
La révolution
communiste d'inspiration maoïste, instaurée par les Khmers
rouges au Cambodge à partir du
17 avril 1975, s'est développée dans une incessante paranoïa
meurtrière pendant trois ans, huit mois et vingt jours. Elle a
plongé le pays dans un état de souffrance et de dénuement
inimaginable. On a bien du mal à comprendre, aujourd'hui,
l'envergure et l'atrocité des exactions commises sous le régime
de Pol Pot par
les Khmers rouges.
Les responsables de cette extermination de masse sont à chercher
parmi les dirigeants du PCK (Parti communiste du Kampuchéa), qui
ont imposé au peuple cambodgien un nouvel ordre social et
un régime de terreur. Avec à la tête du PCK, leur chef
incontesté, Pol Pot.
Surtout ne pas se fier à son air affable et à son sourire charmeur.
Les pires criminels ne sont pas les monstres austères que l'on
croit. Pol Pot appliquera
jusqu'à l'extrême cette maxime si chère à Staline : Gouverner
avec une main de fer dans un gant de velours.
Interviewé
par le journaliste américain Nate
Thayer en 1995, Pol Pot se
calfeutre dans le déni total, et se dédouane entièrement des
crimes. Il se dit patriote, aime son pays et a la conscience
tranquille. Tout juste, admet-il, du bout des lèvres, quelques
petites erreurs... Je reste effaré, consterné devant tant
d'aveuglement et de lâcheté. Mais, au fond, je ne suis pas surpris,
combien de grands criminels reconnaissent leurs méfaits, leurs
crimes, et assument, pleinement, la responsabilité de
leurs actes ? Nous étions des
bébés, apprenant à marcher, se
défend-il encore face à Nate Thayer ! Je m'associe avec David
Chandler quand il écrit si
justement dans son livre, S-21 ou
le crime impuni des Khmers rouges : «Il
est facile de comprendre que Pol Pot veuille nier toute
responsabilité et qu'il s'apitoie sur lui-même. Mais la comparaison
entre le Kampuchéa Démocratique et un gigantesque bébé trébuchant
en parcourant les campagnes cambodgiennes et infligeant ainsi des
dégâts colossaux défient toute analyse.»
Certains
intellectuels et historiens ont avancé et inventé le concept
d'auto-génocide pour décrire et analyser ce qui s'est passé
au Kampuchéa démocratique.
Quelle ineptie ! Quelle absurdité ! Comme si les Cambodgiens
s'étaient eux-mêmes donné la mort, comme un désespéré mettrait
volontairement fin à ses jours ! Le génocide n'est pas le fruit d'un
suicide collectif, mais d'un parti politique, de ses dirigeants, qui
à travers leurs discours en ont exposé et encouragé sa mise en œuvre. Il faut lire les discours de Pol
Pot pour se rendre compte à quel
point la lutte révolutionnaire est hantée par l'idée
de pureté idéologique.
Il faut épurer le Parti, le pays, de ses ennemis. Les ennemis de
l'intérieur, les ennemis «cachés» et ceux qui sont à la
solde de la CIA, du KGB, ou du Vietnam. Ils
sont intrinsèquement impurs
et s'immiscent, tels des vers ou des microbes, dans le corps sain du
peuple révolutionnaire. Pour éviter l'infection et l'épidémie, un
seul remède, l'extermination.
À partir de 1977, les purges
s'intensifient, et plongent le pays dans une terreur
absolue. Pol Pot pousse
son délire paranoïaque dans une logique proprement kafkaïenne :
chacun est à même d'avoir enfoui, dans sa conscience et ses pensées,
des attitudes bourgeoises. Cadres khmers rouges et dirigeants
compris... L'ennemi, le traître, est partout. La boucle est
bouclée.
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Dans Enemies
of the People, le journaliste
cambodgien, Thet Sambath,
revient sur ce passé douloureux et essaye de comprendre pourquoi son
pays a basculé dans l'horreur et la terreur. Il entreprend de
vouloir approcher Nuon Chea,
figure emblématique et historique des Khmers
rouges, ex-numéro deux du régime,
chargé de la Propagande et de l'idéologie communiste. Jour après
jour, il va patiemment tisser avec cet octogénaire au visage
de marbre, une relation particulière,
afin de gagner sa confiance, et d'obtenir de lui, un début
d'explication.
Ce n'est qu'au bout de la troisième année
que Nuon Chea se
décide enfin à parler, et à révéler, pour la première fois,
devant la caméra, la responsabilité des dirigeants du Comité
Central du Parti dans l'élaboration des purges. À travers ses
confessions, on est frappé, encore aujourd'hui, par
l'obsession maladive et la psychose anti-vietnamienne, qui ont
nourri l'idéologie des Khmers
rouges. Parallèlement, Thet
Sambath interroge d'anciens
tortionnaires devenus de bons pères de famille, les questionne sur
les méthodes glaçantes d'exécution, et met au grand jour un passé
pas si lointain, que d'aucuns voudraient bien oublier...
Bonus
:
- Déniché dans Libération,
un portrait du journaliste Nate
Thayer :
http://www.liberation.fr/portrait/1997/08/07/nate-thayer-journaliste-americain-plutot-idealiste-a-eu-le-leader-khmer-rouge-qu-il-guettait-depuis-_213547- Le
Mystère Pol Pot (60mn - MKV) :
un portrait en forme de biographie du très mystérieux Pol
Pot, avec des extraits d'interviews de Nate Thayer.
-Pouvoir
et Terreur ( 64mn - MKV) :
truffé d'archives, cet excellent doc revient sur ces terribles
années qui ont marqué l'histoire du Cambodge.
- Laure Adler
reçoit François Bizot. (France Culture - 45 mn - Flac)
- Rithy
Panh et Jean Hatzfeld (France Inter - 55 mn Flac) : comment
peut-on écrire sur le génocide ?
- Comment filmer les bourreaux
? (France Inter 50 mn - Flac)
- Le procès des Khmers rouges
(France Culture - 29mn - Flac) avec Rithy
Panh.
- Un juge face aux Khmers
rouges (France Culture - 30mn - Flac) De la nécessité de
juger les dirigeants Khmers rouges 30 ans après les faits.
-
Extrait d'Apostrophe du
29/02/1980, consacré au fanatisme et aux fanatiques, avec le témoignage
de Pin Yathay qui
présente son livre l'Utopie
meurtrière.
- Jacques Chancel
reçoit le 18 décembre 1979 le Prince
Sihanouk qui fait part de son
désarroi sur l'état de son pays. On ne peut pas lui donner
tort...
- Jacques Chancel le 16 Juin 1977 s'entretient avec le
prêtre François Ponchaud
à propos de la sortie de son livre Cambodge
année zéro.
- Norin
Chai (France Inter - 54mn -
Flac)
- Sothik (France Culture - 33mn - Flac) Marie
Desplechin a publié Sothik,
récit écrit avec Sothik,
enfant victime des Khmers
rouges.- Extraits de Cambodge,
je me souviens, deux très beaux
poèmes écrits par Méas Pech
Métral.
- Projection
privée : Rithy Panh (France
Culture - 50 mn - Flac) : le cinéaste revient sur son film l'image
manquante.
Kermite.
Lien :
https://uptobox.com/gfennuqipkjp
https://1fichier.com/?iy4pfzykzl444mgw7eri
TVRip (720x576)
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