dimanche 3 mai 2020

PSG-Saint-Etienne - Finale de Coupe de France 15 Mai 1982





Après Michel Hidalgo, c'est au tour de Robert Herbin de nous quitter. Triste année 2020 qui semble vouloir se débarrasser de toutes ses anciennes étoiles du football. Une page de notre histoire se referme, mais les souvenirs restent heureusement. Ainsi, la fabuleuse épopée des Verts en Coupe d'Europe aura fait chavirer la France entière et suscité un incroyable engouement pour ces jeunes pousses vertes. 
Cette équipe-là, Robert Herbin l'a mise sur pied en privilégiant la formation des jeunes, et en appliquant rigoureusement sa philosophie de jeu, qui pouvait se résumer par cette maxime implacable : un match de football est un combat qu'il faut gagner !  Et pour mettre toutes les chances de réussite de son côté, Robbie va mettre ses joueurs dans les meilleures conditions possibles. Ainsi, c'est lui qui instaure les retours en avion à la fin de chaque match, évitant pour les joueurs, les longs retours en train du lendemain, fastidieux et éreintants. 
Mais là où son apport fut déterminant, c'est dans la vision résolument moderne qu'il réussit à imprimer dans le jeu lui-même, et valable encore aujourd'hui. Car Robbie a très vite compris qu'un combat ne se gagne pas sans un minimum de préparation physique. Il a donc développé des méthodes de travail visant à muscler la condition athlétique des joueurs, à développer leur potentiel par des entraînements physiques qui le faisaient passer pour un tortionnaire…. Ces séances d'entraînement sans ballon étaient en elles-mêmes une sacrée petite révolution  !   
Il est évident que toutes ces bases posées avaient pour seul objectif de proposer un football offensif, largement inspiré par le modèle du genre : l'Ajax Amsterdam de Johan Cruyff.  

Robert Herbin a redonné du peps à un football français qui en manquait singulièrement. Moribonde et sans inspiration au début des seventies, l'équipe de France traverse un désert dont elle ne voit pas le bout, et se complaît dans la lose. Nos clubs hexagonaux ne sont même pas fichus de passer le stade des 16e de finale dans les coupes européennes. La misère. 
Devenu entraîneur en 1973 de l'A.S Saint-Étienne après y avoir fait une admirable carrière en tant que joueur, (il finira deuxième meilleur buteur de D1 en 1966, avec 26 buts) Herbin va booster un football français défaitiste et sans saveur, le sortant de sa léthargie, pour le hisser à l'échelle internationale et lui faire apprécier le goût des victoires.       
Reste cette finale perdue à Glasgow qui restera pour Herbin, même 40 ans plus tard, une cruelle désillusion qu'il n'aura jamais réussi à digérer. C'est dire combien les finales perdues peuvent laisser des traces.  



                                                                         
Solitaire, secret, impassible, Robbie avait une personnalité qui tranchait singulièrement dans le monde du football. Il avait hérité de son père, musicien tromboniste à l'Opéra de Nice, un goût pour le classique et cultivait une passion pour Wagner et Mahler. Il restera dans nos cœurs comme cet architecte perfectionniste qui insuffla au football passion et rigueur. En somme, un chef d'orchestre légendaire d'une équipe qui ne l'était pas moins.


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Je me souviendrai toujours de ce quart de finale retour de la Coupe d'Europe des Clubs Champions contre le Dynamo de Kiev. Un match fou, épique, passionnel, qui est entré dans la légende. C’était le 17 mars 1976 à Geoffroy-Guichard, et pour moi, le premier match de foot que je voyais sur écran. Un événement. Les retransmissions TV ne courent pas les rues à l'époque…. 
Sur le petit poste de télé noir et blanc, j'assistais ce jour-là, à un match explosif, où les joueurs, portés par un public chauffé à blanc, ont éprouvé dans leur corps les limites extrêmes de leur résistance physique. Je me souviendrai toujours de cette action de jeu totalement folle à l'heure de jeu, où ce diable de Blokhine (Ballon d'Or 75 s'il vous plaît) sur une course fulgurante de 60 mètres, donne le tournis à toute la défense Stéphanoise, pour filer, seul, vers le but. C'était sûr, il allait marquer. Seul au point de pénalty, il pouvait tranquillement ajuster Curkovic... Et à 1-0 pour le Dynamo, adieu les rêves de finale... ! 
Mais incroyable, au lieu de tirer, Oleg Blokhine temporise par péché d'orgueil. À vouloir la jouer trop personnelle et briller par un ultime dribble, il se fait contrer in extremis par un Christian Lopez revenu à toutes berzingue ! In-sen-sé ! Ah.... les Russes devant leur poste de TV ont dû à cette même minute, s'arracher les cheveux de la tête !





Mais l'action continue, Lopez dégage en catastrophe, Oswaldo Piazza récupère le ballon au rond central, accélère dans l'axe, une-deux avec Patrick Revelli, et c'est son frangin Hervé qui reprend d'un tir foireux et marque ! Hallucinant ! En deux passes, les Stéphanois font basculer la rencontre...


Une minute de pure folie face à Kiev.






En commentant 40 ans plus tard le but, Christian Lopez pourra dire très justement : voilà, ce n'est pas compliqué le football.... !
Après le but, c'est du délire dans les tribunes ! Le stade en ébullition explose, les spectateurs exultent, quelle ambiance de folie ! Justement, les spectateurs, parlons-en, il y en avait partout ! Agglutinés jusque sur les poutres et le toit du stade ! Inouï !  Ce match-là marque le début de ma passion pour le football. Non, je n’oublierai jamais, j'avais huit ans, et je venais de vivre mes toutes premières grandes émotions.


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15 Mai 1982. Finale de Coupe de France. Match passionnant. Des buts et du suspense. Spectacle assuré. Je rappelle juste le contexte : en avril 82, l' affaire de la Caisse noire éclate au grand jour et plombe sérieusement l'ambiance chez les Verts. C'est la crise, et déjà se profile à grands pas la fin d'une époque. Platini joue son dernier match sous le maillot Stéphanois avant de filer vers la Juventus, rejoindre Dino Zoff et ses potes. Les nostalgiques auront un petit pincement au cœur en revoyant ces images. Mitterrand et Chirac, côte à côte. On a droit à la très révérencieuse interview du Président à la mi-temps. Michel Drucker et Didier Roustan aux commentaires. L'incontournable Mr Vautrot en arbitre du soir. On trouvera des ralentis interminables au millième de seconde (!) et cette scène un peu surréaliste, où le journaliste sportif Georges Dominique, en espion venu du froid, micro tendu, s'échine à arracher à la mi-temps de la prolongation, les ultimes conseils du Sphinx à ses joueurs ! 
Maintenant, place au jeu. À vous Cognacq-Jay !




Bonus:



 Coupe de France 1970. A.S Saint-Etienne-Nantes. Même le commentateur s'est laissé surprendre par le but de Robbie. Une somptueuse tête lobée !







 

Vidéo : 



- Saint-Etienne, l'épopée 1975-76 (HDTV -TS - 90mn)  : les plus belles heures de l'épopée Stéphanoise, revues par les acteurs de l'époque, quarante ans plus tard. Émotion assurée. 


Saint-Etienne, une équipe modèle. (Vidéo INA - 13m - MP4) Une visite guidée dans les coulisses du club en 1974. C'est toute la structure administrative et sportive qui est ici passée au crible, de son Président Roger Rocher à… la blanchisseuse ! Toute occupée à laver et repasser les maillots des joueurs ! Vraiment une autre époque...

1976. Sept questions posées à Robert Herbin, l'entraîneur des Verts. (Vidéo INA - 11 mn - MP4) Longtemps décrit comme un Sphinx délivrant ses conseils au compte-goutte, Robert Herbin montre ici qu'il pouvait avoir le verbe facile et la parole aisée. 

Robert Herbin et Jean-Michel Marqué sont interviewés à la veille de leur demi-finale contre le PSV Eindhoven, en 1976. (Vidéo INA - 4mn - MP4)
- Portrait d'Ivan Curkovic. (Vidéo INA - 5mn - MP4)
Un match au sommet : Saint-Etienne -Marseille.18 octobre 1970. Une affiche alléchante du championnat français oppose Saint-Etienne à Marseille. Résumé du match, avec à clef, un joli but de Robbie d'un tir en pleine lucarne. (Vidéo INA - 15mn - MP4)
- Résumé de la finale de Coupe de France Lens-Saint-Etienne 1975  (Vidéo INA - 4mn - MP4)


Revue de presse : Hommages à Robbie. Portraits et témoignages.

Le Monde du 29 avril 2020 (PDF-1p)
L'Équipe du 29 avril 2020 (PDF-6p)
Le Parisien 28 avril 2020 (PDF-1p)

et quelques articles d'époque :

Le progrès du 15 et 16 mai 1985 (Jpg) et la Une de l'Équipe du 15 mai 1982 (Jpg) 



Kermite.


Liens :   


https://1fichier.com/?aiwvu8xct8ht7me6pob1
https://1fichier.com/?cc3t0mah7pw23qlyrva8
https://1fichier.com/?yzwkufie66jtkd9aq8q1
https://1fichier.com/?9uoqoanbzy1mw259ryss
https://1fichier.com/?3o67ynq85xtd8b5op3to





2 commentaires:

  1. je ne suis absolument pas un fan d'évènements sportifs, voire je me refuse à les regarder. Mais, je ne sais pourquoi, il y a une certaine émotion à lire ce post. Probablement grace à la qualité de votre texte mais aussi au charme de compétitions qui se terminaient le dimanche soir. Merci.

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    1. Moi non plus, je ne suis pas un adepte du tout sportif, mais le football a dans mon coeur une place de choix, non pas parce que c'est le sport le plus populaire et le plus adulé, mais simplement parce que j'ai caressé, dans ma jeunesse, le rêve d'être un jour footballeur professionnel. Je m'empresse d'ajouter que ce ne fut qu'un éphémère rêve d'adolescent qui s'est heurté à une réalité implacable, impitoyable, renvoyant mes espoirs de carrière aux calendes grecques, car je n'avais, hélas, ni l'agilité technique, ni les qualités physiques pour entrer en Sport-Études. Et a-t-on jamais vu un binoclard courir et fanfaronner sur un terrain de football ?? J'aurai tout au moins essayé !
      Bien sûr, ma passion pour le football ne s'est jamais tarie.
      Ce PSG-Saint-Etienne, que j'avais à l'époque vu, exhale comme un doux parfum de nostalgie, une réminiscence des premiers émois sportifs. Par un étrange sortilège, les effluves de cette lointaine histoire m'enivrent encore de ses charmes.
      Merci de prendre le temps de lire mes posts !

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