dimanche 25 juin 2023

Hommage à un ami - Jean-Marie Raigué

 

Colère.



    


Vivre libre ou mourir. 


 

Il s'appelait Jean-Marie Raigué. Il avait 41 ans quand il est mort en 2011. Je viens d'apprendre son décès. Cette nouvelle m'a dévasté, parce que je voulais justement renouer avec cet ami que j'avais perdu de vue depuis bien trop longtemps. Ma mémoire, défaillante, m'avait fait oublier son nom de famille. C'était trop bête. Et voilà que je tombe, par hasard, sur son nom, dans un vieil agenda retrouvé, où j'avais inscrit les numéros de téléphone des quelques amis que j'avais alors. Ma mémoire s'illumine soudain, comme si j'avais enfin mis la main sur un vieux secret longtemps enfoui. Je m'empresse de taper son nom sur Google, espérant y trouver le titre d'une pièce de théâtre à laquelle il avait participé, ou celui d’un film, mais c'est sa nécrologie qui s'affiche en première page et me tombe dessus comme un couperet. Le choc. J'ai failli m'évanouir. Et quelle tristesse. Je m'en veux, oui, je m'en veux tellement, de ne pas l'avoir contacté plus tôt, de ne pas avoir été fichu de prendre de ses nouvelles. Et d'avoir finalement négligé nos liens qui se sont distendus au fil du temps. Inutile de me chercher des excuses, je n'en ai pas. À quoi servent les amis, s'ils sont absents ?


Les circonstances de la vie ont fait que nos chemins se sont séparés au début des années 2000. Il avait quitté Strasbourg, où nous nous étions liés d'amitié, pour monter sur Paris suivre les cours Florent, en espérant devenir acteur. Moi-même, je suis parti la même année de Strasbourg, où j'errais comme une âme en peine depuis son départ. Plus rien ne me rattachait à cette ville, où je me sentais plus seul que jamais. Je retournais en Lorraine, ma Terre natale, tandis que Jean-Marie s'installait à Paris, se préparant à faire un immense et périlleux saut dans l'inconnu.

La suite, je ne la connais pas. Je peux seulement l'imaginer, en filigrane. Je crains qu'il ait subi des années de galère à se frayer un chemin dans ce panier de crabes, où évoluent les artistes en herbe, en mal de notoriété. Dans Colère de Jean-Pierre Mocky, il joue le rôle d'un ouvrier en bleu de travail, se plaignant de son salaire de misère. L'histoire de sa putain de vie. J'ai pu revoir son visage, entendre sa voix, comme s'il était toujours là, en chair et en os. J'ai pu le voir une dernière fois, alors qu'il n'est plus de ce monde. Des retrouvailles vraiment émouvantes.


Je veux maintenant savoir où il est inhumé. Dans quelle ville, dans quel cimetière il repose. La tâche est ardue. Tout ce que je sais, c'est qu'il est décédé à Strasbourg le 30 avril 2011. L’avis de décès n'indique rien d'autre. J'ai contacté la Mairie de Strasbourg, elle n'a aucune sépulture à ce nom. Je redoute qu'il soit enterré dans une fosse commune, et qu'il ait fini sa vie misérablement. Je chercherai le temps qu'il faut. Je veux savoir ce qui lui est arrivé, connaître les circonstances de sa mort.

Comment est-il mort ?? Cette question me lancine. À 41 ans, on ne meurt pas de sa belle mort. Le spectre du suicide me donne déjà des frissons. L'idée que je n'ai pas été présent pour l’aider à surmonter des moments difficiles, que nous connaissons tous un jour, me tourmente et me remue intérieurement. Le prix de l’amitié ne se mesure-t-il pas à travers les épreuves que la vie vous tend ? Voilà pourquoi la question de sa mort est si cruciale. Mais peut-être a-t-il été victime d’un accident, ou d’une maladie, je n'en sais rien.  


Je lance ici une bouteille à la mer, comme un appel désespéré, avec l'espoir que quelqu'un puisse m'aider, me renseigner, m'orienter vers une piste. Je pense notamment à sa famille et à ses dernières fréquentations, aux acteurs et actrices qui l'ont côtoyé pendant le tournage du téléfilm de Jean-Pierre Mocky. Si quelqu'un connaissait un tant soit peu Jean-Marie Raigué, qu'il me contacte absolument.

Je sais, 12 ans, c'est déjà loin. Une éternité. Les souvenirs s'estompent. Mais le moindre détail peut s'avérer capital, déterminant.

Je mettrai toute mon énergie et toute ma hargne pour retrouver la trace de cet ami disparu. Pour honorer sa mémoire. La mémoire de ceux qui nous sont chers. C'est une promesse que je me suis faite. Et que je lui fais.





Filmographie : 



- Colère. (2010- Téléfilm - JP Mocky)

Du Mocky pur jus. Magouilles et corruption accompagnent une galerie de personnages véreux, au caractère bien trempé. 

https://1fichier.com/?c0rbgoxc1ea81e0u7b3v

(MP4 - 2,36 Go)

- Vivre libre ou mourir. (2007 - Félix Olivier

Un documentaire-fiction retraçant l'histoire et l'évolution de la résistance en France, après la défaite de mai 1940. Jean-Marie y joue le rôle d'un soldat de l'armée française en déroute, prêt à franchir la ligne de démarcation pour rejoindre la résistance.

https://1fichier.com/?8jnjc35gs7gx6mf6zon8

(Remux - 3DVD - 15,57 Go)

- Les invincibles. (2010),  2eme épisode, où il fait une micro apparition d'à peine une seconde dans le rôle d'un infirmier. 



Kermite.





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire