Synopsis : des comportements météorologiques chaotiques menacent le monde et des secousses sismiques d'une ampleur jamais atteinte provoquent des catastrophes à la chaîne. Bientôt, dans une atmosphère de fin du monde, des tsunamis géants balaient les côtes des États-Unis...
Le grand
amateur de films catastrophe que je suis, attendais avec une impatience fébrile la sortie en DVD de Déluge,
marqué par ces incroyables scènes de fin du monde aux effets
spéciaux d'un réalisme saisissant. Et voilà qu'il sort enfin chez
nous ! Malheureusement, peut-être parce que j'y ai mis trop
d'attentes, je ne vous cache pas ma déception, tant le film, tout
compte fait, s'appuie sur un scénario aussi épais qu'une peau de
chagrin. Je m'attendais à nettement mieux.
De
ce film qu'on croyait à jamais perdu, il ne restait semble-t-il
qu'une copie italienne. Mais c'était sans compter sur l'abnégation
de Serge
Bromberg,
qui réussit à dégoter une copie du film, dans les archives
françaises du CNC à
Paris, et à la restaurer.
Déluge,
produit par la RKO,
est réalisé par un gamin de 22 ans, le dénommé Felix
E. Feist qui
n'aura franchement pas laissé par la suite un souvenir impérissable.
Notons tout de même à son actif deux films majeurs : Donovan's
Brain qui
porte le nom du roman de Curt
Siodmak en
1953, ainsi qu'un honnête western, la
Vallée des géants,
avec Kirk Douglas, réalisé en 1952. À part ça, pas grand-chose
à se mettre sous la dent.
Déluge est
donc son premier film, et on entre très vite dans le vif du sujet,
sans fioritures. Un raz-de-marée géant, suite à des tremblements
de terre d'une ampleur planétaire, menace directement les États-Unis. Juste le
temps pour les autorités de prévenir in
extremis
la population, et la déferlante s'abat comme un rouleau compresseur.
New-York est englouti en quelques minutes et le spectacle des
grattes-ciel qui se lézardent et s'effondrent par la force des
éléments naturels est incontestablement la partie la plus réussie
du film. Bien que réalisés à partir de maquettes, les effets spéciaux sont
fabuleux pour l'époque, et d'autant plus impressionnants qu'ils ont
bénéficié, pour leur conception, de moyens financiers très
limités. Les images sont parfois d'un réalisme effrayant, comme ces
fissures gigantesques qui laissent entrevoir les entrailles béantes
de la terre.
Mais
passé la séquence d'ouverture, avec ses effets spéciaux
dantesques, la tension baisse nettement d'un cran, et on se retrouve,
après l'apocalypse, dans un drôle de survival pas très réaliste,
qui frise, à mon sens, la caricature et par moments, le ridicule.
Notre valeureux héros, ayant survécu, réussit à trouver, perdu
dans ce No Man's land,
une jolie petite maison, toute équipée, miraculeusement épargnée.
Et au lieu de partir à la recherche de sa femme et de ses deux
enfants qu'il a perdus de vue pendant la catastrophe et qu'il croit
déjà morts, il s'y installe, tel un Robinson Crusoé, en attendant
des jours meilleurs. En fait, il peut remercier le Bon Dieu de
trouver un jour, presque à ses pieds, la belle Peggy
Shannon nageuse
émérite, qui s'est échouée inconsciente et à bout de forces,
après avoir nagé des heures durant, afin d'échapper à des
ravisseurs aux intentions malveillantes. On imagine facilement la
suite, comment en enterrant un peu vite sa femme et ses deux enfants, il va rapidement tomber sous le charme de la belle et mystérieuse
nageuse. En fait, la véritable star du film, c'est elle
justement, Peggy
Shannon,
objet de toutes les convoitises masculines. Car ce survival a pour
mérite de mettre en évidence l'âpreté d'un monde soumis aux
appétences sexuelles des plus forts. Bon, ce n'est pas Mad
Max, il ne faudrait pas exagérer....Et dans cette mouvance un peu glauque, il y
en a un qui tire manifestement son épingle du jeu : Fred
Kohler.
Cet acteur m'a vraiment tapé dans l'œil. Issu du théâtre et du
vaudeville, il fait une belle carrière dans le muet avant de
négocier, avec succès, le virage du parlant. Doté d'un physique
imposant, il avait pour habitude de jouer des rôles de personnages
odieux et pourris jusqu'à la moelle, en incarnant avec un naturel
désarmant la méchanceté même. Trait physique particulier : il
avait perdu deux doigts de sa main droite dans le maniement des
explosifs, alors qu'il travaillait dans une compagnie minière, à
une époque où il ne vivait que de petits boulots. Il meurt
prématurément en 1938, d'une crise cardiaque en plein sommeil, à
l'âge de 50 ans.
Dans Déluge,
il excelle dans le rôle de la brute épaisse, libidineuse, prête à
tout pour satisfaire ses instincts. Il transpire la lubricité à
plein nez, et ses attitudes, d'une rudesse sans équivoque, font de
lui un personnage qu'on aime haïr. Voilà un sacré bon personnage,
un sacré bon acteur, que j'aime parce que détestable à
souhait...
Parmi
les bons points du film, il faut souligner que Déluge est
un film Pré-Code, et qu'à ce titre, il offre des situations que la
censure par la suite ne rendra hélas plus possible.
Pour
commencer, Peggy
Shannon en
bikini nous offre un panel de ses atouts naturels des plus
convaincants... Elle partage aussi la même couche que notre héros,
aux avances duquel elle ne résiste pas longtemps... Triste fin
d'ailleurs, que celle de cette artiste qui, après avoir totalement
bousillé sa carrière d'actrice en sombrant dans l'alcoolisme,
meurt aussi prématurément, d'une crise cardiaque en 1941, à l 'âge de
34 ans, un verre vide à la main...
Déluge fait
évidemment écho à la Grande Dépression qui ravagea les États-Unis
à la même époque, et on n'est pas étonné de retrouver, à travers ces phénomènes naturels catastrophiques, le cataclysme économique qui
a secoué et bouleversé l'Amérique en la dépouillant de ses beaux
idéaux.
Finalement, nous avons donc affaire à un petit film, une curiosité, qui
se laisse malgré tout regarder, bien qu'entaché d'un scénario
prévisible et d'acteurs pas toujours convaincants. Avec un peu
d'indulgence, on pourrait même lui trouver un certain charme...
Les
éditions Lobster
Films ont
eu le mérite et l'heureuse initiative de rajouter au film, qui dure
à peine une heure, des bonus de qualité, jugez plutôt
:
- Survival
Town (3’)
: Comme si vous y étiez... une explosion nucléaire réalisée au
Nevada en 1955 et entièrement filmée... décoiffant !
-
La destruction de San Francisco 1906 (25’) : ce petit film nous
transporte un siècle en arrière, en 1906, après le terrible
séisme, à San
Francisco. La
ville est envahie par les décombres et ravagée par les incendies
qui durèrent trois jours. Des images étonnantes rapportées par une
caméra qui témoignent aussi bien de la violence de l'événement,
que de la résilience de la population prête à se retrousser les
manches et à reprendre le cours normal de son existence. Un document
captivant.
-
Un extrait des Derniers
Jours de Pompéi d’Ernest
B. Schoedsack (1935 – 10’).
À
noter que le film est sorti en Blu-ray chez Kino, mais
en VO uniquement.
Liens :
Remux DVD (VOSTFR+VF +St Fr - 720x576) :
https://1fichier.com/?30bxzmhtl3eq5q06tq27
ou :
Remux Blu-Ray (12,3 Go + VO + St anglais + St Fr synchronisés par mes soins) :
https://1fichier.com/?65z9ra6litmnsrf3gnyn
https://1fichier.com/?zcz2laai8ro4ohc89c8j
https://1fichier.com/?2273a3mwuxo0kzqu9a76
https://1fichier.com/?obduongl8wsd9b34oure
https://1fichier.com/?f5bau1zidnctfeeyrrx2
Kermite.