Je
crois que j'avais neuf ans quand j'ai découvert ce compositeur
Russe, d'origine arménienne. Mes parents avaient de vieux 33 tours
de musique classique, et autant vous dire qu'à cette époque, la
musique classique me gonflait sérieusement. Les Mozart, Beethoven, Chopin, je les fuyais comme la peste ! Et pourtant, un disque avait
toutes mes faveurs. Je vais être honnête, un morceau plutôt. Un
sacré morceau de musique, qui éveillait ma frêle curiosité
enfantine. Il figurait sur la face B, relégué en dernière
position. Un peu comme un mal-aimé, loin, très loin derrière les
Schubert, Chopin et autres classiques intemporels. Je regardai le
disque et découvris son nom... Khatchaturian...
Ce
nom déjà, Kha-cha-tu-rian ! Un poème à lui tout seul, un
conte des Mille et une nuits, une invitation au voyage et à
l'exotisme. Le morceau était une toccata pour piano. (Toccata in E
Flat minor) À son écoute, je me transfigurais, transportais dans un
monde imaginaire, comme subjugué, presque hypnotisé par ces
harmonies et ces sonorités orientales. Quel choc ! Cette musique me
parlait, j'éprouvais à un point que je n'aurais jamais cru
possible, un maelstrom de sentiments, des torrents de lave
incandescents irradiaient mon corps. Inutile de comprendre ce qui
m'arrivait. Cette musique m'avait ensorcelé, des forces souterraines
me submergeaient. J'ignore quel est la cause de tout ce grand
chambardement intérieur, mais ce que je sais en revanche, c'est que
cet artiste a exercé sur moi une étrange fascination, et qu'il m'a
permis, bien des années plus tard, de découvrir et d'aimer la
musique classique. Ou comment une simple toccata aura eu raison de
mon ignorance.
Je
voudrais dire un petit mot sur le ballet et le contexte
historique.
Fin
1941. Alors que les troupes de la Wehrmacht arrivent aux portes de
Moscou, Staline organise de toute urgence, l'évacuation par train,
des industries d'armement vers l'est. Une partie de la population en
fait autant, principalement l'élite politique et civile, parmi
laquelle se trouve Khatchaturian. Paradoxalement, c'est dans ce
contexte de guerre et d'exil forcé qu'il va composer Gayaneh,
ballet somptueux, paré d'une musique diablement enjouée, fleurant
bon l'exubérance festive. Une musique qui honore et célèbre la
mémoire vivante de sa chère Arménie. Les répétitions ont lieu
à Perm,
dans les usines de munitions ! Ouvriers et danseurs se côtoyant dans
une fraternité chaleureuse, en pleine effervescence patriotique,
prêts à fêter la Victoire finale...
Gayaneh,
présenté ici dans sa version complète, est un festival de danses,
qui puise leur force et leur source, dans le folklore arménien.
Pour la petite anecdote, sachez que deux jours avant la première du
spectacle, la
Danse du Sabre qui
doit en constituer le point d'orgue, n'est toujours pas écrite !!
Khatchaturian n'y arrive pas, et se trouve dans la position de
l'écrivain en panne d'inspiration devant sa feuille
blanche.
Finalement,
à partir d'une mélodie de Gumri, danse de mariage arménienne, il
réussit à créer un mélange détonnant et jouissif, un cocktail
bigarré, où jazz et tradition s'imbriquent harmonieusement !
Saxophone, xylophone et trombone offrent ensemble un heureux
contrepoint jazzistique à la mélodie traditionnelle jouée au
piano... Une sacrée performance !
Kermite.
Lien :
https://1fichier.com/?bs41muj19j78ng3f7fe7

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