Avec ses immeubles de 14 étages en forme de gratte-ciel, la Cité de la
Muette, construite dans les années 30, constitue le fleuron
architectural de l'époque. Sa structure principale, en forme de U,
pourtant inachevée par manque de crédits, servira d'abord de camp
d'internement, à partir de juillet 40, pour les prisonniers de
guerre français et britanniques, avant de devenir exclusivement, à
partir de juillet 41, un camp d'internement destiné aux juifs issus
des rafles organisées en France dès 1941. Près de 80 000 Juifs y
séjourneront pendant la guerre. Drancy n'est pas un camp de
concentration à proprement parler, mais un lieu de transit, une
sorte de plaque tournante, à partir de laquelle des convois de
déportés sont envoyés à destination d'Auschwitz-Birkenau,
principalement. Ainsi, Drancy se constitue un vivier de Juifs
destinés à la déportation, mais ces derniers servent aussi
d'otages destinés à être exécutés en représailles aux attentats
de la Résistance française.
Pourles 4200 premiers internés,
les conditions sanitaires sont effroyables. Manque d'hygiène. On ne
compte que 60 cabinets pour tout l'ensemble. Manque de lit. De
nourriture. On y meurt de faim et de maladie. La famine est sciemment
organisée.
Les enfants sont livrés à eux-mêmes. Des femmes
sont violées. Des hommes se livrent à des partouzes homosexuelles
dans une débauche d'orgie sexuelle. Ce qui n'empêche pas certaines
histoires d'amour de voir le jour. (Voir le livre qu'a
écrit Raphaël Esrail, l'Espérance d'un
baiser)
Drancy est dans un premier temps placé sous la direction de la Préfecture de police, même si ce sont les
Allemands qui tirent les ficelles. Mais à partir de juin 43, le camp
passe sous l'autorité directe des SS. C'est Aloïs
Brunner, responsable de la déportation des Juifs en
France, qui prend les choses en main. Celui qui fut le bras
droit d'Adolf Eichmann installe un
véritable climat de terreur. Surtout, il change les règles et
délègue l'organisation du camp à un conseil juif, choisi parmi les
internés. C'est Robert Blum, colonel à la
retraite et frère du célèbre Léon Blum,
qui sera nommé commandant, et chargé de l'ordre et de la sécurité
à l'intérieur du camp. Il donnera la pleine mesure de son autorité
dans une audacieuse tentative d'évasion mettant en œuvre toute une équipe d'hommes dans la construction d'un tunnel, à
la barbe des nazis...
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Comme
le dit si bien un rescapé, Drancy, c'est
le terminus avant le néant. Tous les déportés ignorent leur
lieu de destination. Tout au plus, savent-ils qu'ils partent quelque
part vers l'Est, très loin vers l'Est. Les Allemands leur faisant
croire qu'ils allaient travailler dans des camps. Pour évoquer ce
territoire inconnu, les déportés utilisent le terme yiddish
de Pitchipoï, le pays de nulle part,
le bled perdu, le trou du cul du monde, qui évoque cette terre
lointaine et mystérieuse, vers laquelle semblent converger tous les
convois de trains. Un voyage vers l'inconnu certes, mais quand
on a commencé à déporter vieillards et enfants, il devint presque
clair qu'il n'y avait rien de bon à attendre d'un tel voyage...
Finalement, ce sont près de 67 000 Juifs qui seront déportés de Drancy,
dont près de 10 000 enfants.
Ironie de l'Histoire, le camp de
Drancy devient après la guerre, jusqu'en 1946, un camp
d'internement pour collabos. Épuration oblige. Mais ça, c'est déjà
une autre histoire.
Bonus :
- Drancy,
dernière étape avant l'abîme : la
réalisatrice Cécile Clairval-Milhaud s'attache
à restituer l'histoire du camp, grâce notamment aux
survivants venus témoigner. (Remux DVD - MKV - 58 mn)
- Les
évadés de Drancy : une improbable tentative
d'évasion fomentée par une poignée d'internés qui ont eu la folie
de creuser un tunnel pour pouvoir s'échapper. Le doc relate dans ses
moindres détails cet épisode méconnu qui s'affirme pourtant bel et
bien comme un acte de résistance. (HDTV - ts - 51 mn)
-
Le camp de la Cité de la Muette à Drancy. (Pdf -12p)
- Drancy
: l'historienne Annette Wieviorka ravive
le souvenir en nous exposant la vie quotidienne du camp. (France
Culture -59 mn - Flac)
- Les passeurs de mémoire, histoire
d'une déportation : hommage à la mémoire de Simon
Zalamansky, déporté à Auschwitz en
1944, et mort à Dachau en mars
45. (France Culture - Flac - 54 mn)
- Les rafles de
l'été 42. (France Culture - Flac - 54mn)
- Deux livres
que je vous conseille :
À l'intérieur du camp de
Drancy par Annette
Wieviorka et Voyage
à Pitchipoï par Jean-Claude
Moscovici.
Kermite.
Lien :
https://1fichier.com/?9z6oru4a5r39t5fayplc
https://1fichier.com/?9z6oru4a5r39t5fayplc
HDTV (1440x1080)
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