J’ai vu et revu ce film, je ne sais combien de
fois, et à chaque fois, je reste fasciné, ébahi, abasourdi par la
grâce et l’émotion qui animent ces bobines de pellicules
miraculeusement sauvées de l’oubli. Oui, ce film est un
authentique chef-d’œuvre et doit figurer au Panthéon des plus
belles réalisations du septième Art. Pourtant, le film,
partiellement reconstitué, a failli disparaître totalement. Une
copie 16 mm du film a été retrouvée in extremis. Malheureusement,
ne figure ni le début, ni la fin, de même que quelques autres
scènes qui ont été, semble-t-il, définitivement (?) perdues.
Résultat, sur les 84 minutes du film d’origine, il n’en subsiste
que 43… Et pourtant, ce film est sublime.
Le travail de reconstruction et de re-création, réalisé et dirigé
par Hervé Dumont, est absolument
magnifique. Il a fallu créer de nouveaux intertitres, trouver des
photos, en faire un montage, et combler ainsi les parties manquantes,
et ce qu’il y a d’incroyable, c’est que le film ainsi restauré, recréé, loin d’être dénaturé, gagne en densité.
Bien sûr, La Femme au corbeau est
une merveille d’érotisme. Certaines scènes sont d’une audace
inouïe pour l’époque. Je serai tenté de dire que Frank Borzage n’aura jamais été aussi explicite et aussi cru
dans l’expression du désir et des pulsions sexuelles. Par
ailleurs, du fait de son éminente charge érotique, le film fut très
mal reçu et accueilli, à sa sortie, dans très
puritaine Amérique des années 20. Alors qu’il a eu en France un succès
retentissant, dû, notamment, aux surréalistes qui le portèrent aux
nues. Bénéficiant d’énormes moyens financiers, le chef
décorateur, Harry Oliver, réussit de véritables prouesses
techniques en recréant, dans les studios de la Fox, tous les décors
du film. Barrage, pont, village, tout est admirablement reconstitué
et les décors paraissent plus vrais que nature… Quant à l’histoire
elle-même, elle est d’une simplicité lumineuse : un homme,
un peu gauche, encore puceau (Charles Farrell) et une femme,
déjà marquée par l’expérience des hommes (Mary Duncan,
éblouissante de sensualité) vont mutuellement chercher à se
séduire l’un l’autre...
Un dernier petit mot sur l’état
du film : autant dire que la pellicule a pas mal morflé… Abîmée,
griffée, entachée, il faudra malheureusement faire avec…
Bonus
:
- Murnau et Borzage à la Fox, l'héritage
expressionniste (36mn - Remux DVD - MKV) : analyse
des carrières de Friedrich Wilhelm Murnau et Frank
Borzage, qui ont tous les deux œuvré pour la Fox.
- Les
ailes du désir : une analyse sommaire, mais instructive de
l'univers Borzagien, par l'historien du cinéma
Michael Henry Wilson (15 mn - Remux Bluray - MKV)
- Frank
Borzage, 11 avril 1958 : entretien audio avec Frank Borzage
qui évoque ses débuts et la réalisation de ses premiers
films. (27mn Remux Bluray - MKV)
- Commentaire
audio d’Hervé Dumont qui décortique chaque
scène avec finesse.
- Déniché par bonheur sur la toile, un
très bel article critique du film, de Jacqueline
Nacache. (pdf)
- Quelques articles sur les enjeux de
la restauration des films (muets notamment) trouvés dans
la Cinémathèque Française et L’Obs.
(pdf)
Kermite.
Lien :
https://1fichier.com/?roiobnrgqy707h2eteht
Remux Blu-ray (1920x1080)
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