samedi 21 septembre 2019

Romanze in Moll - Helmut Käutner 1943 VOSTFR





Helmut Käutner est un sacré réalisateur, et au vu de la qualité de ses productions, je m'étonne que cette figure majeure du cinéma allemand, n'ait pas à ce jour rencontré à travers le monde, une aura et une renommée internationales. Très peu de livres écrits sur lui, pas la moindre biographie traduite en français. Certes, sa filmographie ne vaut pas celle d'un Raoul Walsh, ou d'un Michael Curtiz, et ne saurait rivaliser avec certains cadors du cinéma hollywoodien. Je trouve néanmoins que ses films sont largement sous-estimés, et passés sous silence, alors qu'ils mériteraient une bien meilleure audience. Parmi ses plus beaux joyaux, je citerai volontiers La Paloma, Romanze in Moll, ou encore, Sous les ponts, soit autant de films élaborés entre 1941 et 44, pendant les pires années de guerre...

Ses premières armes, Helmut Käutner les fait au théâtre dans les années 30, en tant que scénariste et acteur. Il monte notamment des classiques du répertoire français : Sartre, Giraudoux, Cocteau... À la fois auteur, décorateur, producteur et chansonnier, Helmut Käutner fut un véritable touche-à-tout, avant de réaliser son tout premier film en 1938. Pas vraiment la meilleure période en Allemagne pour débuter au cinéma, et entamer une carrière de réalisateur…
Mais justement, les films que Käutner a tournés pendant la guerre, ne sont pas traversés par des élans patriotiques. Ce ne sont pas des hymnes béats à la gloire du soldat nazi, et ils ne se veulent en aucun cas, le chantre d'un cinéma gangrené et travesti par la propagande de Goebbels. Non, ils se présentent plutôt comme des rêveries enchantées, d'où les réalités de la guerre sont étrangement absentes. Ce qui intéresse Helmut Käutner, ce sont les destins dans leur singularité, la vie des individus pris dans l'étau des passions humaines.

Voilà ce qui me fascine, au fond, dans ses films tournés dans la tourmente de la guerre, dans un troisième Reich baigné par l'idéologie nazie, c'est de constater comment les prérogatives idéologiques, esthétiques et morales imposées par Goebbels dans la propagande cinématographique, n'ont eu finalement sur lui, que peu d'emprise, pour ne pas dire aucune.
Voilà qui détonne et relève presque de l'authentique exploit dans le paysage cinématographique allemand, alors sous la férule de son Ministre de la Propagande.
Voilà qui démontre en tout cas que le personnage avait du caractère, de l'intelligence et sûrement une âme de poète qui lui a permis d'échapper pendant ces années noires, à la vindicte de Goebbels.

Romanze in Moll, qui sera exploité en France sous le titre de Lumière de la nuit est un mélodrame sublime, un film d'époque admirablement reconstitué et animé par une affriolante galerie de personnages. Nous sommes dans le Paris du 19ème siècle et l'histoire s'inspire librement de la nouvelle de Maupassant, Les Bijoux, dans laquelle l'écrivain brosse le portrait d'une bourgeoise obnubilée par ses bijoux d'apparat, et dont le mari, peu soupçonneux et naïf, ignore la vraie valeur sentimentale et financière...
Cette satire de la bourgeoisie trouve chez Käutner un ton moins incisif, mais un souffle plus tragique.

Après le tristement mémorable, Jud Süß, qui aura tragiquement marqué la carrière de l'acteur Ferdinand Marian, celui-ci joue en 1942 dans Münchhausen de Josef von Baky, et fait une apparition remarquée dans la figure historique du Comte de Cagliostro. Il en donne une interprétation saisissante, envoûtante. Dans le film de Käutner, Lumière dans la nuit, sa prestation est de la même trempe. Libre, inspiré, séducteur, il possède la légèreté, l'insouciance, la fougue du chef d'orchestre et compositeur, en proie aux éternels tourments de la création et de l'amour.


Avec ses petites lunettes rondes et ses airs gauches, Pierre Dahlke compose un banal employé de banque sans ambition et endosse à merveille le rôle de l'époux grippe-sou, pusillanime et casanier. Sa vie de petit fonctionnaire de la finance, sans envergure et sans relief, est réglée comme du papier à musique. Sa passion pour le jeu et les cartes constitue le seul moment de sa vie où il espère briller par la chance, et gagner, en passant, un peu d'argent, histoire d'offrir à sa femme de quoi s'acheter quelques babioles.

On comprend un peu mieux pourquoi sa femme, Madeleine, magistralement interprétée par une Marianne Hoppe ennoblie dans sa fragilité, se satisfait assez mal de cette vie routinière et terne. Elle est la pierre angulaire de ce drame amoureux. Avec ses faux airs de Michèle Morgan, l'actrice possède un visage d'une beauté angélique, et porte sur ses frêles épaules le poids de ses incertitudes sentimentales.
Issue du théâtre, Marianne Hoppe fait partie des comédiennes starifiées et adulées par le régime nazi. En 1936, Das magazin, journal people de l'époque, la présentait comme l'égérie des nouvelles stars montantes du cinéma, "symboles des temps nouveaux, saines de corps et d'esprit."
Après la guerre, Marianne Hoppe délaissa le cinéma pour se consacrer presque uniquement au théâtre. Cette grande Dame du théâtre monta une dernière fois sur les planches à l'âge de 88 ans, avant de s'éteindre en 2003, à l'âge de 93 ans.
Dans le grand bal des acteurs, je ne veux surtout pas oublier Siegfried Breuer, qui réussit, dès sa première apparition, à instiller, sous ses faux airs de dandy, une sourde inquiétude, déployant sensiblement, insidieusement, progressivement, l'ombre d'une menace indéfinissable, un, je ne sais quoi de malsain qui va donner toute la mesure à ce drame bourgeois.

Au même titre que Hitchcock, qui faisait dans chacun de ses films une apparition furtive en forme de clin d'œil, Helmut Käutner pouvait, dans les siens, se tenir tout aussi bien devant la caméra, en jouant des petits rôles. Vous pourrez ainsi admirer ses talents de comédien dans Romanze in Moll, il y joue un poète joyeusement décalé et inspiré.

Cinématographiquement, Käutner a un style vraiment personnel et un sens aigu de la mise en scène, avec des mouvements de caméra d'une étonnante fluidité. La séquence d'ouverture est à ce titre éblouissante. Procédant par flash-back, l'intrigue gagne en profondeur, avec des scènes d'une réelle ampleur. Il y a des moments d'une maîtrise impressionnante. La scène du train, par exemple, offre un suspense quasi-hitchcockien.
Une dernière remarque encore : revenant comme un leitmotiv, les reflets à travers les miroirs, ou autres surfaces réfléchissantes, sont comme autant de mises en perspective et de fenêtres ouvertes vers une réalité amplifiée. Ou bien Helmut Käutner veut-il brouiller les pistes en insinuant que cette réalité formelle, esthétisée, a plus de poids et de sens que le monde réel...

Pour moi aucun doute, avec Romance in Moll, Helmut Käutner tient là son chef-d'œuvre, et entre bien dans la cour des grands.



Bonus personnels : (à consulter, ou à lire de préférence après avoir vu le film)

- Les bijoux de Maupassant (Pdf-4p)

- Cahiers du Cinéma : Käutner le Dandy par Louis Marcorelles (juillet 1957) : celui-ci en revenant sur la filmographie de Käutner, a cette formule lapidaire mais tellement vraie : les films d'Helmut Käutneraffirment la suprématie de l'évasion sous toutes ses formes.” Je crois qu’on ne peut pas mieux résumer. (Pdf-4p)

- La revue du Cinéma (avril 1948) : Nouveaux visages du cinéma allemand par Liliane Delysan. Les articles consacrés à Helmut Käutner ne sont pas légion. Alors mieux vaut savourer le peu dont on dispose. En 1948, Liliane Delysan en brossait un portrait attachant et révélait au public un talent artistique déjà presque oublié, à une époque où la dénazification venait officiellement de prendre fin, en février 1948. (Pdf-8p)

- Propagande et cinéma, un chapitre puisé dans le volumineux, mais passionnant, Une Histoire du cinéma allemand : la UFA, de Klaus Kreimeier. (Pdf-18p)

- Histoire du cinéma nazi de Francis Courtade et Pierre Cadars : présentation du film, Romanze in Moll. (Pdf-2p) Je ne partage pas toujours leur sévérité et leur intransigeance, mais leur imposante monographie sur les films de la période nazie, reste toujours, quoi qu'on en dise, incontournable. (Pdf -2p)

- Ciné Mondial 1943 :  les grandes lignes du scénario du film y sont présentées . (Pdf - 1p)

- Le cinéma allemand sous Hitler, de Nathalie De Voghelaer : Un chapitre exclusivement consacré à la signification du terme, trop souvent galvaudé, de propagande. (Pdf - 5p)
Car, au fond, qu'est-ce que la propagande ? On croit à tort, parce que l’Allemagne nazie en a fait un Ministre, que le terme de propagande vient de cette époque, comme si personne avant Goebbels n'en avait saisi le sens...
Une analyse étymologique du mot nous fait assez vite comprendre que la propagande vient du latin, propagare, qui signifie propager. La propagande a donc comme signification plutôt étendre, agrandir, que convaincre ou influencer…
Nathalie De Voghelaer développe la thèse selon laquelle, la propagande, sous Hitler, signifie moins influencer les masses, que répandre et propager une opinion, une pensée unique, en vue de la construction d'un monde nouveau, ce Reich de 1000 ans, dans lequel émergera un nouveau modèle d’homme allemand, basé sur un certain style de vie lié à un système de valeurs. D'ailleurs, comme le dit très justement l'auteur, si le cinéma est un instrument utilisé à des fins idéologiques, s’il doit exalter le nationalisme, et favoriser la soumission du peuple au pouvoir, tout l'art de la propagande est de ne pas la rendre visible. In fine, un bon film de propagande est un film où on ne la voit pas, où on ne la devine pas. La subversion est à ce prix.

Kermite.

BlurayRemux(1920x1080)VOSTFR+St Anglais,Allemand,Russe,Espagnol,Portugais

Liens : 

Film :
https://1fichier.com/?n3hme6wzcfbalcdsrjz8

Bonus :
https://1fichier.com/?ikygiy5t5kjzj7jc7zoa

jeudi 5 septembre 2019

L'Odyssée interstellaire (épisode 1 à 4)



"Mon opinion est que l'univers est non seulement plus étrange que nous le supposons, mais plus étrange que nous pouvons le supposer."
John Burdon Sanderson  Haldane.









Sommes-nous seuls dans l'univers ? Je répondrai sans l'ombre d'une hésitation : non. C'est du moins ma conviction. Enfant, je me souviens de l'effet magique que le film E.T. l'extra-terrestre, de Steven Spielberg, avait produit sur moi. Cette rencontre un peu particulière, placée sous le sceau d'une amitié secrète entre un gamin de 10 ans et cette drôle de créature issue du grand espace intergalactique, m'avait hypnotisé. C'était comme si E.T. en personne était venue me parler directement. Cette rencontre improbable avait surtout enflammé l'imagination du bambin que j'étais. 
Au contraire, la Guerre des Mondes de Byron Haskin, vue sous l'angle d'une invasion guerrière, et d'une logique d'affrontement, m'avait terrorisé, et m'a fait brièvement envisager, que cette rencontre tant désirée pouvait finalement très mal se passer pour nous, humains ! L'idée que l'arme atomique s'avère totalement impuissante contre ces salauds de Martiens venus pour nous étriller, me jetait dans l'effroi et me glaçait le sang. Quoi, ils seraient donc venus dans l'unique intention de nous flanquer une rouste, que dis-je, pour nous réduire en charpie ?! Mon âme d'enfant refusait d'y croire.


Depuis lors, l'hypothèse d'une vie extraterrestre n'a jamais cessé de me tarauder. Pas les Ovnis ou la créature de Roswell, auxquels je ne croyais pas. Mais la vie dans son plus simple appareil. Pourquoi ce qui s'est passé, ici, dans notre système solaire, ne se reproduirait pas ailleurs ? Je me souviens de ma jubilation quand, en 1995, a été découverte la première exoplanète qui apportait la preuve éclatante que, oui, Messieurs les scientifiques, il existe bel et bien d'autres planètes en dehors de notre système solaire, n'en déplaise à votre scepticisme de bon aloi. 

Sérieusement, quelle folie d'égocentrisme que de croire que nous serions absolument seuls dans l'univers. Je n'ai pas l'arrogance de croire à cette imposture. Et quelle étrangeté de penser que notre belle planète bleue ne serait qu'une singularité chimique, mystérieusement plantée dans l'universalité des lois de la physique. Parmi les milliards d'étoiles peuplant les milliards de galaxies, la Terre serait la seule, l'unique planète, de tout l'univers, abritant la vie ? C'est une blague, et à défaut d'être de mauvais goût, elle est totalement absurde. Et puis remettons les choses en place : non, la Terre et les hommes ne sont plus le centre de l'univers, il faudrait cesser de leur attribuer certains privilèges qu’ils  n’ont plus. Va falloir s'y résoudre une bonne fois pour toutes ! Copernic et Galilée ont eu la peau de ces préjugés millénaires qui ont la vie dure, et ont posé les jalons d'une cosmogonie moderne où la vie extraterrestre a tout naturellement sa place.

Attention, loin de moi l'idée de croire aux petits hommes verts aux crânes allongés, et à leurs représentations farfelues et parfois grotesques. Tout ça, c'est de la foutaise en barres, sortie droit de nos cerveaux déjantés, en mal de représentations. Ce qui me frappe, c'est que toute cette imagerie spéculative des monstres, la façon dont nous nous les représentons, n'est que le fruit de nos fantasmes, de nos peurs, et nous ressemblent étrangement, presque naturellement. Ils ont des yeux, des mains, marchent comme nous, parlent, et pour notre plus grand malheur, sont aussi intelligents que nous, sinon plus. Difficile de ne les imaginer autrement qu'à travers le prisme de notre condition humaine. Ils sont conçus, créés, fabriqués à notre image, malgré tous les efforts déployés pour nous les rendre différents, inhumains. Regardez comment ces E.T. sont représentés dans les films, c'est flagrant, et même Alien, le plus terrifiant d'entre tous, est facilement reconnaissable. 

Mais en définitive, la vie est une porte vers l'inconnu, car ce que nous en connaissons, ou que nous croyons connaître, est infime en comparaison de ce que nous ne savons pas…. Et si, un jour, nous avons la chance de la découvrir ailleurs qu'ici, sur notre bonne vieille planète, je reste persuadé que ce que nous découvrirons, nous ne l'aurons jamais imaginé, même dans nos rêves les plus fous. Préparons-nous au choc.  D'ailleurs, qui ne nous dit pas que nous découvrirons autre chose que la vie ? Après tout, la vie n'est qu'un des possibles parmi tant d'autres…

Kermite.


L'Odyssée Interstellaire : 

Épisode 1 : Chasseurs de planètes
Épisode 2 : En route vers les étoiles
Épisode 3 : À la recherche d'une vie extra-terrestre
Épisode 4 : Premier contact



Lien : https://1fichier.com/?zd9rfagr1r8pkc2n38lh

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