Si
on m'avait dit qu'un jour, j'écouterais du jazz et que pire, je
finirais par aimer cette
musique, je l'aurais regardé de travers et répondu de mon air le
plus snob : quoi, moi, écouter cette musique d'intello, ses solos
interminables à vous ramollir le ciboulot ? Non merci, je passe mon
tour.
C'était sans compter sans la persévérance d'un ami
qui m' a pris au dépourvu et passé par surprise un drôle de
disque sur sa platine. Un truc des années 30, avec trompettes
et orchestre, mais pas le genre musette et plan-plan, c'était
incroyablement rythmé, tonique, dansant, swinguant.
J'écoutais ébahi, merde alors, c'était donc ça le jazz ? Le
disque était l'œuvre d'un certain Duke
Ellington. Voilà
comment tous mes préjugés ont depuis
ce jour-là volé
en éclats. Je suis devenu un vrai mordu de swing,
amoureux d'une époque follement insouciante, qui prenait plaisir à
s'amuser. Pourtant, à y regarder de plus près, la réalité était
loin d'être rose. La Grande Dépression étant passée par là,
avait plongé l'Amérique dans une faillite économique et
humanitaire vertigineuse. Les émeutes de San
Francisco en 1934
nous rappelaient que les gens n'avaient plus rien à becqueter
dans leur auge. Il suffit de voir certains clips musicaux réalisés
au cours des années 30, c'est édifiant. La nourriture était
obsessionnelle... Les gens crevaient la dalle et leur seule
véritable obsession, c'était bouffer...
Et pourtant le swing brille
par son optimisme à tous crins. Pour oublier toute cette misère, on
s'éclate au rythme des Big
Bands, dans les Dancings,
où des battles de
danse acrobatique s'improvisent dans une euphorie galvanisante. L'âge
d'or du swing,
c'est ce concert historique au Carnegie
Hall en 1938,
réunissant l'espace d'une soirée, et sous la coupole d'un Benny
Goodman inspiré, la
crème des musiciens de jazz: Count
Basie, Lionel Hampton, Cootie Williams, Buck Clayton, Harry Carney
.... Malheureusement,
l'arrivée du Bebop
pendant la guerre met un terme à la folle épopée du swing.
Clap de fin. Ainsi en va-t-il des courants musicaux, ils viennent
comme ils disparaissent...
Une bande de jazzmen transforme le 2 juillet 44 la salle du Philharmonique de Los Angeles, réservée aux concerts classiques, en chaudron explosif !
Réalisé
le 2 juillet 1944, Jazz
at the Philharmonic est
le premier concert d'une longue série, produit par Norman
Granz,
passionné de jazz, et doté d'un brillant sens des affaires. C'est
une jam-session dans
la grande tradition du jazz. Habituellement réservée au Philharmonique
de Los Angeles, cette salle réunit pour l'occasion une sacrée palette de musiciens. Avec, au
piano, le grand Nat
King Cole,
surtout connu pour sa voix de crooner qui fera sa célébrité dans
les années 50. Il a été et restera, un fabuleux pianiste. Ses
arabesques et son jeu cristallin me fascinent. Il a un don pour aller
au plus simple, au plus concis. Dans Blues,
ses envolées lyriques exhibent des moments d'une délicieuse
espièglerie enfantine. Avec le guitariste Les
Paul,
il nous offre un duo mémorable, d'une fantaisie bondissante et
pleine d'humour.
À la contrebasse, Red
Callender et Johnny
Miller tricotent
leur gamme en se marrant comme des fous. Alors que Gene
Krupa et Lee
Young,
frérot du grand Lester,
sont aux baguettes. Celui qui met le feu à son saxo, c'est Illinois
Jacquet.
Profession pyromane. Un incendiaire d'une puissance explosive qui
démarre au quart de tour !
Tout ce beau monde prend un pied
immense à jouer, et déborde d'une énergie folle.
Le résultat :
un feu d'artifice musical déployant un concert de notes en feu et
livrant une musique en bâtons de dynamite.
Si avec tout ça, vous n'avez pas des fourmis dans les jambes, échangez d'urgence vos
semelles de plomb contre une paire d'espadrilles.
Kermite.
1 CD FLAC
Liens : https://1fichier.com/?d1bq1ebpd5n55jhaee9i


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