mercredi 7 août 2019

The Fallen Idol - Carol Reed 1948 VOSTFR





The Fallen Idol, réalisé en 1948, est le fruit d'une première collaboration (qui en appellera bien d'autres par la suite) entre Carol Reed et Graham Greene, inspirée par la nouvelle, The Basement Room, que l'écrivain a publiée en 1935, et qu'il remania pour les besoins du film.

De prime abord, difficile de situer le film, car comme le dit si justement Philippe Garnier dans le livret de présentation, on a du mal à imaginer pareille vie de luxe dans le Londres d'après-guerre. Difficile aussi de lui coller une étiquette, un genre clairement défini, tant il arrive à mélanger drame et comédie dans une insouciance naturelle, à basculer de l'un vers l'autre dans une surprenante indécision. Pour exemple, je citerai la plus belle scène du film à mon goût, cette partie de cache-cache joviale et enfantine, improvisée dans l'Ambassade, irradiant un bonheur simple, et dans laquelle s'immisce peu à peu l'ombre d'une menace grandissante. Dans cette ambiance bonne enfant, Carol Reed réussit à créer subrepticement un climat d'angoisse aux portes de l'épouvante, et à nous faire passer quelques frissons dans le dos... Du grand art !
The Fallen Idol est bien plus qu'un film sur l'enfance, car il aborde le moment crucial des premières désillusions. Le petit Philippe, gamin de huit ans et héros du film, (merveilleusement joué par Bobby Henrey) va peu à peu réaliser que son idole de toujours, Mr Baines, majordome de son état, chargé de veiller sur lui en l'absence de ses parents, n'est pas celui qu'il imaginait être. Dur d'apprendre à huit ans que le monde qui nous entoure est régi par le mensonge...

Le film bénéficie d'une distribution magnifique, servie par une interprétation de qualité. Ralph Richardson est impressionnant en émotion retenue, alors que Sonia Dresdel qui joue sa femme, Madame Baines, est absolument parfaite en femme glaçante et acariâtre. Et que dire de Michèle Morgan ? La classe évidemment....



Mais au-delà des personnages, ce sont les décors qui forment la véritable ossature du film. Ils sont l'œuvre de Vincent Korda, frère du célèbre réalisateur Alexandre Korda, et apportent une touche baroque du plus bel effet. L'ambassade, où se joue principalement toute l'action, ressemble à ces vieilles bâtisses de l'ère Victorienne, et exhale un parfum mystérieux, propre aux vieux châteaux. Des pièces majestueuses à n'en plus finir, un escalier central interminable que n'aurait pas renié Sir Hitchcock, jusqu'à ces draps blancs qui, posés sur les meubles, distillent une atmosphère vraiment inquiétante et lugubre.

Au final, un film réellement prenant, malheureusement desservi par une copie guère reluisante.... Au début, elle m'a franchement laissé craindre le pire, tous ces petits points blancs, ça pique les yeux et niveau son, ça ne vaut guère mieux, ça grésille comme un vieux 33 tours... Le film aurait eu besoin d'un bon nettoyage, mais il faut croire que l'éditeur Tamasa n'avait pas les moyens de financer une restauration. C'est bien dommage. Par contre, en bonus, vous trouverez un magnifique texte de présentation signé Philippe Garnier, et une belle galerie de photos qui vous fera mieux apprécier tout le talent du directeur de photos, Robert Krasker.

Bonus :


- Le regard de Philippe Garnier (7 pages scannées par mes soins - PDF)
- Galerie Photos 3mn (HD - 1920x1080)


Kermite.

Liens :   https://1fichier.com/?thcmurdb9su35pk9clhu  

(Remux Bluray)