vendredi 29 mai 2020

L'Étroit Mousquetaire - Max Linder 1922 (Muet - Cartons Anglais - St Français)












Le nom de Max Linder, première grande star du cinéma muet, évoque aujourd'hui peu de chose dans l'esprit du public. De la grande épopée du cinéma Burlesque, l'histoire retiendra surtout Charlie Chaplin, Buster Keaton, ou Harold Lloyd. Mais les films de Max Linder, qui les connaît vraiment ? Pas grand monde malheureusement. Je suis porté à croire que l'on se souvient moins de ses films que de la prestigieuse salle de cinéma qu'il a fait construire, et qui porte son nom...
La postérité ne lui a pas tressé les lauriers qu'il méritait tant. Comme si la comédie Burlesque avait seulement commencé avec Charlie Chaplin !

Pourtant, en leur temps, les films de Max Linder connurent auprès du public un engouement populaire spectaculaire, et par-delà les frontières, un succès phénoménal. Sa tournée européenne en 1914, dans laquelle il fut la victime d'une tentative d'enlèvement, prouve à quel point il suscitait l'enthousiasme des foules, et surfait naturellement sur la vague du star-system. N'oublions pas qu'en ce début de siècle, l'industrie du cinéma muet se forge sur l'aura d'une poignée d'acteurs fétiches, capables d'attirer vers eux un public toujours plus nombreux. Ce sont eux, qui font tourner la belle mécanique du cinéma et participent à son expansion. Ainsi, le succès de cette industrie naissante s'est-elle appuyée sur sa capacité à produire des stars capables de drainer un public toujours plus nombreux, faisant ainsi grimper les recettes des films. Max Linder fut la première grande vedette du cinéma muet.

Issu du théâtre, il a très vite compris vers quels nouveaux horizons le cinéma pouvait l'amener. Comme l’écrit justement Jean Mitry , il a été "non seulement le premier acteur comique digne de ce nom, mais le véritable créateur du comique de cinéma." (1)
Conscient de sa célébrité et du succès commercial de ses films, il n'hésite pas à négocier constamment ses cachets. Il réussit ainsi à dégoter chez Pathé, au plus fort de sa popularité, un contrat d'un million de francs par an ! C'est simple, il était le comédien le mieux payé au monde ! Plus tard, pendant ses deux séjours aux États-Unis, ses appointements avoisinent les 5 000 dollars par semaine... Une vraie fortune.

Il y aura toujours un mystère autour de la mort de Max Linder, mort si jeune au faîte de sa gloire, emportant avec lui sa jeune femme de 18 ans sa cadette, avec qui il s'était marié dans l'anonymat deux ans auparavant, le 23 août 1923, en l'église Saint-Honoré d'Eylau. Leur liaison avait défrayé la chronique et exhalé un parfum de scandale. À 40 ans, Max Linder avait trouvé le grand amour, à Chamonix, où il venait régulièrement se ressourcer. L'heureuse élue était une adolescente d'une exquise beauté. Elle s'appelait Ninette Peters, avait 16 ans, et leur relation s'annonçait, dès le départ, sous les feux de la passion amoureuse.
Ses frasques sentimentales  n'avaient pas manqué de faire les choux gras des journaux. D'autant plus qu'il avait demandé la main de la jeune fille à la mère, qui lui avait opposé un refus catégorique. Pour s'être follement entiché d'une mineure de 16 ans, Max Linder risquait tout de même la prison….
Dans l'espoir de la faire changer d'avis, il avait enlevé la jeune fille pour se réfugier à Monte Carlo. Une fuite romanesque sous forme de roman-feuilleton, assidûment suivie par les journaux de l'époque ! Le couple fugitif sera assez vite retrouvé, et cette rocambolesque histoire finira dans les effusions, les pleurs, et finalement….. par le mariage tant désiré !

Mais le bonheur est fugace. Max Linder est d'une jalousie effroyable, maladive, compulsive. Il se comporte comme un despote envers sa femme, n'hésitant pas à la priver de sa liberté en la cloîtrant, allant jusqu'à la menacer d'un revolver. La pauvre femme dut subir le caractère irascible et jaloux de son mari qui allait conduire à sa perte. Car le 31 octobre 1925, à l'Hôtel Baltimore où ils logeaient, on trouva Max Linder et sa femme, étendus sur leur lit, du sang plein les draps. Un rasoir et deux flacons de morphine posés sur la table de chevet. Les veines du poignet gauche sectionnées. Agonisants, ils furent transportés d'urgence dans une clinique avoisinante, mais n'ont pu être sauvés. Elle donna son dernier souffle à 17 heures, lui survécut encore quelques heures.
Mais la question qui taraude tous les esprits est la suivante : Max Linder a-t-il tué sa femme avant de se suicider ?
Ce que les journaux nomment pudiquement par "suicide par persuasion" cache-t-il en réalité un meurtre habillé en suicide ? Il est permis d'y croire, tellement les circonstances du drame sont floues et laissent entrevoir le pire. Personnellement, je serais plutôt enclin à penser que, pris dans le tourbillon de ses angoisses et dévoré par une jalousie destructrice, Max Linder a fini par assassiner sa femme. Qui avait tout de même pris ses dispositions testamentaires (à 19 ans !) quant à la garde de sa fille, au cas où son mari viendrait à la tuer...
Elle avait déjà manifesté le désir de divorcer de son mari, devenu invivable. Mais Max Linder avait fait des pieds et des mains pour qu'elle reste, au nom de leur enfant. Elle avait cédé. On connaît la suite.


Jean Mitry  donne à cette tragédie une explication que je trouve au fond très juste. (1) Il émet l'hypothèse que Max Linder est devenu au début des années 20, comme beaucoup après lui, une star déchue, éclipsée par l'éclosion de nouveaux talents. Autrement dit, vulgairement parlant, il aura fait son temps. Max Linder ne l'aurait, tout compte fait, ni accepté, ni supporté.
Confronté aux nouvelles étoiles montantes du cinéma muet, il n'a sans doute pas supporté de voir sa popularité décliner, s'effacer peu à peu, et n'a pas accepté que d'autres stars lui ravissent sa place de «Roi du rire». On peut imaginer que cette situation l'a intérieurement miné, et qu'il s'est morfondu dans une longue dépression, sournoise, insidieuse et finalement fatale. C'est ainsi que Jean Mitry s'explique le suicide de Max Linder, tant est qu'on puisse donner une explication rationnelle à un acte qui défie la raison.
À cela, je rajouterai une chose :  la peur, l'angoisse, tapie dans l'inconscient collectif des plus grands comiques de ce monde, la peur de ne plus pouvoir faire rire, face à laquelle le cinéaste semble avoir été désemparé.
En 1922, sous le soleil californien, Max Linder reçoit chez lui, Robert Florey, correspondant à la revue Cinémagazine. Le ton de l'interview m'a singulièrement frappé. Car, sous son air jovial, Max Linder laisse libre cours à une mélancolie et un désenchantement inhabituels. Derrière sa bonhomie naturelle, l'amorce d'un profond désarroi pointe le bout de son nez. Il semble même en proie à une véritable crise existentielle, et ne s'en cache pas. «Je sens que je ne suis plus comique.» lâche-t-il à Robert Florey, dans un aveu terrible. Voilà, peut-être, la pire des angoisses, dévastatrice pour un comique, celle que Charlie Chaplin avait mise en scène dans Les feux de la rampe, une angoisse que Max Linder n'aurait finalement peut-être pas réussi à exorciser.  


The Three Must-Get-Theres, sorti en 1922, est le dernier film réalisé par Max Linder pendant son ultime séjour aux États-Unis. Il a bien failli ne jamais voir le jour, puisque au début du tournage, Max Linder se brûla les yeux avec une lampe à arc et faillit y perdre la vue.
C'est en assistant à une projection privée du film de Fred Niblo, Les Trois Mousquetaires, qu'il lui vint l'idée de faire, moins une adaptation à proprement parler du roman d'Alexandre Dumas, qu'une caricature du film de Niblo et du personnage de d'Artagnan incarné par Douglas Fairbanks. Max Linder, et ce n'est pas là la moindre de ses qualités, est d'une imagination débordante, le scénario foutraque est truffé d'anachronismes. Les scènes de combat et de duels sont filmées comme des ballets. L'acteur brille par ses réelles et formidables qualités d'escrimeur, et nous offre des moments de haute voltige. Le tout porté par une superbe partition de Maud Nellissen.

S'il y a une chose qui détonne particulièrement dans ce film, c'est le rythme ! Dieux du ciel, quel rythme !
Si le rythme est une science, aucun doute, Max Linder en possède manifestement toutes les clefs. Le film est bâti sur un montage rapide, sans temps mort, et la dernière demi-heure file à une vitesse prodigieuse ! La copie, restaurée, est issue du Musée du Film Néerlandais, les intertitres ont été recréés dans le style de l'époque, avec de croustillants jeux de mots. Un art à part entière, subtil, qui renvoie aux premiers temps du film muet, où les rédacteurs d'intertitres, payés plus de deux dollars le mot, se creusaient la tête pour être drôle...C'est dire la valeur et le poids des mots. 


Étrange destin que celui de Maud Linder, orpheline à 16 mois, après le suicide de ses parents. Elle fut pendant une décennie l'objet d'une lutte acharnée pour l'obtention de sa garde, entre sa grand-mère maternelle, Mathilde Peters, et son oncle, Maurice Leuvielle, frère du cinéaste à qui Max Linder avait confié par lettre testamentaire la tutelle de sa fille.

Je me demande parfois quel mélange de sentiments contrastés a dû éprouver cette jeune fille après la tragédie. Elle avait toutes les raisons d'en vouloir à un père tenu responsable, et instigateur, du drame familial. Car le suicide de ses parents, la laissant incompréhensiblement orpheline à 16 mois, avait de quoi bouleverser, dérouter, une jeune fille en quête de son identité. Et chose peu banale, elle découvre que celle qu'elle prenait pour sa mère n'est, en fait, que sa grand-mère maternelle, et ne voit son père, pour la première fois à l'écran, qu'à l'âge de 20 ans. C'était à Versailles, dans un petit cinéma, le Trianon, qui jouait Sept ans de Malheur. Pour l'anecdote, Maud Linder raconte qu'à l'entrée du cinéma, elle s'est fait refouler parce que les entrées étaient uniquement réservées aux abonnés ! Mais quand elle s'est présentée comme étant la fille de Max Linder, on lui a déroulé le tapis rouge...


Bien sûr, elle a dû se reconstruire, et accepter cette autre vérité, tout aussi difficile à entendre : quoi qu'il ait fait, Max Linder était malgré tout son père. Ce père, elle ne l'a jamais jugé, et comme elle le dit elle-même, elle a fini par l'adopter.
Voilà qui explique pourquoi elle s'est toute sa vie employée à honorer sa mémoire, et ressusciter ses films, dont certains, à défaut être définitivement perdus, étaient néanmoins tombés dans l'oubli. Le suicide avait scellé leur sort. Même sa famille en fit peu de cas, puisqu'ils furent enterrés dans le jardin familial par un frère aigri et jaloux. C'est dire le peu d'estime fait à son immense patrimoine cinématographique. C'est Maud Linder qui les déterra bien des années plus tard. Malheureusement, il ne reste plus grand-chose à en tirer, les précieuses bobines se trouvant dans un état de décomposition avancée, car même pas rangées dans des boîtes !  Ce qui ne l'empêche pas de poursuivre son travail. Le travail de toute une vie. Elle s'est résolue à défendre et réhabiliter l'œuvre de son père, qui méritait bien mieux que l'oubli où il était tombé. Allant jusqu'à s'endetter pour récupérer un maximum de films auprès des collectionneurs du monde entier. Aujourd'hui, malgré les films perdus, il est heureusement possible de renouer avec ces glorieuses années du cinéma français et de (re)découvrir les charmes et l'élégance d'un comique qui savait faire rire sans être vulgaire.

(1) Anthologie du cinéma : Max Linder 1966.


Bonus :


J'ai parcouru les journaux d'époque, Le grand écho du Nord,  l'Excelsior, le Journal, Paris-MidiParis-SoirL'Intransigeant, et bien d'autres encore... Je n'ai eu aucune peine à récolter quelques articles de presse sur Max Linder, dont la personnalité et la célébrité revenaient souvent sur le devant de la scène. Des articles parfois truculents écrits dans un style si lyrique et emphatique !
Ma préférence va pour cet inénarrable article écrit par le journaliste Émile Massard  dans La Liberté  :  Max conduisant une auto pendant la Grande Guerre, sous le sifflement de la canonnade Teutonne ! Un épisode qui aurait mérité un film !





  
La Liberté du 07 Avril 1923
Un enlèvement qui se termine 
par un mariage....
                   
                                                                       









La Liberté du 30 Avril 1923
Tout est bien qui finit bien....





Max au volant sous le feu de l'artillerie Allemande...
La Liberté (7 avril 10923)











Comoedia, le 01.11.1925.
Les circonstances du drame.




  

Comoedia 01.11.1925
Le portrait d'une Légende
du cinéma.




 Quand Max Linder et Charlie Chaplin s'imitent
mutuellement, c'est inévitablement drôle...







Livres, revues  et Journaux :




Livres :



- Les Dieux du Cinéma MuetMax Linder par Maud Linder. (PDF - 81p)  Sorti en 1992, cet ouvrage magnifique, richement illustré, a été écrit par la fille du cinéaste. Le livre se feuillette comme un album de famille, et la vie de Max Linder défile aux rythmes des photos et du très beau texte écrit par Maud Linder. Vraiment un bel objet de collection.









Max Linder par Charles Ford.  (PDF - 31p) Récupérées sur la toile, les 30 premières pages de l'ouvrage.

- Extrait de La Parade est passée, de Kevin Brownlow, qui évoque ici comment les intertitres étaient créés aux débuts de l'ère du Muet.  (PDF - 5p)


Anthologie du cinéma : Max Linder par Jean Mitry. (PDF - 23p)
Écrite en 1966 par l'un des plus célèbres critiques et historiens du cinéma français, cette biographie restitue le parcours du cinéaste, sa vie, et nous présente la situation des comiques d'avant-guerre.  
C'est aussi l'occasion pour Jean Mitry de témoigner de sa rencontre avec Max Linder, en 1925, peu de temps avant sa mort. En fait, le cinéaste avait besoin de gagman pour son prochain film, Le Chevalier Barkas, et Jean Mitry, alors jeune étudiant, s'était empressé de le rencontrer pour lui soumettre quelques idées. L'occasion pour Jean Mitry d'être témoin, bien malgré lui, de la jalousie maladive de Max Linder envers sa femme.






Revues : 
Vie et mort de Max Linder. (L'Impossible, juin 2012 - PDF - 6p)


Max Linder à Varsovie par Irek Dembowski. ( PDF - 4p)
Comment, lors de sa tournée triomphale européenne en 1914, il fut victime d'une tentative d'enlèvement à Varsovie, où il devait faire escale pour présenter l'un de ses films. Un épisode  rocambolesque, digne d'un roman d'aventures !

Gabriel-Maximilien Leuvielle et Charles Petit-Demange. (1895, revue d'histoire du cinéma,n°1,1986)  La présentation de deux comiques de l'époque, Max Linder et Prince Rigadin, deux figures comiques qui, il faut bien l'avouer, n'ont pas connu les mêmes destins… (PDF - 4p)

Cinémagazine. 1922. N°673. (PDF - 2p) Présentation chaleureuse du film, l'Étroit Mousquetaire  par l'envoyé spécial du magazine, Robert Florey.



Cinémagazine. 1922. N°700. (PDF - 4p)  Victoire Guillaume-Danvers rapporte les débuts de Max Linder au Théâtre de l'Ambigu, alors qu'il n'avait que 17 ans….


Cinémagazine. 1922. N°10. (PDF - 3p)  En dîner en tête-à-tête avec Max LinderRobert Florey nous fait voir un Max Linder en proie aux doutes face aux exigences d'un public en quête de films toujours plus sophistiqués.


- Cinémagazine. 1921. N°641. (PDF - 4p)

Ciné pour tous.1919. N°16. (PDF - 3p)

Cinémonde.1947. N°694. (Jpg)




Journaux  :



Candide. 21.01.1935 (3jpg)

Cinéfrance. 29.10.1938 (jpg)

Comoedia.  01.11.1925 /02.11.1925 et  03/08/1923 (3jpg)

Excelsior.  01.11.1925 (jpg)

La Charente.01.10.1913 (jpg)

La Liberté. 07.04.1923/28.04.1923 et 30.04.1923 (4jpg)

La petite presse. 26.10.1913 (jpg)

- Le Grand Écho. 03.11.1925 (2jpg)

Le Journal. 27.04.1923 (jpg)

- Le Petit Journal. 23.11.1927 (2jpg)

L'Écho. 06.01.1935 et 26.11.1927 (3jpg)

L'Homme libre.  02.11.1925 (jpg)

Paris-Midi. 03.01.1935 (2jpg)

Paris-Soir. 27.08.1938 (jpg)

- Le Monde. 18.10.2012 (PDF-2p)

- L'Intransigeant 02.11.1925 (3jpg)

Courier Français 28.09.2007 (PDF -1p)




Vidéo :

L'homme au chapeau de soie, documentaire de Maud Linder réalisé en 1983. Une plongée dans la Belle Époque et  dans la vie de Max Linder grâce aux archives d'époque, photos et aux larges extraits de ses films. Un régal. (Remux Blu-ray - Audio : Français, Anglais, Italien - 1h38mn - MKV)


- Avec son bagout et sa verve habituelle, Maurice Chevalier nous présente Max Linder. (Video INA - 4 mn - MP4)

- Entretien avec Maud Linder pour l'émission Cinq colonnes à la une. (Remux Blu-ray - Audio : Français-  St : Anglais - MKV - 7mn) : 

- Qui fut Max Linder ? (Vidéo INA - MP4 - 4mn) Pour reprendre les mots de Marcel Achard : "Célèbre comique français qui a été non seulement le précurseur, mais l'inventeur du comique américain." C'est clair non ? 

Radio :

Le cinéma de Max Linder par Jean-Claude Carrière. (France Culture - Flac - 8mn)

- Autour de Max Linder. (France Inter - Flac - 27 mn) Avec Pierre Étaix et Stéphane Goudet.

Retour sur l'œuvre de Max Linder. (France Culture - Flac - 34 mn) Avec les participations de Serge Bromberg, Pierre Étaix et Stéphane Goudet.

- Présentation du coffret Blu-ray des films de Max Linder par Thierry Paul-Benizeau. (France Musique- Flac - 10 mn)


Sites Internet : 



https://www.lesoir.be/art/son-pere-etait-max-linder-maud-linder-fille-de-la-star-_t-19920610-Z05FG7.html

Portrait de L'artiste par sa fille. 






Pour les amoureux de Max Linder, je vous invite à consulter le blog de Christophe Pavillon, grand admirateur de Max Linder devant l' Éternel, et qui témoigne de sa rencontre avec Maud Linder
Pour le compte de Web TV Etoiles du Cœur, vous pourrez suivre un entretien avec Maud Linder qui, du haut de ses 91 printemps, et pendant près de trois heures, (!) nous parle de son père évidemment, qu'elle n'a pas connu, de spiritisme, de Dieu, de foi, de journalisme, de Chaplin, soit un large éventail de sujets, qui lèvent un peu le voile sur cette femme d'exception.

Entretien avec Maud Linder :  (18mn)


Kermite.


Liens :


Film :


https://1fichier.com/?amxne36t77owc18b6h0r
https://1fichier.com/?4dxkzf08mnws9hta7fpt
https://1fichier.com/?jb4lf6jqyb0amyk0bcrd
https://1fichier.com/?rvxp4woptnz1l9xi0ybf
https://1fichier.com/?7gqkwcqo0wn6r3rcam0m




Bonus :


https://1fichier.com/?v0kt1sckxphl86f6vknx
https://1fichier.com/?23634t7a3kitvxfyzp4y
https://1fichier.com/?kl7kcgzic9pcytplbqyp
https://1fichier.com/?9cr3qxyiecljql0s70q4
https://1fichier.com/?9lug4m0x76nhxkuqdn01
https://1fichier.com/?oy2eas21wo3zv3g8cs8e
https://1fichier.com/?7cezb46pzklue7heitpe
https://1fichier.com/?vywizizo1y03ur9hbibe
https://1fichier.com/?puzpmzs1ujbrz4attsq2
https://1fichier.com/?x24afe3lrf5dnk21ekcq







dimanche 3 mai 2020

PSG-Saint-Etienne - Finale de Coupe de France 15 Mai 1982





Après Michel Hidalgo, c'est au tour de Robert Herbin de nous quitter. Triste année 2020 qui semble vouloir se débarrasser de toutes ses anciennes étoiles du football. Une page de notre histoire se referme, mais les souvenirs restent heureusement. Ainsi, la fabuleuse épopée des Verts en Coupe d'Europe aura fait chavirer la France entière et suscité un incroyable engouement pour ces jeunes pousses vertes. 
Cette équipe-là, Robert Herbin l'a mise sur pied en privilégiant la formation des jeunes, et en appliquant rigoureusement sa philosophie de jeu, qui pouvait se résumer par cette maxime implacable : un match de football est un combat qu'il faut gagner !  Et pour mettre toutes les chances de réussite de son côté, Robbie va mettre ses joueurs dans les meilleures conditions possibles. Ainsi, c'est lui qui instaure les retours en avion à la fin de chaque match, évitant pour les joueurs, les longs retours en train du lendemain, fastidieux et éreintants. 
Mais là où son apport fut déterminant, c'est dans la vision résolument moderne qu'il réussit à imprimer dans le jeu lui-même, et valable encore aujourd'hui. Car Robbie a très vite compris qu'un combat ne se gagne pas sans un minimum de préparation physique. Il a donc développé des méthodes de travail visant à muscler la condition athlétique des joueurs, à développer leur potentiel par des entraînements physiques qui le faisaient passer pour un tortionnaire…. Ces séances d'entraînement sans ballon étaient en elles-mêmes une sacrée petite révolution  !   
Il est évident que toutes ces bases posées avaient pour seul objectif de proposer un football offensif, largement inspiré par le modèle du genre : l'Ajax Amsterdam de Johan Cruyff.  

Robert Herbin a redonné du peps à un football français qui en manquait singulièrement. Moribonde et sans inspiration au début des seventies, l'équipe de France traverse un désert dont elle ne voit pas le bout, et se complaît dans la lose. Nos clubs hexagonaux ne sont même pas fichus de passer le stade des 16e de finale dans les coupes européennes. La misère. 
Devenu entraîneur en 1973 de l'A.S Saint-Étienne après y avoir fait une admirable carrière en tant que joueur, (il finira deuxième meilleur buteur de D1 en 1966, avec 26 buts) Herbin va booster un football français défaitiste et sans saveur, le sortant de sa léthargie, pour le hisser à l'échelle internationale et lui faire apprécier le goût des victoires.       
Reste cette finale perdue à Glasgow qui restera pour Herbin, même 40 ans plus tard, une cruelle désillusion qu'il n'aura jamais réussi à digérer. C'est dire combien les finales perdues peuvent laisser des traces.  



                                                                         
Solitaire, secret, impassible, Robbie avait une personnalité qui tranchait singulièrement dans le monde du football. Il avait hérité de son père, musicien tromboniste à l'Opéra de Nice, un goût pour le classique et cultivait une passion pour Wagner et Mahler. Il restera dans nos cœurs comme cet architecte perfectionniste qui insuffla au football passion et rigueur. En somme, un chef d'orchestre légendaire d'une équipe qui ne l'était pas moins.


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Je me souviendrai toujours de ce quart de finale retour de la Coupe d'Europe des Clubs Champions contre le Dynamo de Kiev. Un match fou, épique, passionnel, qui est entré dans la légende. C’était le 17 mars 1976 à Geoffroy-Guichard, et pour moi, le premier match de foot que je voyais sur écran. Un événement. Les retransmissions TV ne courent pas les rues à l'époque…. 
Sur le petit poste de télé noir et blanc, j'assistais ce jour-là, à un match explosif, où les joueurs, portés par un public chauffé à blanc, ont éprouvé dans leur corps les limites extrêmes de leur résistance physique. Je me souviendrai toujours de cette action de jeu totalement folle à l'heure de jeu, où ce diable de Blokhine (Ballon d'Or 75 s'il vous plaît) sur une course fulgurante de 60 mètres, donne le tournis à toute la défense Stéphanoise, pour filer, seul, vers le but. C'était sûr, il allait marquer. Seul au point de pénalty, il pouvait tranquillement ajuster Curkovic... Et à 1-0 pour le Dynamo, adieu les rêves de finale... ! 
Mais incroyable, au lieu de tirer, Oleg Blokhine temporise par péché d'orgueil. À vouloir la jouer trop personnelle et briller par un ultime dribble, il se fait contrer in extremis par un Christian Lopez revenu à toutes berzingue ! In-sen-sé ! Ah.... les Russes devant leur poste de TV ont dû à cette même minute, s'arracher les cheveux de la tête !





Mais l'action continue, Lopez dégage en catastrophe, Oswaldo Piazza récupère le ballon au rond central, accélère dans l'axe, une-deux avec Patrick Revelli, et c'est son frangin Hervé qui reprend d'un tir foireux et marque ! Hallucinant ! En deux passes, les Stéphanois font basculer la rencontre...


Une minute de pure folie face à Kiev.






En commentant 40 ans plus tard le but, Christian Lopez pourra dire très justement : voilà, ce n'est pas compliqué le football.... !
Après le but, c'est du délire dans les tribunes ! Le stade en ébullition explose, les spectateurs exultent, quelle ambiance de folie ! Justement, les spectateurs, parlons-en, il y en avait partout ! Agglutinés jusque sur les poutres et le toit du stade ! Inouï !  Ce match-là marque le début de ma passion pour le football. Non, je n’oublierai jamais, j'avais huit ans, et je venais de vivre mes toutes premières grandes émotions.


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15 Mai 1982. Finale de Coupe de France. Match passionnant. Des buts et du suspense. Spectacle assuré. Je rappelle juste le contexte : en avril 82, l' affaire de la Caisse noire éclate au grand jour et plombe sérieusement l'ambiance chez les Verts. C'est la crise, et déjà se profile à grands pas la fin d'une époque. Platini joue son dernier match sous le maillot Stéphanois avant de filer vers la Juventus, rejoindre Dino Zoff et ses potes. Les nostalgiques auront un petit pincement au cœur en revoyant ces images. Mitterrand et Chirac, côte à côte. On a droit à la très révérencieuse interview du Président à la mi-temps. Michel Drucker et Didier Roustan aux commentaires. L'incontournable Mr Vautrot en arbitre du soir. On trouvera des ralentis interminables au millième de seconde (!) et cette scène un peu surréaliste, où le journaliste sportif Georges Dominique, en espion venu du froid, micro tendu, s'échine à arracher à la mi-temps de la prolongation, les ultimes conseils du Sphinx à ses joueurs ! 
Maintenant, place au jeu. À vous Cognacq-Jay !




Bonus:



 Coupe de France 1970. A.S Saint-Etienne-Nantes. Même le commentateur s'est laissé surprendre par le but de Robbie. Une somptueuse tête lobée !







 

Vidéo : 



- Saint-Etienne, l'épopée 1975-76 (HDTV -TS - 90mn)  : les plus belles heures de l'épopée Stéphanoise, revues par les acteurs de l'époque, quarante ans plus tard. Émotion assurée. 


Saint-Etienne, une équipe modèle. (Vidéo INA - 13m - MP4) Une visite guidée dans les coulisses du club en 1974. C'est toute la structure administrative et sportive qui est ici passée au crible, de son Président Roger Rocher à… la blanchisseuse ! Toute occupée à laver et repasser les maillots des joueurs ! Vraiment une autre époque...

1976. Sept questions posées à Robert Herbin, l'entraîneur des Verts. (Vidéo INA - 11 mn - MP4) Longtemps décrit comme un Sphinx délivrant ses conseils au compte-goutte, Robert Herbin montre ici qu'il pouvait avoir le verbe facile et la parole aisée. 

Robert Herbin et Jean-Michel Marqué sont interviewés à la veille de leur demi-finale contre le PSV Eindhoven, en 1976. (Vidéo INA - 4mn - MP4)
- Portrait d'Ivan Curkovic. (Vidéo INA - 5mn - MP4)
Un match au sommet : Saint-Etienne -Marseille.18 octobre 1970. Une affiche alléchante du championnat français oppose Saint-Etienne à Marseille. Résumé du match, avec à clef, un joli but de Robbie d'un tir en pleine lucarne. (Vidéo INA - 15mn - MP4)
- Résumé de la finale de Coupe de France Lens-Saint-Etienne 1975  (Vidéo INA - 4mn - MP4)


Revue de presse : Hommages à Robbie. Portraits et témoignages.

Le Monde du 29 avril 2020 (PDF-1p)
L'Équipe du 29 avril 2020 (PDF-6p)
Le Parisien 28 avril 2020 (PDF-1p)

et quelques articles d'époque :

Le progrès du 15 et 16 mai 1985 (Jpg) et la Une de l'Équipe du 15 mai 1982 (Jpg) 



Kermite.


Liens :   


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