The Fallen
Idol, réalisé en 1948, est le fruit d'une première collaboration
(qui en appellera bien d'autres par la suite) entre Carol Reed et
Graham Greene, inspirée par la nouvelle, The Basement Room, que
l'écrivain a publiée en 1935, et qu'il remania pour les besoins du
film.
De prime
abord, difficile de situer le film, car comme le dit si justement
Philippe Garnier dans le livret de présentation, on a du mal à
imaginer pareille vie de luxe dans le Londres d'après-guerre.
Difficile aussi de lui coller une étiquette, un genre clairement
défini, tant il arrive à mélanger drame et comédie dans une
insouciance naturelle, à basculer de l'un vers l'autre dans une
surprenante indécision. Pour exemple, je citerai la plus belle scène
du film à mon goût, cette partie de cache-cache joviale et enfantine, improvisée dans
l'Ambassade, irradiant un bonheur simple, et
dans laquelle s'immisce peu à peu l'ombre d'une menace grandissante.
Dans cette ambiance bonne enfant, Carol Reed réussit à créer
subrepticement un climat d'angoisse aux portes de l'épouvante, et à
nous faire passer quelques frissons dans le dos... Du grand art !
The Fallen
Idol est bien plus qu'un film sur l'enfance, car il aborde le moment
crucial des premières désillusions. Le petit Philippe, gamin de
huit ans et héros du film, (merveilleusement joué par Bobby Henrey)
va peu à peu réaliser que son idole de toujours, Mr Baines,
majordome de son état, chargé de veiller sur lui en l'absence de
ses parents, n'est pas celui qu'il imaginait être. Dur d'apprendre à
huit ans que le monde qui nous entoure est régi par le mensonge...
Le film
bénéficie d'une distribution magnifique, servie par une
interprétation de qualité. Ralph Richardson est impressionnant en
émotion retenue, alors que Sonia Dresdel qui joue sa femme, Madame
Baines, est absolument parfaite en femme glaçante et acariâtre. Et
que dire de Michèle Morgan ? La classe évidemment....
Mais
au-delà des personnages, ce sont les décors qui forment la
véritable ossature du film. Ils sont
l'œuvre de Vincent Korda, frère du célèbre réalisateur Alexandre
Korda, et apportent une touche baroque du plus bel effet. L'ambassade, où
se joue principalement toute l'action, ressemble à ces vieilles
bâtisses de l'ère Victorienne, et exhale un parfum mystérieux, propre aux
vieux châteaux. Des pièces majestueuses à n'en plus finir, un
escalier central interminable que n'aurait pas renié Sir Hitchcock,
jusqu'à ces draps blancs qui, posés sur les meubles, distillent une
atmosphère vraiment inquiétante et lugubre.
Au final,
un film réellement prenant, malheureusement desservi par une copie
guère reluisante.... Au début, elle m'a franchement laissé craindre
le pire, tous ces petits points blancs, ça pique les yeux et niveau
son, ça ne vaut guère mieux, ça grésille comme un vieux 33
tours... Le film aurait eu besoin d'un bon nettoyage, mais il faut
croire que l'éditeur Tamasa n'avait pas les moyens de financer une
restauration. C'est bien dommage. Par contre, en bonus, vous trouverez
un magnifique texte de présentation signé Philippe Garnier, et une
belle galerie de photos qui vous fera mieux apprécier tout le talent
du directeur de photos, Robert Krasker.
Bonus :
- Le
regard de Philippe Garnier (7 pages scannées par mes soins - PDF)
- Galerie
Photos 3mn (HD - 1920x1080)
Kermite.
Liens : https://1fichier.com/?thcmurdb9su35pk9clhu
(Remux Bluray)
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