De nombreux débats parmi les historiens tournent souvent autour de la question de la responsabilité collective des Allemands dans le processus qui a mené à l'anéantissement des Juifs d'Europe. Comprendre comment la barbarie nazie s'est invitée au pays de Goethe, Schiller et Hölderling, comment elle a eu pour projet diabolique d'exterminer tout un peuple, portant cette vaste entreprise de déshumanisation à un niveau d'horreur jamais atteint, voilà une interrogation qui n'a jamais cessé de faire débat parmi les historiens, tant elle paraît vertigineuse et finalement insoluble.
Ou, pour reprendre mot pour mot cette lancinante interrogation formulée par Moriz Scheyer, et jetée comme un défi à notre entendement : Comment tout cela fut-il possible ? (1).
Au-delà de la question des responsabilités, il s'agit aussi de comprendre quelle a été la relation entre Hitler et son peuple. Saisir la nature du lien qui les unit, c'est aussi mesurer le degré d'emprise, de soumission et de fascination qui a conduit les Allemands à suivre inconditionnellement leur dictateur. À ce vaste domaine de recherche, sensible et complexe, le documentaire Le Peuple d'Hitler, apporte une réponse qui aurait mérité, je crois, une approche plus nuancée.
Car tous les Allemands ne furent pas des nazis convaincus, loin s'en faut, et la façon dont Hitler a été perçu par son peuple a tout de même évolué à mesure que les défaites militaires se multipliaient, et qu'il devinait soudain clair que l'Allemagne ne pourrait jamais gagner la guerre, et que, pire, elle se dirigeait droit vers une apocalypse inéluctable.
La victoire ou la mort, disait Hitler, la première s'éloignant à grands pas, quel peuple pouvait raisonnablement espérer quoi que ce fût de la seconde ?
Avec son titre accrocheur, le Peuple d'Hitler n'évite cependant pas certaines généralités, alors qu'une approche moins partiale aurait permis une meilleure compréhension de la situation en Allemagne, avant et pendant ces années de guerre. Cet angle de vue délibérément choisi tient principalement au fait que ce docu-fiction s'appuie sur le témoignage d'un officier des services psychologiques de l’armée américaine, Saul K. Padover, qui fut chargé de faire un rapport, en 1945, après la fin de la guerre, sur ce que pensaient les Allemands de leur défunt Führer.
Il laisse ses impressions dans un livre, Experiment in Germany, dont le documentaire s'inspire largement. Le Peuple d'Hitler présente les Allemands en adoration pour leur Führer, qu'ils ont hissé au rang de divinité. Ils se sont soumis corps et âme, sans protester, à la volonté de cet homme providentiel, animé d'une insatiable soif de conquête. Cet officier américain nous dépeint donc un peuple sous l'emprise de son dictateur, lui vouant un culte qui, étonnamment, perdure jusqu'à la fin de la guerre. Ce qui n'est pas faux, car on trouvera bien parmi certains Allemands cette inflexibilité dans l'obéissance et la vénération, jusqu'aux derniers jours de la guerre, mais le souci est qu'elle occulte complètement le visage de cette autre Allemagne qui s'est opposée à Hitler. La résistance allemande est ainsi passée sous silence, et la conjuration qui aboutit à l'attentat manqué du 20 juillet 1944 est à peine évoquée !
Je pense qu'il eût été plus juste, d'un point de vue historique, si on veut comprendre objectivement comment se sont comportés les Allemands, de mettre le témoignage de Saul K. Padov en perspective avec certains faits qui le contredisent. Il aurait fallu, par exemple, ne pas oublier celles et ceux qui ont bravé l'idéologie nazie par leur esprit de résistance, et ont payé de leur vie le prix de leur courage. Il y avait matière à nuancer les propos de Saul K. Padover, dont le témoignage a une portée forcément réductrice. C'est d'autant plus dommage que le documentaire, dans un souci de clarté et de pédagogie, alterne habilement fiction et explication didactique, grâce aux interventions d'une palanquée d'historiens, et en replaçant chaque événement dans son contexte historique.
Ainsi, la montée du nazisme au début des années 30 est parfaitement bien expliquée. Le terreau sur lequel il a pris racine et s'est développé permet de mieux comprendre pourquoi les Allemands ont majoritairement suivi Hitler, au point de lui vouer une foi aveugle. Les raisons de sa popularité et de son succès ? Elles sont basiques, du moins dans un premier temps. Une fois au pouvoir, Hitler a conquis le cœur des Allemands parce qu'il a offert du pain et du travail aux chômeurs. C'est un peu simpliste, je l'avoue, mais c'est pourtant bien la vérité. Même si on peut rétorquer que tous les pays ayant subi de plein fouet la Grande Dépression et le chômage de masse, n'ont pas systématiquement donné naissance à un État totalitaire affublé d'un monstre à sa tête. Il a redoré le blason de l'Allemagne, lui a redonné toute sa grandeur et son prestige international. Ce n'est pas rien. Par exemple, l'occupation de la Rhénanie par la France pendant plus de 10 ans, a été vécue comme une humiliation pour beaucoup d'allemands. Auguste von Kageneck, officier dans la Wehrmacht, confie dans Notre histoire, (2) que cette occupation par les troupes françaises était l'équivalent de l'annexion de l'Alsace-Lorraine pour nous, Français. Alors qu'il n'était lui-même qu'un enfant à cette époque, il explique que voir le drapeau français flotter sur la place de son village, et devant lequel il fallait se découvrir, constituait une véritable humiliation.
La remilitarisation de la Rhénanie par l'armée allemande a été, elle, vécue comme une libération. Voir défiler les troupes de la Wehrmacht avait suscité chez lui fierté et émotion. Donc oui, Hitler a bien effacé la honte et l'humiliation pour toute une nation accablée par les clauses du Traité de Versailles, et a réussi à entraîner son peuple derrière lui. Hitler a redonné de la fierté aux Allemands, c'est indéniable.
La remilitarisation de la Rhénanie, qui s'est présentée comme un coup de poker insensé, a été la première étape qui a amené Hitler à obtenir une série de succès sur l'échiquier international. Et à bénéficier auprès des Allemands d'une aura qui n'a fait que s'accroître jusqu'en 1941.
Une autre question centrale soulevée par le documentaire concerne la Shoah et les Allemands. Que savaient-ils exactement de l'extermination des Juifs ?
Il ne fait pratiquement aucun doute qu'ils savaient. Certains, plus clairvoyants et téméraires que d'autres, avaient justement interpellé la population allemande sur la tragédie qui s'opérait sous leurs yeux. C'est le cas par exemple des étudiants de la Rose Blanche qui dans l'été 42 avaient imprimé et distribué une série de tracts s'opposant frontalement au Nazisme. Hans et Sophie Scholl ont eu le courage et le cran de dénoncer, par une série de tracts distribués à la population, les atrocités d'un régime criminel. Et le deuxième tract ne faisait aucun mystère sur le sort réservé aux Juifs. Ainsi pouvait-on y lire :
«Notre dessein n’est pas d’étudier ici la question juive. Nous ne voulons présenter aucun plaidoyer. Qu’on nous permette seulement de rapporter un fait : depuis la mainmise sur la Pologne, 300 000 Juifs de ce pays ont été abattus comme des bêtes. C’est là le crime le plus abominable perpétré contre la dignité humaine, et aucun autre dans l’histoire ne saurait lui être comparé. Qu’on ait sur la question juive l’opinion que l’on veut : les Juifs sont des hommes et ce crime fut commis contre les hommes. Quelque imbécile oserait-il dire qu’ils ont mérité leur sort ? (...) Nous vous racontons cette suite de crimes parce que cela touche à une question qui nous concerne tous, et qui doit tous nous faire réfléchir. Pourquoi tant de citoyens, en face de ces crimes abominables, restent-ils indifférents ? On préfère ne pas y penser. Le fait est accepté comme tel, et classé. Notre peuple continue de dormir, d’un sommeil épais, et il laisse à ces fascistes criminels l’occasion de sévir.» (3)
Mais au-delà de la responsabilité collective qui est un sujet de discorde entre historiens, ce qui a été le plus souvent mis en évidence, c'est l'apathie générale, la lâcheté, l'indifférence, qui a prédominé, et expliqueraient pourquoi, finalement, les Allemands ne se sont pas révoltés, vent debout, contre un régime qui bafouait les droits les plus élémentaires de l'être humain. Pourquoi ils ont si peu entrepris contre un régime manifestant à l'égard des Juifs la plus criminelle et destructrice des entreprises. Cette passivité a été pointée du doigt, et s'il y a un crime dont le peuple allemand se serait rendu coupable, ce serait un «crime d'indifférence.» (4)
Peut-être faut-il s'immiscer dans les tréfonds de la nature humaine pour mieux expliquer et comprendre cette apathie. Interviewé par Jean-Paul Picaper qui lui demandait pourquoi il y a eu finalement si peu de résistance en Allemagne, Andreas Hermès, petit-fils de Résistant, apporte quelques éléments de réponse :
«La réponse gît certainement dans les tréfonds de la condition humaine. La crainte de subir des préjudices, la faiblesse, la peur et la tendance à fermer les yeux ont entraîné bien des gens à participer à des abus sans limites.V (5)
Une lâcheté, dont les généraux furent aussi coupables, car beaucoup ont manqué de courage et se sont réfugiés derrière le serment d'allégeance pour ne rien tenter. Mais je laisse encore la parole à Andreas Hermès :
«J'ai vraiment du mal à les comprendre, [les généraux] je n'arrive tout simplement pas à me défaire de l'impression que le serment était essentiellement un faux-fuyant qui cachait les vrais motifs de leur passivité, voire que c'était une excuse pour ce qui n'était rien d'autre que de la lâcheté.» (5)
Bien sûr, a posteriori, il est toujours plus facile de refaire l'histoire, d'émettre des jugements péremptoires et de se poser moralement en juge. Ce n'est pas mon propos. D'ailleurs, qu'aurais-je fait moi si j'avais vécu à cette époque ? Si j'avais vécu sous la férule d'un tyran, dans une dictature annihilant systématiquement, par la violence, le moindre signe, le moindre esprit d'opposition, je ne sais sincèrement pas comment j'aurais réagi, de quoi finalement j'aurais été capable. Justement, je crois que c'est au contact de circonstances exceptionnelles, dans la confrontation avec certains événements, que le caractère des hommes s'affine et se révèle, que certains destins se réalisent, et que des personnalités s'affirment dans leur nature la plus profonde.
Pour répondre aux incriminations souvent faites à l'encontre des Allemands pour décrier leur peu d'empressement à se rebeller, je crois aussi qu'on n'a pas idée, aujourd'hui, de la terreur à laquelle ils furent soumis. Il faut aussi comprendre comment les dénonciations servaient utilement les dessins criminels d'un État totalitaire, empêchaient un soulèvement général, et permettaient à la Gestapo de contrôler la population et d'en éradiquer les éléments perturbateurs, ceux qui s'éloignaient de la ligne idéologique nazie. Dans ce contexte d'apathie générale, l'action valeureuse de ces hommes et femmes qui se sont battus pour une autre Allemagne, respectueuse du droit et des libertés, n'en a que plus d'éclats. À mon sens, ils ont fait bien plus que sauver l'honneur de l'Allemagne, ils ont montré à la face du monde que le nazisme n'avait pas soumis toutes les volontés à son implacable idéologie. Ils ont remis la dignité humaine, en même temps que l'éthique, au cœur des enjeux politiques, et ont élevé, par leurs sacrifices et leur bravoure, la conscience morale en impératif catégorique.
Henning von Tresckow, qui fut l'un des principaux architectes de la conjuration du 20 juillet 1944, pouvait écrire, juste avant de se faire sauter avec une grenade : «La valeur morale d'un homme n'existe que s'il est prêt à mourir pour ses convictions.»
Bien sûr, l'aristocratie, au même titre que la noblesse prussienne, dont l'esprit critique s'accordait assez mal avec les grandes lignes du National-Socialisme, ont constitué un terreau favorable à l'épanouissement de la résistance anti-hitlérienne. Parce qu'elles sont dépositaires d'une tradition séculaire, porteuse de valeurs humanistes et chrétiennes, elles ont tenté et voulu sauver l'Allemagne de la destruction. En vain. Mais comme le dit très justement Jean-Paul Picaper : «Si Stauffenberg avait tué Hitler, la face du monde aurait été changée.»
Mais tout compte fait, peu importe que l'attentat n'ait pas réussi, l'essentiel, pour Claus Von Stauffenberg et ses compagnons de lutte, était de montrer au monde entier qu'il existait des hommes capables de se dresser au péril de leur vie et d'entreprendre, coûte que coûte, une action symbolique contre l'un des pires tyrans que l'humanité ait engendrés.
1) Si je survis, de Moriz Scheyer (p 18, Édition Flammarion) Essayiste, écrivain, chroniqueur dans le journal viennois, Neues Wiener Tagblatt, critique littéraire, Moriz Scheyer fait partie des intellectuels juifs de l'entre-deux-guerre qui ont quitté l'Autriche juste après l'Anschluss, pour se réfugier à Paris, en août 1938. Comme beaucoup à cette époque, il pensait trouver en France une terre d'accueil, à l'abri des persécutions nazies, mais l'Occupation Allemande transforma assez vite cette terre d'asile en terre hostile, où pour survivre en tant que juif, parce que traqué comme une bête, il lui fallut se terrer comme un mort en espérant ne pas être l'objet d'une dénonciation. Et vivre avec la peur d'être à tout moment arrêté et déporté. Si je survis est le récit poignant de cet exilé autrichien qui s'est épris d'amour pour la France («En Autriche, j'étais à la maison. En France, j'étais chez moi.» écrira-t-il) et trouvera finalement refuge en Dordogne, parmi les religieuses du couvent de Laborde. Un périple qui fait paraître au grand jour les lâchetés des délateurs, mais aussi le courage et l'héroïsme de celles et ceux qui n'ont pas hésité à risquer leur vie en cachant des juifs. Le regard posé par l'auteur sur la France collaborationniste est d'une acuité mordante. Ainsi la façon dont l'antisémitisme a été instillé en France par la propagande nazie, jusque dans la sémantique des mots, la façon dont la question juive s'est sournoisement imposée, réclamant son cortège de lois infamantes, est décrite et analysée avec une lucidité qui faisait manifestement défaut à beaucoup de nos concitoyens de l'époque.
«Généralement, l'antisémitisme se limitait à un préjugé purement social et sans passage à l'acte, répandu dans certains cercles de la haute noblesse et de la grande bourgeoisie.
Mais la grande masse, elle, ne connaissait pas l'antisémitisme. Pour elle, il existait des Français et des étrangers israélites, au même titre que des catholiques ou des protestants. Et aucun Français, sauf à être particulièrement féru d'ethnographie, n'avait, avant Hitler, la moindre idée de ce qu'était un "Aryen".
Après leur arrivée à Paris, le premier souci des Allemands fut de mettre un terme radical à cette situation; mais ils le firent d'abord avec la plus grande prudence. Le Français est par nature individualiste et frondeur; d'une manière générale, il n'aime guère qu'on lui impose les choses, pas même son antisémitisme. On ne pouvait pas mener ce travail-là du jour au lendemain. Il fallait respecter un certain dosage. On commença par remplacer l'adjectif "israélite" par "juif". Peu après, la propagande cessa aussi d'évoquer les Juifs français et étrangers, préférant parler tout simplement de Juifs. L'étape suivante fut l'appellation générique "le Juif". Le singulier était devenu un concept infamant pour désigner une communauté.» (p100)
Si l'auteur pose sur les événements de son temps un regard plutôt lucide, il est d'une fulgurance quasi-prophétique sur l'usage dévoyé des camps d'extermination transformés en industrie du tourisme. N'oublions pas que le manuscrit date de 1945, et voilà ce que Moriz Scheyer écrira en juillet 1945 en guise d'épilogue : «Les lieux où les Allemands avaient aménagé leurs plus célèbres centre de torture infernaux seront tôt ou tard un objet convoité par l'industrie touristique, ils auront alors tout d'une curiosité auxquels les guides accorderont leur quatre étoiles.» (p 308)
Moriz Scheyer meurt en 1949, mais son manuscrit ne sera, lui, retrouvé qu'en 2005, dans le grenier de son beau-fils, coincé entre des nappes en dentelles et des peignoirs brodés...
Si je survis est la traduction du manuscrit original, Ein Überlebender. (Un survivant )
(2) Hélie de Saint Marc, Auguste Von Kageneck : Notre Histoire, 1922-1945. L'un est français, résistant, puis déporté à Buchenwald, l'autre est allemand et officier de la Wehrmacht. Deux destins que tout oppose a priori... Et pourtant, à travers leurs échanges fructueux, sincères, et d'une sensibilité sans fioritures, chacun fait le récit de sa vie et livre son expérience de la guerre. Les deux faces d'une même histoire qui, au-delà de la réflexion qu'elles apportent, sont comme un testament laissé aux générations futures. Un livre indispensable.
(3) Inge Scholl, La Rose blanche : six Allemands contre le nazisme. Éditions de Minuit. 2008.
(4) C'est du moins l'avis de l'historien Gilbert Merlio. Les résistances allemandes à Hitler. Editions Tallandier.2001. Page 301.
(5) Jean-Paul Picaper : Opération Walkyrie, Stauffenberg et la véritable histoire de l'attentat contre Hitler. Aux Éditions l'Archipel.2008.
Bonus :
- L'Héritage de l'Opération Walkyrie, de Kevin Burns. (Remux Blu-Ray - MKV)
Un documentaire exceptionnel sur la Résistance allemande, figurant, en guise de bonus, sur le Blu-Ray du film Walkyrie. Il relate l'histoire de cette résistance, mais revient aussi sur la façon dont les Allemands l'ont perçue après-guerre, et cet aspect est tout aussi passionnant. Car, comment imaginer un seul instant, que pendant de longues années après-guerre, la résistance ait été perçue par les Allemands comme un acte de trahison et de lâcheté ? Sans doute, cet acte venait-il leur rappeler que la plupart d'entre eux n'avaient justement rien entrepris pour s'opposer à Hitler. D'où certainement la volonté de ne pas célébrer cet événement. Il a fallu attendre le procès d'Otto-Ernst Remer en 1952 pour que les conjurés soient officiellement reconnus en Allemagne comme n'étant pas des traîtres à la Patrie. Commandant du Bataillon de la garde à Berlin, Otto-Ernst Remer fut chargé le 20 juillet 1944, sur ordre d'Hitler, d'arrêter les conjurés au Bendlerblock, où ils avaient leur QG. En 1952, il fut accusé d'avoir insulté la mémoire des conjurés, et au terme du procès, ces derniers furent réhabilités par la justice.
La veuve Nina Schenk Von Stauffenberg ne toucha aucune pension de réversion jusqu'au procès. Il est vrai que les mentalités ont lentement évolué en Allemagne. L'Historiographie de la résistance est aujourd'hui un sujet qui fait constamment débat, encore plus depuis la réunification de l'Allemagne, avec un champ d'investigation toujours plus pointu. Et un énorme travail de mémoire. Il s'agit, comme l'indique l'historien allemand, Stephan Martens, d'élaborer une culture nationale du souvenir. En évitant de culpabiliser la génération actuelle. Et de lui faire prendre conscience de sa responsabilité dans le processus mémoriel, en reconnaissant les égarements et les crimes du passé. Ainsi Johannes Rau, ancien président de la RFA, déclarait le 26 janvier 2001 au Bundestag : « Le souvenir des résistants allemands ne peut pas effacer, relativiser, celui des crimes commis par des Allemands, je dis expressément des Allemands, et non pas les Allemands, et non plus au nom de l’Allemagne ».
Les valeurs morales défendues par les conjurés du 20 juillet 1944 constituent les fondements de la Constitution de l'Allemagne démocratique. La Loi fondamentale du 23 mai 1949 institue l'intangibilité de la dignité humaine. «Tous les pouvoirs publics ont l’obligation de la respecter et de la protéger. En conséquence, le peuple allemand reconnaît à l’être humain des droits inviolables et inaliénables comme fondement de toute communauté humaine, de la paix et de la justice dans le monde.»
- Si je survis. Moriz Scheyer. (PDF - les 37 premières pages)
- Tuer Hitler - Confession d'un officier Allemand antinazi. Rudolph-Christoph Von Gersdorf. (PDF - 21p)
Si on veut comprendre comment a pris racine la nécessité de tuer Hitler, comment elle s'est imposée parmi certains officiers de la Wehrmacht, il faut absolument lire les confessions de cet officier de Cavalerie qui s'était donné pour mission de tuer Hitler. Vous trouverez le cinquième chapitre, Soldat et criminel de haute trahison, où l'auteur fait le récit de l'attentat manqué, le 21 mars 1943 à l'Arsenal à Berlin, où avait lieu ce jour-là une exposition sur les armes prises aux Soviétiques. Après une nuit cauchemardesque, («Je ne fermai pas l'œil de la nuit. J'avais le sentiment d'être un condamné à mort qui attend dans sa cellule son exécution» écrira-t-il) le colonel Rudolph-Christoph Von Gersdorff se prépare pour ce qui aurait dû être le premier attentat suicide de l'histoire. Muni de mines Clam et d'un détonateur, il prévoyait en effet de se faire sauter avec Hitler, de se sacrifier en kamikaze. Et l'opportunité d'être en contact direct avec Hitler lui a été offerte en ce 21 mars 1943, car c'est lui qui fut chargé de présenter les armes du butin au Führer. Mais ce dernier, inexplicablement, visita l'exposition trop vite, beaucoup trop vite, au pas de course. Hitler parti, Von Gersdorff eut juste le temps de désamorcer le détonateur avant qu'il n'explose. C'est l'une des nombreuses tentatives d'attentat auxquelles Hitler échappa miraculeusement.
Dans ce chapitre, Von Gersdorff fait aussi un récit précis de son entretien avec le Feld-Maréchal Von Manstein, qu'il essaye de persuader de faire entrer dans la conjuration afin d'assassiner le Führer. Après avoir doucement tâté le terrain, Von Gersdorffse jette à l'eau : «Peut-être que les maréchaux devraient aller ensemble trouver le Führer et lui mettre un pistolet sur la poitrine.» lui demande-t-il franchement. Et Von Manstein de répliquer : «Les maréchaux prussiens ne se mutinent pas.»
Le Feld-Maréchal Von Manstein aurait pu le faire fusiller sur le champ pour haute trahison, mais il n'en fit rien. Son silence a permis au colonel Von Gersdorff d'avoir la vie sauve, même après le 20 juillet 1944.
- Nouvel Obs. 2013. Hitler et les Allemands. (PDF - 14p) Interviewé par Vincent Jauvert, l'historien britannique Ian Kershaw nous offre une analyse pointue et juste des conditions sociales et politiques qui ont amené Hitler au pouvoir.
- La mémoire de la seconde guerre mondiale en Allemagne. Stephan Martens. (PDF - 14 p)
- Jean-Paul Picaper : Opération Walkyrie, Stauffenberg et la véritable histoire de l'attentat contre Hitler. (PDF - 19 p) Chapitre 6. L'attentat des colonels. Chapitre 16, Jean-Paul Picaper interviewe Andreas Hermes, petit-fils de ses deux grands-pères résistants, condamnés à mort après le 20 juillet 1944.
- Les résistances allemandes à Hitler. Gilbert Merliot.(PDF - 7 p ) Chapitre 12. La portée de la résistance allemande.
Kermite.
Liens :
Documentaire (HDTV 1080p) :
https://1fichier.com/?ae6tio4t5onqj6u6968g
Bonus :
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