
Cinéaste,
acteur et auteur, Erich Von Stroheim arbore une carrière exceptionnelle. Exigeant et tyrannique, il pouvait tourner plus
de vingt fois la même scène ! Il était aussi hanté et obsédé
par le besoin de réaliser ses films dans un souci de réalisme
extrême. En 1923, sur le tournage de Greed, il
obligea son équipe à tourner dans la vallée de la Mort, par des
températures caniculaires, et à faire descendre les acteurs pour
les besoins du film, dans d'anciennes mines désaffectées, à plus
de mille mètres de profondeur !! Au grand dam de ses producteurs, il
avait aussi, pour fâcheuse habitude, de dépenser sans compter pour
réaliser ses films. Méticuleux et perfectionniste, il avait le
souci du détail et poussait parfois la reconstitution des décors
aux limites de la perfection.
Le Masque de Dijon est
l'histoire d'un illusionniste sur le déclin qui, pour se
remettre dans le bain, s'essaye à l'hypnose et à d'étranges
expériences... Voilà un film rondement bien mené, dominé de main
de maître par un Von Stroheim ténébreux et glaçant. Avec une
photographie particulièrement bien soignée, signée Jack
Greenhalgh. De magnifiques clairs-obscurs confèrent au film des
élans expressionnistes évidents. Malheureusement, le film n'a pas
été restauré, la qualité de la copie en pâtit sérieusement.
Autant vous prévenir tout de suite, elle est d'une médiocrité
désolante. Idem pour la bande sonore, grésillante, en version mono
d'époque. Mais la rareté de la chose suscitera, j'en suis sûr,
votre indulgence...
The
Mask of Dijon a
été édité chez Artus dans
un coffret réunissant trois autres films d'inégal
intérêt. The Great Gabbo,
ou Gabbo
le ventriloque,
est pour moi, le film le moins réussi, et malgré la prestation d'Erich Von Stroheim, le film est un poil ennuyeux. Le
crime du docteur Crespi
recèle quelques jolies trouvailles et distille, par moments, une
atmosphère digne des romans d'Edgar Allan Poe. Malheureusement, la
platitude de la mise en scène affaiblit un peu l'ensemble. Restent
deux films qui justifient à eux seuls l'achat de ce très beau
coffret. Deux raretés exhumées par Artus : The
Mask of Diijon et The
Lady and The Monster (1944).
Quelques Bonus :
- Le livret tiré du
coffret qui retrace succinctement la filmographie d'Erich Von
Stroheim (pdf)
- Chapitre I du livre écrit par Fanny
Lignon, Du
Ghetto au Gotha,
que je recommande, car il est vraiment bien écrit. L'auteur revient
sur le mythe que le cinéaste s'est lui-même forgé tout au long de
sa carrière.
- Passionnante, mais trop brève émission
radiodiffusée en 1957, en hommage à Erich Von Stroheim, disparu la
même année, avec les interventions de Charles Spaak, Pierre
Fresnay, Claude Autant-Lara, Gloria Swanson, Henri Langlois... Excusez du peu !! (France Culture- FLAC 35mn)
Kermite.
Lien :
https://1fichier.com/?gehxc0u54bell67pwtd5
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