
La journée du 6 août 1945 restera pour les
habitants de Hiroshima la pire de toute leur
histoire. Ce jour-là, quelques Japonais avaient bien remarqué trois
avions dans le ciel, mais nul ne s'en était inquiété, les sirènes
n'avaient pas retenti. Trop peu d'avions pour annoncer un véritable
raid aérien.
À 8 h15, sous un soleil d'été, une bombe atomique
de 5 tonnes est lâchée d'un B-29 américain, à 10 km d'altitude, file droit sur la ville, puis explose, 43 secondes plus tard, à 500
mètres au-dessus de la ville, provoquant une déflagration comme on n'en avait encore jamais vu. L'équivalent de 17 000 tonnes de TNT qui
s'embrase dans une gigantesque boule de gaz incandescente, rasant
entièrement la ville sur un rayon de 5 km. Le souffle de l'explosion
plonge la ville dans une vision d'apocalypse, ne laissant qu'un
paysage de désolation. Près du point zéro, aucune trace de
cadavres, les corps se sont littéralement désintégrés, ne restait rien que des silhouettes en forme d'ombre. Michihiko
Hachiya, médecin japonais, lui-même blessé au cours de
l'explosion, raconte dans son Journal d’Hiroshima, les
corps carbonisés, les incendies, les brûlures. Les survivants se
déplacent, tels des pantins désarticulés, les bras ballants, pour
éviter que les lambeaux de chair fondue ne viennent se coller
contre leur corps. Et puis, il y a la soif, celle qui pousse des
milliers de Japonais à venir s'abreuver dans les rivières
contaminées, et à mourir instantanément. Les rivières charrient
des cadavres par milliers, des radeaux humains de cadavres...
Mais
quelle est donc cette bombe, s'interroge, hébété et
perplexe, Michihiko Hachiya, quelle est
donc cette bombe capable d'anéantir une ville entière ?
Cette
bombe a été conçue et fabriquée à Los Alamos,
dans le désert du Nouveau-Mexique,
aux États-Unis. C'est Albert
Einstein et Leo Szilard,
qui inquiets des avancées allemandes sur la fission nucléaire,
écrivent le 2 août 1939, une lettre au Président américain, F.D
Roosevelt, pour lui signifier la nécessité de développer
et d'orienter les recherches scientifiques en vue d'obtenir cette
fameuse bombe atomique. Convaincu, le Président américain donne son
feu vert. Ainsi naît le Projet Manhattan,
dans lequel militaires, industriels, politiques et scientifiques vont
collaborer étroitement dans le secret le plus absolu.
150 000
personnes travaillent, de près ou de loin, à l'élaboration de la
bombe. Deux milliards de dollars seront investis dans le programme. À ce niveau, on comprend aisément pourquoi les militaires
ont exigé d'utiliser la bombe sur le
théâtre des opérations. Afin de tester et
d'expérimenter concrètement cette
nouvelle arme de destruction massive, Hiroshima fut
justement choisi pour cible, parce qu'elle se trouvait être une des
rares grandes villes japonaises épargnée par les bombardements, et
que, de ce fait, on pouvait constater, de visu, plus facilement, les
effets dévastateurs de la bombe...
Le documentaire
cherche à démystifier une idée, une croyance manifestement
répandue dans l'opinion publique, et défendue par certains
historiens, selon laquelle, la décision du Japon d'accepter la
capitulation sans condition serait directement imputée aux effets
dévastateurs des deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. Ce qui revient à dire que,
devant la nouvelle et spectaculaire arme de destruction massive, le
Japon aurait fini par céder aux injonctions américaines. Mais
depuis la déclassification des archives japonaises, on a compris que la reddition japonaise a été la conséquence d'un élément clé longtemps sous-estimé : la déclaration de guerre faite par la Russie au Japon, le 8 août 1945. Ce qui explique pourquoi le Conseil suprême, réunissant les
membres importants du gouvernement japonais, s'est réuni le 9 août 1945 pour la première fois depuis le début de la
guerre.
Une déclaration de guerre qui sonne le glas des
derniers espoirs diplomatiques pour les Japonais. Car jusqu'à cette date, le Japon espérait
toujours négocier les conditions de la capitulation par
l'intermédiaire de Staline, pour pouvoir s'entrouvrir une
porte de sortie honorable. Il y avait encore de l'espoir pour trouver
une issue. Mais après la déclaration de guerre du 8 août, la donne
change radicalement. Désormais, il ne peut plus y avoir de solution
diplomatique. Ne reste que l'option militaire, et les dirigeants
japonais vont très vite comprendre que leur destin est scellé. Car
si le Japon peut, à la rigueur, opposer une
résistance acharnée face aux Américains, il ne peut en revanche
plus rien militairement, face aux deux géants réunis...
Le
9 août, à quatre heures du matin, les troupes soviétiques
envahissent la Mandchourie, et défont en peu de temps
une armée japonaise aux abois. Les soldats japonais surpris par
l'initiative soviétique et épuisés par des années de combats, se
livrent sans combattre. Le 11 août, c'est le sud de l’île
de Sakhaline qui est conquis. Les jours sont
désormais comptés avant que le Japon ne rende définitivement les
armes...
Reste l'épineux problème de l'empereur...
Commandant
suprême des Forces Alliées, Douglas Mac Arthur, qui
a eu la difficile tâche de gouverner dans le Japon
d'après-guerre pour y établir la démocratie, avait parfaitement
bien compris qu'il n'avait rien à gagner, à destituer et à condamner
l'empereur Hirohito. Figure divine et
sacrée, Hirohito était le garant de l'unité du
peuple japonais, le lien suprême et symbolique par lequel chaque Japonais avait le sentiment d'appartenir à une seule et même
famille. Mac Arthur, avait compris qu'envoyer l'empereur
à la potence, c'était prendre le risque de faire plonger
le Japon dans l'anarchie et le chaos, c'était surtout
l'assurance que des millions de Japonais se seraient insurgés contre
l'occupant américain. En sauvant l'institution impériale, Douglas
Mac Arthur, se sentant investi d'une mission pacificatrice,
réussit à mettre le Japon sur la voie de la
démocratie et à mener à bien les réformes politiques.
En 1946,
après d'âpres débats et moult négociations, le Japon se dote
d'une nouvelle Constitution et entre dans une nouvelle ère. Mais
c'est déjà une autre histoire...
Bonus :
-Moi,
Claude Eatherly, j'ai détruit Hiroshima : Avec la verve
qu'on lui connaît et son sens épique du récit, Alain
Decaux raconte Hiroshima..... (Vidéo INA - MP4
- 65mn)
- Le plus long jour du Japon :
Alain Decaux revient sur les derniers événements
qui ont amené à la capitulation du Japon. (Vidéo INA 1972 - MP4 -
51mn)
- Hiroshima, douze ans après. (Vidéo
INA - MP4 - 14mn)
- Hiroshima, 6 août 1945 :
date événementielle à partir de laquelle le Japon doit
faire face au difficile exercice de mémoire. Alors que la ville
de Hiroshima n'a plus d'autre histoire que
celle de son anéantissement, comment, dans ces conditions,
transmettre le souvenir ? La construction du Mémorial de la paix
apporte un début de réponse. Le musée collecte les rares objets
témoins du souffle de l'explosion, et l'on y vient non pour
comprendre, mais pour s'y recueillir. (HDTV - ts - 26mn)
- Hiroshima,
le souffle de l'explosion : Si certains Hibakusha se
terrent dans le silence depuis plus de 60 ans, d'autres, au
contraire, parlent pour mieux exorciser leur souffrance. Voici leur
témoignage. (France Culture - 201 Mo - 55 mn Flac)
- Michihiko
Hachiya : Journal d'Hiroshima.
(6 août -30 septembre 1945) (pdf)
- Harry
S. Truman : extrait de ses Mémoires, le chapitre V
du 1er Volume, consacré à la bombe atomique et à l'entrée en
guerre de la Russie. (pdf - 9p)
- Hiroshima, le
destin des survivants : extrait de la
revue Historia. (Pdf - 7p)
- Ce
n'est pas la bombe atomique qui a poussé le Japon à
capituler : article absolument édifiant de Ward
Hayes Wilson sur les
raisons qui ont amené la capitulation du Japon. (Pdf -11p)
- Il
y a 40 ans, Hiroshima. Fiction radiophonique relatant
la construction de la bombe atomique, et l'élaboration du Projet
Manhattan, suivi d'un court débat entre Alain
Decaux, André Castelot et Jean-François Chiappe.(Audio
INA - MP3 - 51 mn)
- La Une de France-soir du
09 août 1945.(jpg)
- Scannés par mes soins, des extraits de
la revue Paris Match consacrée à
l'empereur japonais : (Pdf 8 pages)
Sous sa plume très
inspirée, Jean Cau dresse un portrait
tout en finesse de L'empereur Hirohito.
Alors que de facture plus classique, le texte deJean
Larteguy, n'en demeure pas moins passionnant.

- J'ai lancé la bombe atomique sur Hiroshima par le Général Tibbets. Extrait du Paris-Match Historique, L'assaut final, Hiroshima (Pdf - 8p)
- L'Empereur nous réunit, c'est la capitulation écrit par le général Arisue. Extrait du Paris-Match Historique, L'assaut final, Hiroshima (Pdf - 8p)
Kermite.
Lien :
https://1fichier.com/?92c5ubhyri6hs4ghd3si
HDTV
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