse sur Max Linder, dont la personnalité et la célébrité revenaient souvent sur le devant de la scène. Des articles parfois truculents écrits dans un style si lyrique et emphatique !
Ma préférence va pour cet inénarrable article écrit par le journaliste Émile Massard  dans La Liberté  :  Max conduisant une auto pendant la Grande Guerre, sous le sifflement de la canonnade Teutonne ! Un épisode qui aurait mérité un film !





  
La Liberté du 07 Avril 1923
Un enlèvement qui se termine 
par un mariage....
                   
                                                                       









La Liberté du 30 Avril 1923
Tout est bien qui finit bien....





Max au volant sous le feu de l'artillerie Allemande...
La Liberté (7 avril 10923)











Comoedia, le 01.11.1925.
Les circonstances du drame.




  

Comoedia 01.11.1925
Le portrait d'une Légende
du cinéma.




 Quand Max Linder et Charlie Chaplin s'imitent
mutuellement, c'est inévitablement drôle...







Livres, revues  et Journaux :




Livres :



- Les Dieux du Cinéma MuetMax Linder par Maud Linder. (PDF - 81p)  Sorti en 1992, cet ouvrage magnifique, richement illustré, a été écrit par la fille du cinéaste. Le livre se feuillette comme un album de famille, et la vie de Max Linder défile aux rythmes des photos et du très beau texte écrit par Maud Linder. Vraiment un bel objet de collection.









Max Linder par Charles Ford.  (PDF - 31p) Récupérées sur la toile, les 30 premières pages de l'ouvrage.

- Extrait de La Parade est passée, de Kevin Brownlow, qui évoque ici comment les intertitres étaient créés aux débuts de l'ère du Muet.  (PDF - 5p)


Anthologie du cinéma : Max Linder par Jean Mitry. (PDF - 23p)
Écrite en 1966 par l'un des plus célèbres critiques et historiens du cinéma français, cette biographie restitue le parcours du cinéaste, sa vie, et nous présente la situation des comiques d'avant-guerre.  
C'est aussi l'occasion pour Jean Mitry de témoigner de sa rencontre avec Max Linder, en 1925, peu de temps avant sa mort. En fait, le cinéaste avait besoin de gagman pour son prochain film, Le Chevalier Barkas, et Jean Mitry, alors jeune étudiant, s'était empressé de le rencontrer pour lui soumettre quelques idées. L'occasion pour Jean Mitry d'être témoin, bien malgré lui, de la jalousie maladive de Max Linder envers sa femme.






Revues : 
Vie et mort de Max Linder. (L'Impossible, juin 2012 - PDF - 6p)


Max Linder à Varsovie par Irek Dembowski. ( PDF - 4p)
Comment, lors de sa tournée triomphale européenne en 1914, il fut victime d'une tentative d'enlèvement à Varsovie, où il devait faire escale pour présenter l'un de ses films. Un épisode  rocambolesque, digne d'un roman d'aventures !

Gabriel-Maximilien Leuvielle et Charles Petit-Demange. (1895, revue d'histoire du cinéma,n°1,1986)  La présentation de deux comiques de l'époque, Max Linder et Prince Rigadin, deux figures comiques qui, il faut bien l'avouer, n'ont pas connu les mêmes destins… (PDF - 4p)

Cinémagazine. 1922. N°673. (PDF - 2p) Présentation chaleureuse du film, l'Étroit Mousquetaire  par l'envoyé spécial du magazine, Robert Florey.



Cinémagazine. 1922. N°700. (PDF - 4p)  Victoire Guillaume-Danvers rapporte les débuts de Max Linder au Théâtre de l'Ambigu, alors qu'il n'avait que 17 ans….


Cinémagazine. 1922. N°10. (PDF - 3p)  En dîner en tête-à-tête avec Max LinderRobert Florey nous fait voir un Max Linder en proie aux doutes face aux exigences d'un public en quête de films toujours plus sophistiqués.


- Cinémagazine. 1921. N°641. (PDF - 4p)

Ciné pour tous.1919. N°16. (PDF - 3p)

Cinémonde.1947. N°694. (Jpg)




Journaux  :



Candide. 21.01.1935 (3jpg)

Cinéfrance. 29.10.1938 (jpg)

Comoedia.  01.11.1925 /02.11.1925 et  03/08/1923 (3jpg)

Excelsior.  01.11.1925 (jpg)

La Charente.01.10.1913 (jpg)

La Liberté. 07.04.1923/28.04.1923 et 30.04.1923 (4jpg)

La petite presse. 26.10.1913 (jpg)

- Le Grand Écho. 03.11.1925 (2jpg)

Le Journal. 27.04.1923 (jpg)

- Le Petit Journal. 23.11.1927 (2jpg)

L'Écho. 06.01.1935 et 26.11.1927 (3jpg)

L'Homme libre.  02.11.1925 (jpg)

Paris-Midi. 03.01.1935 (2jpg)

Paris-Soir. 27.08.1938 (jpg)

- Le Monde. 18.10.2012 (PDF-2p)

- L'Intransigeant 02.11.1925 (3jpg)

Courier Français 28.09.2007 (PDF -1p)




Vidéo :

L'homme au chapeau de soie, documentaire de Maud Linder réalisé en 1983. Une plongée dans la Belle Époque et  dans la vie de Max Linder grâce aux archives d'époque, photos et aux larges extraits de ses films. Un régal. (Remux Blu-ray - Audio : Français, Anglais, Italien - 1h38mn - MKV)


- Avec son bagout et sa verve habituelle, Maurice Chevalier nous présente Max Linder. (Video INA - 4 mn - MP4)

- Entretien avec Maud Linder pour l'émission Cinq colonnes à la une. (Remux Blu-ray - Audio : Français-  St : Anglais - MKV - 7mn) : 

- Qui fut Max Linder ? (Vidéo INA - MP4 - 4mn) Pour reprendre les mots de Marcel Achard : "Célèbre comique français qui a été non seulement le précurseur, mais l'inventeur du comique américain." C'est clair non ? 

Radio :

Le cinéma de Max Linder par Jean-Claude Carrière. (France Culture - Flac - 8mn)

- Autour de Max Linder. (France Inter - Flac - 27 mn) Avec Pierre Étaix et Stéphane Goudet.

Retour sur l'œuvre de Max Linder. (France Culture - Flac - 34 mn) Avec les participations de Serge Bromberg, Pierre Étaix et Stéphane Goudet.

- Présentation du coffret Blu-ray des films de Max Linder par Thierry Paul-Benizeau. (France Musique- Flac - 10 mn)


Sites Internet : 



https://www.lesoir.be/art/son-pere-etait-max-linder-maud-linder-fille-de-la-star-_t-19920610-Z05FG7.html

Portrait de L'artiste par sa fille. 






Pour les amoureux de Max Linder, je vous invite à consulter le blog de Christophe Pavillon, grand admirateur de Max Linder devant l' Éternel, et qui témoigne de sa rencontre avec Maud Linder
Pour le compte de Web TV Etoiles du Cœur, vous pourrez suivre un entretien avec Maud Linder qui, du haut de ses 91 printemps, et pendant près de trois heures, (!) nous parle de son père évidemment, qu'elle n'a pas connu, de spiritisme, de Dieu, de foi, de journalisme, de Chaplin, soit un large éventail de sujets, qui lèvent un peu le voile sur cette femme d'exception.

Entretien avec Maud Linder :  (18mn)


Kermite.


Liens :


Film :


https://1fichier.com/?amxne36t77owc18b6h0r
https://1fichier.com/?4dxkzf08mnws9hta7fpt
https://1fichier.com/?jb4lf6jqyb0amyk0bcrd
https://1fichier.com/?rvxp4woptnz1l9xi0ybf
https://1fichier.com/?7gqkwcqo0wn6r3rcam0m




Bonus :


https://1fichier.com/?v0kt1sckxphl86f6vknx
https://1fichier.com/?23634t7a3kitvxfyzp4y
https://1fichier.com/?kl7kcgzic9pcytplbqyp
https://1fichier.com/?9cr3qxyiecljql0s70q4
https://1fichier.com/?9lug4m0x76nhxkuqdn01
https://1fichier.com/?oy2eas21wo3zv3g8cs8e
https://1fichier.com/?7cezb46pzklue7heitpe
https://1fichier.com/?vywizizo1y03ur9hbibe
https://1fichier.com/?puzpmzs1ujbrz4attsq2
https://1fichier.com/?x24afe3lrf5dnk21ekcq







dimanche 3 mai 2020

PSG-Saint-Etienne - Finale de Coupe de France 15 Mai 1982





Après Michel Hidalgo, c'est au tour de Robert Herbin de nous quitter. Triste année 2020 qui semble vouloir se débarrasser de toutes ses anciennes étoiles du football. Une page de notre histoire se referme, mais les souvenirs restent heureusement. Ainsi, la fabuleuse épopée des Verts en Coupe d'Europe aura fait chavirer la France entière et suscité un incroyable engouement pour ces jeunes pousses vertes. 
Cette équipe-là, Robert Herbin l'a mise sur pied en privilégiant la formation des jeunes, et en appliquant rigoureusement sa philosophie de jeu, qui pouvait se résumer par cette maxime implacable : un match de football est un combat qu'il faut gagner !  Et pour mettre toutes les chances de réussite de son côté, Robbie va mettre ses joueurs dans les meilleures conditions possibles. Ainsi, c'est lui qui instaure les retours en avion à la fin de chaque match, évitant pour les joueurs, les longs retours en train du lendemain, fastidieux et éreintants. 
Mais là où son apport fut déterminant, c'est dans la vision résolument moderne qu'il réussit à imprimer dans le jeu lui-même, et valable encore aujourd'hui. Car Robbie a très vite compris qu'un combat ne se gagne pas sans un minimum de préparation physique. Il a donc développé des méthodes de travail visant à muscler la condition athlétique des joueurs, à développer leur potentiel par des entraînements physiques qui le faisaient passer pour un tortionnaire…. Ces séances d'entraînement sans ballon étaient en elles-mêmes une sacrée petite révolution  !   
Il est évident que toutes ces bases posées avaient pour seul objectif de proposer un football offensif, largement inspiré par le modèle du genre : l'Ajax Amsterdam de Johan Cruyff.  

Robert Herbin a redonné du peps à un football français qui en manquait singulièrement. Moribonde et sans inspiration au début des seventies, l'équipe de France traverse un désert dont elle ne voit pas le bout, et se complaît dans la lose. Nos clubs hexagonaux ne sont même pas fichus de passer le stade des 16e de finale dans les coupes européennes. La misère. 
Devenu entraîneur en 1973 de l'A.S Saint-Étienne après y avoir fait une admirable carrière en tant que joueur, (il finira deuxième meilleur buteur de D1 en 1966, avec 26 buts) Herbin va booster un football français défaitiste et sans saveur, le sortant de sa léthargie, pour le hisser à l'échelle internationale et lui faire apprécier le goût des victoires.       
Reste cette finale perdue à Glasgow qui restera pour Herbin, même 40 ans plus tard, une cruelle désillusion qu'il n'aura jamais réussi à digérer. C'est dire combien les finales perdues peuvent laisser des traces.  



                                                                         
Solitaire, secret, impassible, Robbie avait une personnalité qui tranchait singulièrement dans le monde du football. Il avait hérité de son père, musicien tromboniste à l'Opéra de Nice, un goût pour le classique et cultivait une passion pour Wagner et Mahler. Il restera dans nos cœurs comme cet architecte perfectionniste qui insuffla au football passion et rigueur. En somme, un chef d'orchestre légendaire d'une équipe qui ne l'était pas moins.


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Je me souviendrai toujours de ce quart de finale retour de la Coupe d'Europe des Clubs Champions contre le Dynamo de Kiev. Un match fou, épique, passionnel, qui est entré dans la légende. C’était le 17 mars 1976 à Geoffroy-Guichard, et pour moi, le premier match de foot que je voyais sur écran. Un événement. Les retransmissions TV ne courent pas les rues à l'époque…. 
Sur le petit poste de télé noir et blanc, j'assistais ce jour-là, à un match explosif, où les joueurs, portés par un public chauffé à blanc, ont éprouvé dans leur corps les limites extrêmes de leur résistance physique. Je me souviendrai toujours de cette action de jeu totalement folle à l'heure de jeu, où ce diable de Blokhine (Ballon d'Or 75 s'il vous plaît) sur une course fulgurante de 60 mètres, donne le tournis à toute la défense Stéphanoise, pour filer, seul, vers le but. C'était sûr, il allait marquer. Seul au point de pénalty, il pouvait tranquillement ajuster Curkovic... Et à 1-0 pour le Dynamo, adieu les rêves de finale... ! 
Mais incroyable, au lieu de tirer, Oleg Blokhine temporise par péché d'orgueil. À vouloir la jouer trop personnelle et briller par un ultime dribble, il se fait contrer in extremis par un Christian Lopez revenu à toutes berzingue ! In-sen-sé ! Ah.... les Russes devant leur poste de TV ont dû à cette même minute, s'arracher les cheveux de la tête !





Mais l'action continue, Lopez dégage en catastrophe, Oswaldo Piazza récupère le ballon au rond central, accélère dans l'axe, une-deux avec Patrick Revelli, et c'est son frangin Hervé qui reprend d'un tir foireux et marque ! Hallucinant ! En deux passes, les Stéphanois font basculer la rencontre...


Une minute de pure folie face à Kiev.






En commentant 40 ans plus tard le but, Christian Lopez pourra dire très justement : voilà, ce n'est pas compliqué le football.... !
Après le but, c'est du délire dans les tribunes ! Le stade en ébullition explose, les spectateurs exultent, quelle ambiance de folie ! Justement, les spectateurs, parlons-en, il y en avait partout ! Agglutinés jusque sur les poutres et le toit du stade ! Inouï !  Ce match-là marque le début de ma passion pour le football. Non, je n’oublierai jamais, j'avais huit ans, et je venais de vivre mes toutes premières grandes émotions.


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15 Mai 1982. Finale de Coupe de France. Match passionnant. Des buts et du suspense. Spectacle assuré. Je rappelle juste le contexte : en avril 82, l' affaire de la Caisse noire éclate au grand jour et plombe sérieusement l'ambiance chez les Verts. C'est la crise, et déjà se profile à grands pas la fin d'une époque. Platini joue son dernier match sous le maillot Stéphanois avant de filer vers la Juventus, rejoindre Dino Zoff et ses potes. Les nostalgiques auront un petit pincement au cœur en revoyant ces images. Mitterrand et Chirac, côte à côte. On a droit à la très révérencieuse interview du Président à la mi-temps. Michel Drucker et Didier Roustan aux commentaires. L'incontournable Mr Vautrot en arbitre du soir. On trouvera des ralentis interminables au millième de seconde (!) et cette scène un peu surréaliste, où le journaliste sportif Georges Dominique, en espion venu du froid, micro tendu, s'échine à arracher à la mi-temps de la prolongation, les ultimes conseils du Sphinx à ses joueurs ! 
Maintenant, place au jeu. À vous Cognacq-Jay !




Bonus:



 Coupe de France 1970. A.S Saint-Etienne-Nantes. Même le commentateur s'est laissé surprendre par le but de Robbie. Une somptueuse tête lobée !







 

Vidéo : 



- Saint-Etienne, l'épopée 1975-76 (HDTV -TS - 90mn)  : les plus belles heures de l'épopée Stéphanoise, revues par les acteurs de l'époque, quarante ans plus tard. Émotion assurée. 


Saint-Etienne, une équipe modèle. (Vidéo INA - 13m - MP4) Une visite guidée dans les coulisses du club en 1974. C'est toute la structure administrative et sportive qui est ici passée au crible, de son Président Roger Rocher à… la blanchisseuse ! Toute occupée à laver et repasser les maillots des joueurs ! Vraiment une autre époque...

1976. Sept questions posées à Robert Herbin, l'entraîneur des Verts. (Vidéo INA - 11 mn - MP4) Longtemps décrit comme un Sphinx délivrant ses conseils au compte-goutte, Robert Herbin montre ici qu'il pouvait avoir le verbe facile et la parole aisée. 

Robert Herbin et Jean-Michel Marqué sont interviewés à la veille de leur demi-finale contre le PSV Eindhoven, en 1976. (Vidéo INA - 4mn - MP4)
- Portrait d'Ivan Curkovic. (Vidéo INA - 5mn - MP4)
Un match au sommet : Saint-Etienne -Marseille.18 octobre 1970. Une affiche alléchante du championnat français oppose Saint-Etienne à Marseille. Résumé du match, avec à clef, un joli but de Robbie d'un tir en pleine lucarne. (Vidéo INA - 15mn - MP4)
- Résumé de la finale de Coupe de France Lens-Saint-Etienne 1975  (Vidéo INA - 4mn - MP4)


Revue de presse : Hommages à Robbie. Portraits et témoignages.

Le Monde du 29 avril 2020 (PDF-1p)
L'Équipe du 29 avril 2020 (PDF-6p)
Le Parisien 28 avril 2020 (PDF-1p)

et quelques articles d'époque :

Le progrès du 15 et 16 mai 1985 (Jpg) et la Une de l'Équipe du 15 mai 1982 (Jpg) 



Kermite.


Liens :   


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https://1fichier.com/?yzwkufie66jtkd9aq8q1
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vendredi 17 avril 2020

Le Prince Igor - Borodine (Opéra)





C'est mon goût pour les musiques orientales qui m'a amené à découvrir Le Prince Igor d'Alexandre Borodine. Je découvrais alors la musique classique, vaste étendue lyrique à mes oreilles inconnues. La musique russe éveillait chez moi une effusion de sentiments. La musique symphonique de Rimski-Korsakov m'enivrait avec ses parfums d'Orient et ses arabesques soyeuses. Les tourments de Tchaikovsky étaient les miens. Pouvait-on trouver une œuvre plus impétueuse, plus orageuse, que sa symphonie n°4 ? Et que dire de Rachmaninov, dont les envolées lyriques me bouleversaient ? Ses deux trios élégiaques pour piano, violon et violoncelle m'étreignent le cœur à chaque écoute. Alors que l'île des morts, poème symphonique d'une tristesse abyssale, m'hypnotise par sa beauté morbide. Cette musique avait sur moi une telle emprise, que je me souviens avoir fait un jour un rêve extraordinaire, un de ceux qui vous marquent toute votre vie. 
J'étais entré par effraction dans un vieux cinéma, sans avoir acheté de billet, je pensais y voir un vieux film, mais à ma surprise, c'est à un concert de musique classique que j'eus droit. 
J'entends déjà la musique, étrangement, je ne vois pas d'orchestre. Un artiste est sur scène, seul et muni d'un  fusain, dessine sur une toile de peintre posée sur un chevalet, ce que la musique lui inspire. Entre lui et moi s'ouvre un horizon fabuleux, dans lequel personne ne pouvait s'interposer. 
Je l'observe attentivement. Je suis vraiment subjugué, fasciné par cet artiste. Et d'un coup, me voilà subitement projeté à ses côtés ! Je pouvais le toucher, c'était magique ! Les rêves ont la faculté de passer du coq à l'âne, en apparence du moins, car à y regarder de plus près, pour peu qu'on prenne le temps de les comprendre, ils sont le plus souvent d'une limpidité effrayante. Cet artiste m'avait choisi, moi, pour me faire partager l'intimité de son travail, et c'est bien aux mystères de la création que j'avais le privilège d'assister. 
Je m'immisce sans crier gare dans ce que je pensais être les arcanes de la création. Je percevais comment au fil des coups de fusain, la toile s'animait, prenait vie, comment le dessin prenait forme, baigné par une musique toujours plus prégnante. C'était comme si l'artiste avait voulu me dire des choses, me faire passer un message. Chose étrange, je n'arrivais pas à visualiser le tableau, et ce que je prenais pour un fusain était en fait un bâtonnet d'encens. 
Je découvrais néanmoins que les intentions de l'artiste étaient de créer une toile immense, recouvrant  toute la salle de cinéma ! Mais cette toile semblait fictive, je ne la voyais pas. Elle se matérialise et prend subitement corps, juste à l'endroit où je me trouvais. Voilà, l'artiste semble avoir terminé son œuvre. À ma surprise, il déchire un coin de la toile, l'emballe dans du papier cellophane, et m'en fait don sans que je ne m'y attende. Je suis touché par le geste de cet homme qui m'offre ce qu'il a de plus précieux en lui : un bout de son âme. Le voilà qui s'éclipse et la musique reprend le dessus. 
Le concert va réellement commencer, et je n'ai toujours pas de billet ! Je ne peux décrire, à ce moment-là, le sentiment de plénitude qui m'envahissait. Je reconnaissais instantanément l'air. L'île des morts de Sergueï Rachmaninov. C'était inouï, je percevais la musique dans toutes ses lignes mélodiques !
Je ne suis pas musicien, je n'ai d'ailleurs jamais rien compris au solfège, les cours de musique étaient pour moi un vrai supplice. Je récitais mes gammes par cœur, parce que j'étais incapable de lire les notes, ces croches, doubles croches, pour moi, c'était du charabia. Au grand désespoir de mon professeur, qui voyait bien qu'il n'allait malheureusement rien tirer d'un olibrius comme moi. 
Et là, dans mon rêve, mon cerveau restitue de mémoire, une œuvre symphonique entière, presque à la note près ! Je sais que les sceptiques pourront penser que j'exagère un peu, pourtant, cette chose inouïe a été possible, je ne sais comment. C'est comme si la musique de Rachmaninov, tel un tsunami, s'était engouffrée par tous les interstices de ma peau, avait dévalé et inondé tous mes sens, pour prendre possession de moi.
Mon cerveau m'a insufflé une énergie créatrice, capable de moduler une direction d'orchestre à la mesure d'un maestro… Avec en prime, un sentiment de plénitude, de force extraordinaire.
Mais je reviens un instant à mon rêve. 
J'écoute donc avec une prodigieuse attention cette musique si belle et si triste. Je n'ai toujours pas de billet, mais l'envie est trop forte, je m'installe dans un fauteuil.
La tension dramatique de cette œuvre me rentre par tous les pores de ma peau. Mais déjà un contrôleur, tel un pitbull, se pointe dans ma direction. Il veut voir mon billet. Paniqué, je prétexte une envie pressante ! Seulement le subterfuge ne marche pas. En désespoir de cause, je lui montre le petit bout de toile que l'artiste m'avait généreusement offert, je pensais qu'il pouvait me servir de passe-droit, de laissez-passer. Mais le contrôleur découvre la supercherie ! Je suis fichu ! 
Faut que je me barre au plus vite, ça sent le vinaigre pour moi ! Je me dirige droit vers la sortie. Gardée par un colosse à la gueule patibulaire. Il a tout de suite pigé que je voulais me faire la malle sans payer. Je lui rentre dans le lard, et j'essaye de m'enfuir à toutes jambes. Contre Mister T. c'est peine perdue ! Il m'agrippe, m'empoigne, me traîne dans une pièce vide. Je sens que je vais passer un sale quart d'heure. Une nouvelle fois, j'essaye de m'extirper, de me libérer. En vain. Cet abruti ne me lâche plus. Allons allons qu'il me dit, ne vous énervez pas comme ça. Allez, suivez-moi !
Et moi : non, je ne veux pas, je ne veux pas ! Laissez-moi ! 
Et dans un élan de détresse absolu : je vous en supplie, ne me faites pas payer !

Certains rêves frappent par leur vitalité et l'incroyable sentiment de force qu'ils vous laissent au réveil. Je me souviens que ce rêve m'avait obsédé des semaines durant. J'étais, à cette époque, très versé dans le monde onirique et ses symboles. Je pressentais combien ce monde souterrain, paré de sa plus mystérieuse logique, pouvait conduire à une meilleure connaissance de soi-même. 
Je lisais Freud et Jung surtout. La possibilité d'un inconscient collectif m'avait ouvert des nouveaux horizons. Je parcourais avec une curiosité grandissante les travaux de Mircea Eliade sur les mythes et les rites initiatiques. Je remarquais que certains de mes rêves, par leur structure, leur symbolisme, présentaient une étrange similitude avec certains mythes évoqués par Mircea Eliade, comme si nos rêves suivaient un schéma architectural primitif, et que nous y étions inconsciemment soumis. Ces rites d'initiation qui se manifestent le plus souvent par la mise en scène d'une mort symbolique, suivie d'une résurrection, répondent à un besoin fondamental de renouvellement. Comme si nous avions besoin, pour vivre, de réparer, raffermir, sanctifier un monde sujet à la contingence et aux vicissitudes du temps. Mais justement, n'est-ce pas là une des fonctions du rêve que de nous amener à affronter chaque jour avec un esprit neuf, revigoré par un sommeil réparateur ? 
Je noircissais des cahiers de mes escapades nocturnes. J'avais toujours près de moi, bloc-notes et crayon, prêt à coucher sur papier ces histoires sans queue ni tête. Dès que je me réveillais la nuit, je notais, dans les brumes d'un demi-sommeil, tous les détails du rêve, ses intrigues, ses dialogues parfois surréalistes. Le moindre détail ayant son importance, je notais absolument tout, du moins tout ce dont je me souvenais. La chose était aisée, parce que je gardais miraculeusement en mémoire la trace de mes rêves. 
Mais ce rêve-là m'avait tant impressionné, obsédé, interpellé, qu'il m'a littéralement épuisé en essayant d'en saisir le sens. Ce que je crois en avoir compris s'est imposé à moi sous la forme d'une révélation. 
Comment ne pas comprendre que le spectacle auquel j'assistais, ce qui se jouait sur scène, n'était pas un spectacle ordinaire. J'étais ce spectateur privilégié, et tel un Narcisse qui s'ignorait, je me contemplais, et voyais sur scène mes aspirations artistiques prendre forme.
C'était un peu de mon âme qui trouvait là un moyen de se révéler. Mise à nu, comme exposée devant moi sur un plateau, elle prenait les traits de cet artiste à la fois peintre et gourou. De fait, j'assistais, hypnotisé, au spectacle et à l'accomplissement de ma propre spiritualité, et la musique de Rachmaninov en était la singulière expression. Tel un Chaman jonglant avec les esprits, j'étais moi-même devenu chef d'orchestre, jouant avec les notes et possédé par une musique qui s'enracinait en moi.
Que le lecteur me pardonne de m'être un instant éloigné du Prince Igor pour avoir abordé une expérience onirique personnelle. Mais j'ai voulu jeter un œil sur les motivations  qui me font tant aimer la musique russe et comprendre pourquoi elle éveille en moi les émotions les plus fortes.
Et il est grand temps pour moi de dire enfin quelques mots sur l'opéra de Borodine !


Le 
Prince Igor est le seul opéra écrit par Alexandre Porfirievitch Borodine.  Partagée entre médecine et chimie, sa vie ne lui laissait en effet guère le temps de s'adonner à la composition. Sans compter, qu'aux dires de ses amis, il fallait le pousser un peu pour qu'il mette à profit ses talents de compositeur... 
Pour autant, Borodine avait non seulement des talents de musicien (il jouait lui-même de la flûte, du piano et du violoncelle), mais un merveilleux don pour la mélodie. Franz Liszt lui-même, qu'il rencontra plusieurs fois au cours de son existence, sera un des premiers à reconnaître l'originalité et la finesse de ses œuvres. Il saura aussi trouver les mots justes pour lui prodiguer conseils et encouragements.
Autodidacte, Borodine se qualifiait lui-même comme un «simple musicien du dimanche». Ses activités de chimiste à l'Académie Militaire  de Saint-Pétersbourg, ainsi que son implication dans de nombreuses sociétés de bienfaisance, accaparent toute son attention. D'où le temps exorbitant  qu'il consacrait à certaines de ses œuvres… Pas moins de 6 ans pour le compte de sa deuxième symphonie, et pour son opéra, le Prince Igor, près de… 18 ans ! Et encore, ce ne fut pas assez, puisque terrassé à 53 ans par une attaque, en faisant le pitre dans un bal costumé, Borodine laissa à sa mort, son opéra inachevé. C'est Rimsky-Korsakov, aidé par le tout jeune Alexandre Glazounov, qui se sont mis à l'œuvre pour orchestrer, réécrire, compléter, en un mot, parachever cette fresque épique à la gloire de l'ancienne Russie.


L'effervescence culturelle et le développement des arts en Russie, au milieu du 19e siècle, traduisent l'irrésistible ascension de la culture russe sous toutes ses formes. Car jusqu'à cette époque, c'est la musique européenne, plus précisément italienne, qui avait toutes les faveurs des salons aristocratiques en Russie. Ainsi, les œuvres de Locatelli, Cimarosa ou Galuppi, avaient-elles un succès auprès de la cour du Tsar. La seule musique russe se cantonnait dans les traditions orales des chants paysans. Mais le début du 19e siècle marque un tournant dans la volonté de se démarquer de la culture occidentale. Cette soudaine ébullition artistique semble répondre au besoin de faire resurgir du passé les caractéristiques de l'âme russe, de s'approprier ce qui en fait toute la saveur et la noblesse.
Dans le domaine musical, un petit groupe de cinq musiciens composé de Rimsky-KorsakovModest MoussorgskyCésar Cui,  Mily Balakirev et d'Alexandre Borodine, s'attelle à raviver le patrimoine folklorique russe, à faire revivre contes, mélodies et chansons populaires, et à puiser dans le terreau slave, ce qui fait le ferment et la fierté du pays. Ils concourent, de par leur activité, à l'élaboration d'une véritable culture nationale. 

Ainsi, l'histoire du Prince Igor devient le symbole d'une épopée exaltant les vertus de l'héroïsme, et retranscrit, dans son exaltation, la fierté de l'âme russe. L'opéra se plonge dans la Russie médiévale, au temps des guerres féodales qui ont émaillé le pays, au 13e siècle. Kiev en était alors la capitale, et la rivalité entre princes et grands ducs concourait à l'émiettement du pouvoir en place. En 1185, Igor Sviatoslavitch, prince de Novgorod-Severski, affronte les Polovtsiens, nomades turcs, et guerriers intrépides, emmenés par leur chef et KhanKontchak. L'histoire retiendra la défaite d'Igor face aux Polovtsiens. Fait prisonnier, il réussit néanmoins à se libérer et rentre à Novgorod-Severeski dans un premier temps, avant de rejoindre le grand Prince Sviatoslav à Kiev. 
C'est justement de cet affrontement historique entre Igor  Sviatoslavitch et les Polovtsiens que s'inspire Borodine pour écrire son opéra. De fait, il faut bien reconnaître que, loin de présenter un fait d'arme prestigieux propre à honorer l'histoire et la mémoire de la Patrie, l'auteur met bel et bien au premier plan, au cœur de son ouvrage, une défaite historique... 
Mais ce n'est peut-être pas un hasard si Alexandre Borodine s'intéresse de près à cette période trouble, où la Russie kiévienne, en proie à d'incessantes luttes intestines entre princes, perd peu à peu de son autorité. Le pouvoir du Tsar au 19 e siècle semble, lui aussi, perdre de sa superbe. Son autorité, de plus en plus contestée, fait émerger des failles dangereuses pour le régime, qui se maintient, malgré tout, par une répression exacerbée. Les révoltes paysannes, qui mettent à mal l'autorité du Tsar, soumettent le pays au désordre et aux troubles. Anarchistes et nihilistes sèment le chaos, des attentats se perpétuent, et ce climat de défiance envers l'autorité suprême trouve son point d'orgue dans l'assassinat du Tsar Alexandre II, en 1881, par un groupe d'anarchistes.
Peut-être, ce climat délétère où les rênes du pouvoir semblent se déliter, s'effriter, trouvera comme un écho dans les terres lointaines de la Rus' de Kiev, et  poussera Borodine à s'immiscer corps et âme dans cette lointaine épopée médiévale...
Toutefois, il ne faudrait pas oublier l'essentiel : à savoir que le livret de l'opéra repose sur un poème épique du XII e siècle, Dit de l'Ost d'Igor, un "monument" de la littérature russe médiévale, selon les dires d'Alexandre Pouchkine, à la croisée du récit mythologique et du témoignage historique. Comme l'écrit justement Victoire FeuilleboisLe Dit de la campagne d'Igor est «une œuvre complexe, composite et manifestant pourtant une rare unité.» (1) En fait, cette chanson de geste qui pourrait trouver dans la Chanson de Roland son équivalent littéraire, se situe au carrefour de plusieurs cultures : orientale, slave, panthéiste et païenne. Ce qui en fait toute sa richesse. Il est même devenu, au cours du 20e siècle, un pur objet politique et idéologique, en exprimant «avec une clarté géniale et un talent poétique extraordinaire les traits du caractère national du peuple russe, et en premier lieu son amour inconditionnel de la Patrie.» (1)(Discours inaugural de Vavilov, président de l'Académie des Sciences de l'URSS en 1951, pour le 150e anniversaire de la publication de la première édition du Dit de la campagne d'Igor
Se déclinant comme un poème épique, il s'avère être un précieux document historique. 
Je ne reviendrai pas sur l'histoire mouvementée du manuscrit et les polémiques liées à son authenticité, les philologues et historiens ayant sur la question un avis partagé, le débat n'est semble-t-il pas tranché… Les arguments, exposés par Victoire Feuillebois dans une de ses études critiques, (1) permettent de mieux cerner l'histoire du manuscrit et les nombreuses rumeurs auxquelles elle a donné lieu. L'auteur, dans sa grande sagesse, évitera d'avoir sur le sujet un avis définitif.




L'opéra en lui-même se distingue par une pléthore d'airs aux mélodies cristallines.  Il révèle la prédilection de l'auteur pour la cantilène. Les chœurs, omniprésents, apportent à l'œuvre une couleur et une vivacité saisissantes. Les célèbres et fameuses danses Polovtsiennes débordent de fureur guerrière, de furie libidineuse. Tantôt âpres et lascives, elles affichent, telles des bacchantes en liesse, une rage vertigineuse, tout en se déployant comme une ode primitive au plaisir et à la sensualité. Au fond, à travers elles, ce ne sont rien de moins que les mystères de l'Orient qui se révèlent dans leur habit d'apparat.
Voilà en somme un opéra qui mérite bien une écoute attentive, tant le souffle lyrique décoiffe majestueusement cette monumentale et guerrière fresque historique. 

(1) Le Dit de la campagne d'Igor, le mythe russe d'une épopée nationale de Victoire Feuillebois.




Bonus :



Revues et livres : 



- Le livret (extraits) du triple CD, scanné par mes soins.(PDF-6p)

-Le Dit de la campagne d'Igor, le mythe russe d'une épopée nationale (PDF-21p). Spécialiste de littérature russe, Victoire Feuillebois pose avec une clairvoyance aiguë les rivalités et polémiques qui se sont cristallisées autour de l'authenticité du manuscrit. Elle démontre comment la réappropriation d'un texte médiéval a suscité l'éveil d'une conscience nationale et a contribué, par la glorification de son passé, à l'émergence d'un sentiment national.

- Esquisse d'une vie et d'un ouvrage par André Lischke. Grand spécialiste de la musique russe, l'auteur,  pose ici les jalons d'une œuvre certes peu prolifique, mais qui se distingue néanmoins par son originalité.  (PDF-8p)

- Extrait de la biographie écrite par André Lischke et sobrement intitulée, Alexandre Borodine. Sans aucun doute, LA référence en la matière. Glanées sur la toile, les neuf premières pages de l'ouvrage. (PDF-9p)

L'enfant qui avait tant de dons par Anastasia Nakov. (PDF-3p)

- Extrait de Ma vie musicale, autobiographie de Rimski-Korsakov : un chapitre consacré à Borodine et à son opéra, le Prince Igor. (PDF-11p)

-"Étranger au Paradis" ? par Marcel Marnat. (PDF-10p)


Le Prince Igor, une icône lyrique par Olivier Rouvière. (PDF- 10p)

Danse sur un volcan par Marc Dumont. (PDF- 4p) L'auteur replace l'opéra dans son contexte historique, et revient sur cette fin de siècle tumultueuse en Russie, marquée par un pouvoir tsariste de plus en plus contesté. Attentats anarchistes et révoltes de tous bords, suscitent en effet un émiettement du pouvoir, qui refuse d'abdiquer, et se maintient dans la répression.
Borodine se prend de passion pour la Rus' de Kiev dans laquelle il peut entendre un écho lointain aux troubles de son époque. Néanmoins, en faisant de la résilience une vertu propre à enflammer le cœur d'un Russe, il réussit la prouesse de transformer la défaite historique d'Igor en hymne patriotique !


Le Prince Igor et les Ballets russes par Claire Collart (PDF-7p) ou comment les  célèbres Danses Polovtsiennes ont fait, au début du 20 e siècle, le succès des Ballets Russes,  emmenés par la troupe de Serge de  Diaghilev, qui mit surtout l'accent sur l'orientalisme de l'opéra.


- Extrait de la Revue Diapason n°599 (février 2012) : un portrait succinct du célèbre auteur des Danses Polovtsiennes. (PDF-1p)

Comment les découvertes du chimiste Kekulé empêchèrent Borodine de terminer "Le Prince Igor". (PDF - 11p) 
Je ne résiste pas au plaisir de livrer ce texte étonnant et savoureux, signé par le professeur et pharmacien, Jean-Albert Gautier, et publié dans la Revue d'histoire de la pharmacie. ( 58e année, n°204, 1970) Surtout, n'allez pas imaginer trouver ici rigorisme scientifique et formules chimiques. Bien au contraire, il est écrit dans une prose délicieuse et avec une jubilatoire espièglerie. L'auteur s'arrête un moment sur le parcours peu orthodoxe du chimiste/compositeur russe qui, outre la musique, se passionne également pour l'étude sur la condensation des aldéhydes. Les travaux scientifiques de Borodine le mettront en concurrence directe avec son homologue allemand, Friedrich Kekulé, une sommité de la chimie organique. Entre ces deux esprits scientifiques naîtra une controverse sur la primeur de leur découverte, celle d'une réaction chimique appelée l'aldolisation. 
Finalement, le Prince Igor fera malheureusement les frais de cette émulation.


Mazon et le Slovo d'Igor par Robert Roudet. (PDF-15p)


La Geste du prince Igor', épopée russe du XIIe siècle, par Robert Bossuat. (PDF-3p) 

Histoire  de la Russie et de son empire de Michel Heller (PDF-3p) Une histoire en 3 pages du Dit de l'Ost d'Igor. Difficile d'être plus synthétique... !

Musique : 

- Trouvée sur la toile, une compilation consacrée à l'immense chanteur d'opéra, Chaliapine, sous la forme d’un quadruple vinyle proposé par un collectionneur. J’ai choisi les 3 morceaux issus du Prince Igor

1.Galitsky’s Aria.Acte1
2.Khan Konchak’a Aria.Acte2
3.Prince Igor Aria.Acte2

Orchestre conduit par Eugene Goosens pour le 3
Orchestre conduit par Julius Harrison pour le 1 et 2 



Radio : 

- Une biographie du compositeur brossée dans un portrait musical en cinq épisodes. 
Alexandre Borodine à Saint Pétersbourg. (France-Musique - Flac - 5 X 28 mn) 

Internet :

- Une approche originale de la vie du compositeur examinée sous l'angle scientifique. Jérémy Monteilh, agrégé de Sciences Physiques, propose dans son blog une étude richement documentée qui permet de combiner musique et sciences dans un esprit ludique et pédagogique.








Kermite.

3 CD Flac.

Liens :  https://1fichier.com/?oqdulnh0pvwx1ifrcnjm ou 


mdp : Kermitou