lundi 11 novembre 2019

Jazz at the Philharmonic,the beginning 1944





Si on m'avait dit qu'un jour, j'écouterais du jazz et que pire, je finirais par aimer cette musique, je l'aurais regardé de travers et répondu de mon air le plus snob : quoi, moi, écouter cette musique d'intello, ses solos interminables à vous ramollir le ciboulot ? Non merci, je passe mon tour.
C'était sans compter sans la persévérance d'un ami qui m' a pris au dépourvu et passé par surprise un drôle de disque sur sa platine. Un truc des années 30, avec trompettes et orchestre, mais pas le genre musette et plan-plan, c'était incroyablement rythmé, tonique, dansant, swinguant. J'écoutais ébahi, merde alors, c'était donc ça le jazz ? Le disque était l'œuvre d'un certain Duke Ellington. Voilà comment tous mes préjugés ont depuis ce jour-là volé en éclats. Je suis devenu un vrai mordu de swing, amoureux d'une époque follement insouciante, qui prenait plaisir à s'amuser. Pourtant, à y regarder de plus près, la réalité était loin d'être rose. La Grande Dépression étant passée par là, avait plongé l'Amérique dans une faillite économique et humanitaire vertigineuse. Les émeutes de San Francisco en 1934 nous rappelaient que les gens n'avaient plus rien à becqueter dans leur auge. Il suffit de voir certains clips musicaux réalisés au cours des années 30, c'est édifiant. La nourriture était obsessionnelle... Les gens crevaient la dalle et leur seule véritable obsession, c'était bouffer...

Et pourtant le swing brille par son optimisme à tous crins. Pour oublier toute cette misère, on s'éclate au rythme des Big Bands, dans les Dancings, où des battles de danse acrobatique s'improvisent dans une euphorie galvanisante. L'âge d'or du swing, c'est ce concert historique au Carnegie Hall en 1938, réunissant l'espace d'une soirée, et sous la coupole d'un Benny Goodman inspiré, la crème des musiciens de jazz: Count Basie, Lionel Hampton, Cootie Williams, Buck Clayton, Harry Carney .... Malheureusement, l'arrivée du Bebop  pendant la guerre met un terme à la folle épopée du swing. Clap de fin. Ainsi en va-t-il des courants musicaux, ils viennent comme ils disparaissent...







Une bande de jazzmen transforme le 2 juillet 44 la salle du Philharmonique de Los Angeles, réservée aux concerts classiques, en chaudron explosif !


Réalisé le 2 juillet 1944, Jazz at the Philharmonic est le premier concert d'une longue série, produit par Norman Granz, passionné de jazz, et doté d'un brillant sens des affaires. C'est une jam-session dans la grande tradition du jazz. Habituellement réservée au Philharmonique de Los Angeles, cette salle réunit pour l'occasion une sacrée palette de musiciens. Avec, au piano, le grand Nat King Cole, surtout connu pour sa voix de crooner qui fera sa célébrité dans les années 50. Il a été et restera, un fabuleux pianiste. Ses arabesques et son jeu cristallin me fascinent. Il a un don pour aller au plus simple, au plus concis. Dans Blues, ses envolées lyriques exhibent des moments d'une délicieuse espièglerie enfantine. Avec le guitariste Les Paul, il nous offre un duo mémorable, d'une fantaisie bondissante et pleine d'humour.
À la contrebasse, 
Red Callender et Johnny Miller tricotent leur gamme en se marrant comme des fous. Alors que Gene Krupa et Lee Young, frérot du grand Lester, sont aux baguettes. Celui qui met le feu à son saxo, c'est Illinois Jacquet. Profession pyromane. Un incendiaire d'une puissance explosive qui démarre au quart de tour !
Tout ce beau monde prend un pied immense à jouer, et déborde d'une énergie folle.
Le résultat : un feu d'artifice musical déployant un concert de notes en feu et livrant une musique en bâtons de dynamite.
Si avec tout ça, vous n'avez pas des fourmis dans les jambes, échangez d'urgence vos semelles de plomb contre une paire d'espadrilles.


Kermite. 





1 CD FLAC

Liens :  
https://1fichier.com/?d1bq1ebpd5n55jhaee9i












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